L’opéra-théâtre de Clermont-Ferrand n’en finit pas de s’inaugurer. Après les visites organisées pour les Journées européennes du patrimoine (visites guidées et visites théâtralisées), c’est à un grand rassemblement populaire place de Jaude que les Clermontois étaient conviés le vendredi 20 septembre. L’inauguration officielle a eu lieu à l’intérieur, devant un public que l’on devine trié sur le volet. À l’extérieur, pendant ce temps, de mystérieux éléments de décor prenaient place. Des murs de lampions, d’étranges structures de planches, de longs euh… trucs qui pendouillaient. Quelques minutes avant 21h, ce sont d’étranges personnages qui sont venus avec leur bec de gaz mettre le feu à ces braseros. Un feu d’enfer. Ça crépitait de partout. La chaleur montait, montait… Jusqu’à ce qu’une voix invite le public dispersé à rejoindre l’opéra, côté façade place de Jaude. Trois comédiens, dont les voix n’étaient clairement audibles qu’à condition d’être pile en face, pas trop loin, et à distance de groupes de djeun’s ou de marmots excédés, ont déclamé quelques tirades auxquelles, je l’avoue, je n’ai pas compris grand-chose car je n’ai pas été très attentive (surtout que j’ai raté le début).
Ensuite, place aux images. Projeté sur la façade, un film réalisé par Justine Emard est revenu sur des années de théâtre grâce à des images d’archives.
Puis, sans transition, une fenêtre s’est ouverte au dernier étage et un être tout de blanc vêtu a fait son apparition, descendant le long d’un filin jusqu’au centre de la place de Jaude. Le funambule a traversé celle-ci au son de musiques enlevées, en jouant avec les nerfs des spectateurs, jusqu’au bon vieux général Desaix, imperturbable.
C’est alors que la compagnie La Machine a tout fait péter. Au sens propre comme au figuré. Rythmes énergiques, musique survoltée, feux crépitants, et fusées propulsées de partout. J’étais pile au milieu et j’étais cernée par les fameuses structures de planches que je pensais être de simples éléments de décoration. Que nenni, elles étaient piégées, truffées de feux d’artifice tirés juste sous notre nez. Paf ! À peine le temps de se retourner, il en partait de Vercingétorix. Pif ! Du général Desaix ! Pif paf à gauche ! À droite ! Le public ne savait plus où donner de la tête, terrorisé autant qu’émerveillé par ce déluge de lumière. Après un final époustouflant, la compagnie a traversé la place sous les vivats de la foule. Une structure de cubes en bois a été mise à feu devant l’opéra tandis que le film reprenait sur la façade. Fin du programme de la soirée et pourtant, nombreux étaient ceux qui s’attardaient autour des braseros encore incandescents. Comme quoi, il en faut peut pour réchauffer l’ambiance d’une ville toute entière.
Les pisse-vinaigre en campagne électorale n’ont pas manqué de souligner le coût de ces festivités. Ce n’est pas parce que c’est la crise qu’on doit faire la gueule. Les « ooh » et les « aah » des gens autour de moi, les paroles et sourires échangés avec des inconnus à l’occasion de cette fête suffisent à eux-seuls à justifier la dépense. L’opéra-théâtre, nombreux sont ceux présents hier qui n’y mettront jamais les pieds. Certains par manque d’argent, mais la plupart par désintérêt pour la programmation. Alors ce spectacle populaire et festif était idéal pour rassembler tout le monde autour de la réouverture d’un bâtiment faisant partie du paysage quotidien des Clermontois. C’était beau et chaleureux.