Le chêne

Ce film n’est pas à proprement parler un documentaire. Et autant le dire tout de suite, aucune parole n’est prononcée, pas de voix off pour raconter ce qu’il se passe à l’écran. De la musique, très belle et très appropriée, se charge d’accompagner les images. 

Le chêne, film de Michel Seydoux et Laurent Charbonnier, nous conte les quatre (magnifiques) saisons autour d’un chêne pédonculé installé près d’un étang depuis 1810. Ce chêne est une résidence d’habitation collective où les locataires des différents étages cohabitent, se chamaillent et parfois se serrent les coudes : écureuil, geais, mulots, balanins… euh balanins ? J’ai découvert le nom de ce personnage au générique, et j’ai même découvert sa tête pour la première fois dans ce film. On le voit beaucoup, il est étrange, un peu repoussant (surtout à l’état de larve) et l’image macro nous fait craindre une énorme bestiole alors qu’en vrai c’est tout petit. De l’été au printemps, nous suivons les aventures de tous ces animaux, rejoints régulièrement par des sangliers, chevreuils, canards, chouettes…tous dépendants, en quelque sorte, de ce chêne solide qui avec ses glands procure nourriture ou cocon. Car la vie d’un gland est pleine d’incertitudes ! (dans tous les sens du terme hihi). Avant qu’un gland puisse s’enraciner et devenir un petit chêne, il lui faudra esquiver l’écureuil, le mulot, le geai, éviter de se faire pondre dedans par le balanin, éviter de se faire croquer par le sanglier ou le chevreuil… Bref il faudra l’intervention d’un écureuil étourdi (ou d’un geai) pour qu’un gland planqué pour un futur festin se fasse oublier et plonge ses racines dans l’humus. 

Les images sont magnifiques, surtout sur grand écran, au plus près des animaux et des insectes, avec des prises de vue macro de toute beauté. Alors bien sûr tout est scénarisé à l’extrême et soigneusement monté mais c’est passionnant malgré l’absence de commentaire. On devine la lutte quotidienne de chaque espèce pour sa survie, que ce soit pour trouver de la nourriture, se protéger des intempéries ou échapper aux prédateurs omniprésents. Le film nous épargne cependant les inévitables carnages car il faut bien que tout le monde mange, les renards, les chouettes et les serpents, mais on sait que ce sera le destin de beaucoup de ces petits animaux.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce film mais il faut dire que je suis très cliente du documentaire animalier immersif. J’ai aussi beaucoup apprécié l’absence de voix off parce qu’ici le propos n’est pas pédagogique (et pourtant il l’est, grandement, à sa manière, grâce à une scénarisation au cordeau) mais plutôt poétique. Cette galerie de portraits étonnants et attachants nous rappelle que nous pouvons croiser, souvent sans les voir ni les entendre (sauf le geai, ce braillard), ces animaux en nous baladant dans la forêt. Ils sont là, ils vivent en communauté, ils n’ont pas besoin de nous et nous on les emmerde alors qu’ils ont déjà fort à faire. Ça rend humble et admiratif et on a envie d’aller rendre visite à cet arbre pour l’enlacer, le remercier et le féliciter. Et lui souhaiter bonne chance aussi car il nous survivra, mais dans quelles conditions ?

En savoir + sur Le balanin des chênes

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