Frances Ha

frances haC’est l’histoire d’une meuf qui comme d’habitude trimbale dans son portefeuille des places de ciné CE en voie de péremption. En plein mois d’août, c’est un peu ballot, d’autant que les places ne sont valables qu’aux Ambiances. Après avoir épluché la liste des films à l’affiche, elle se rabat sur le film pour lequel elle n’avait même pas eu un soupçon d’intérêt. Titre peu évocateur. Affiche bof. Ce sont les notes « presse » et « spectateurs » qui seront le déclencheur.

Frances est une jeune femme dynamique de 27 ans, danseuse dans une compagnie, qui garde ses chaussettes pour dormir. Elle vit à New-York en colocation avec sa meilleure amie Sophie. Leur relation est fusionnelle, « comme deux lesbiennes qui ne coucheraient plus ensemble ». Frances ne supporte pas le petit ami de Sophie, qui est un beauf bien loin des prétentions intellectuelles des deux jeunes femmes. Frances a elle aussi un boyfriend mais ce dernier la largue lorsqu’elle refuse sa proposition d’emménager avec lui. Sauf que Sophie va lui fausser compagnie pour prendre une colocation avec une autre amie, dans le quartier de ses rêves. A partir de là, Frances va devoir trouver un autre appartement et trouver un moyen de payer le loyer. Sa relation avec Sophie va connaître quelques nuages et sa capacité à se trouver un nouveau mec… n’en parlons pas. « Undatable » ne cessera de lui répéter un de ses deux nouveaux colocataires.

Inutile de vous raconter toute l’histoire, ce n’est pas tant le pitch que l’esprit de ce film qui m’a enchantée. J’ai trouvé beaucoup de similitudes avec la série Girls. D’ailleurs, quelle joie d’y retrouver Adam Driver, le petit ami de Hannah (Lena Dunham), dans un rôle assez similaire de dandy new-yorkais. Frances Ha, c’est l’histoire toute simple d’une jeune femme comme il en existe partout. Pas encore casée professionnellement et sentimentalement, émotionnellement plus proche de l’ado que de l’adulte, elle se cherche et assiste un peu abasourdie aux évolutions dans la vie de ses proches.

Filmée en noir et blanc par Noah Baumbach, cette chronique pourrait se dérouler dans les années 1960 (ambiance Nouvelle vague,frances ha 2 clairement assumée par certains choix musicaux et de décors), ou dans les années 1980 (ambiance Fame, un peu, ambiance Woody Allen, un peu, celui des débuts…), jusqu’à l’apparition des Mac et iPhone à l’écran. Ces jeunes-là sont d’aujourd’hui, discutent avec leurs amis tout en gardant les yeux rivés sur leur écran, négocient de répondre à un appel alors qu’ils sont en pleine discussion sérieuse. Ce sont les seuls éléments qui distinguent les personnages de leurs équivalents toutes générations confondues. Frances se cherche, elle cherche du boulot, elle cherche un mec, elle cherche à garder sa relation avec Sophie intacte. Empêtrée dans des émotions quasi-infantiles, elle doit malgré tout tenter de devenir une adulte responsable. Ce qui, entre nous soit dit, signifie avoir un boulot et un appart. Triste à mourir. En s’agrippant à sa passion, contre vents et marées, elle finira par trouver un équilibre sans renier sa pétillante personnalité.

Magnifique surprise que ce petit film américain, tellement loin des grosses productions aux scénarios cousus de fil blanc et de fils d’or. C’est frais, drôle, incisif, extraordinairement bien joué par de jeunes comédiens au naturel confondant. Greta Gerwig, son physique de femme fatale et ses tirades d’ado moitié bourrée, illumine l’écran malgré le noir et blanc.

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