Le 12 mai 2011, je suis allée voir Moriarty à la Coopérative de Mai. L’ancien blog étant enterré, je n’ai jamais publié cette note. Je la ressort donc.
Doté d’une première partie surprenante, ce concert fut mémorable. Christine Salem avait déjà commencé son set lorsque je suis arrivée. Percussions entêtantes, voix profonde et chaude comme le soleil des Comores…la mise en bouche était relevée mais vivifiante.
Après un entre-deux sets un peu longuet, sont arrivés les membres du groupe Moriarty. La scène avait volontairement été réduite par un jeu de rideau, et ils étaient six à évoluer dans cet espace étroit mais cosy, décoré de vieilles malles de voyage. Rosemary semblait débarquer d’une machine à remonter le temps. Des allures de femme fatale, de pin-up ténébreuse, le regard noir, une première tenue plutôt sage, puis la chrysalide s’est ouverte et à libéré une vamp toute en féminité ceinte dans une robe d’un rouge flamboyant.
La voix de Rosemary ne craint ni la chaleur des graves, ni la fragilité des aigus. J’ai rarement entendu une voix aussi claire, juste, soutenue par une diction impeccable. Les musiciens étaient évidemment à l’unisson. Harmonica, guitare acoustique, contrebasse…on a voyagé loin. L’inénarrable « Jimmy » s’est joué autour d’un seul micro, soutenu par les « buffalos » murmurés par le public. À l’issu d’un set équilibré reprenant des titres du premier et du deuxième album, le deuxième rappel a été, sous l’insistance du public, improvisé. Moriarty a convié Christine Salem et ses musiciens à les accompagner sur « White man’s ballad ». Les six de Moriarty plus les quatre de Christine Salem…ça faisait du monde et un joyeux bordel. Mélange des genres, percussions africaines et contrebasse…je ne sais pas si c’était vraiment la première fois qu’ils se lançaient dans le morceau ensemble mais en tout cas, ce fut maîtrisé et un formidable exutoire à la fois pour les artistes et pour le public.
Il y avait qui ? De tout. Des jeunes, des vieux…musique intemporelle qui transporte loin.
Tiens ça m’a donné envie de lire Kerouac.