Pour se vider la tête le premier jour des vacances de Noël, pour oublier les soucis du boulot, des bouchons, du shopping de Noël et pour reprendre des forces avant le marathon des repas familiaux, quoi de plus sain que d’aller gober une grande goulée d’air frais, au soleil, dans le Sancy ? Ben rien. Alors direction le lac Pavin (clique pour les détails chez L’Eauvergnat)!

Avertissement : cette randonnée était superbe. Cependant, je vous la déconseille formellement. Enfin pour l’instant. Vous pourrez y aller en mars avril mai juin juillet bref, au dégel. Je vous dirai pourquoi plus bas…
A 10h un samedi matin de décembre, il n’y a pas foule au parking du Pavin. Il n’y a même personne. JD (encore lui) et moi sommes les premiers à grimper la côte encore enneigée pour rejoindre, sous un soleil radieux, le « point sublime » que rebaptiserais volontiers le « point sapins ». On aperçoit en effet le lac en contrebas, et au-dessus, le massif du Sancy, le tout dans une petite fenêtre de sapins. Un peu frustrant quand, comme moi, on a vu la rondeur parfaite de ce lac depuis un hélicoptère (ça va oh, je peux m’en vanter vu que ça ne m’est arrivé qu’une fois dans ma vie).

Au moment d’attaquer le tour du lac, un choix stratégique s’offre à nous. Faire le tour du lac directement, comme prévu, ou tenter l’ascension du puy de Montchal pour le second « point sublime » au sommet. Nous n’avons pas de raquettes. Bon. On s’en fout on y va quand même.
Heureusement que des traces de pas dans la neige indiquent le chemin car pour ma part, j’ai vraiment du mal à voir où se situe le sentier. Au loin, mais pas très loin, des aboiements stridents de chiens se font entendre. Nous les entendrons plusieurs fois sans jamais apercevoir l’ombre d’une truffe humide. Notre imagination a déduit qu’il s’agissait d’un attelage de huskies mais… va savoir…
L’ascension se fait de plus en plus raide. La couche de neige est par endroits très épaisse. Je plante mes bottes dans les traces déjà faites mais parfois, au détour d’une photo, je m’enfonce jusqu’au genou ou presque. Il fait chaud, le dernier tiers du sentier est particulièrement raide et glissant mais finalement, nous arrivons au sommet. Et quelle récompense ! Face à nous, le Sancy et la station de Super-Besse. Une vue à 180° sur le massif enneigé (mais pas assez à mon goût). Malheureusement la végétation nous empêche de voir la vue de l’autre côté. Foutus sapins ! (je rigole hein !). Nous profitons de cette pause bien méritée pour inonder les réseaux sociaux des photos de nos exploits, et pour boire un peu de thé que je trimballe dans mon sac.



Nous redescendons de l’autre côté du puy, côté cratère, moins abrupte que la montée précédente. Et nous atterrissons à notre point de départ après quelques minutes de marche sur une neige damée bien propre et sous le soleil.

Le sentier du lac est plus ou moins protégé par les arbres, il y a peu de neige mais il faut faire attention, elle a gelé. Je lance une boutade : « on se croirait dans un Tim Burton ! J’ai l’impression que le cavalier sans tête va débouler ! ». Nous descendons, descendons, le lac, loin en contrebas, est masqué par de grands arbres. On dirait que le soleil est parti. Plus nous avançons, plus le sentier devient étroit. La pente à notre droite est vertigineuse, mieux vaut ne pas regarder du côté du lac. De toute façon, mieux vaut regarder où on met ses pieds. Des bruits étranges crèvent le silence de cathédrale et nous inquiètent soudain. Des animaux ? Des oiseaux ? Des pistolets laser ? C’est fascinant. Ça résonne dans tout le cratère. Nous nous arrêtons pour tenter d’enregistrer ce son mystérieux, à la fois mélodieux et angoissant. Je commence à glisser sur les plaques gelées et l’étroitesse du chemin me stresse. Les bruits étranges n’arrangent rien. Le soleil a par ailleurs totalement disparu. Je m’imagine dérapant et dévalant en roulé-boulé les dizaines de mètres du flanc du cratère, puis plongeant tête la première (et sur la glace) dans le lac sombre et froid. JD me rassure en me disant que de toute façon, si je tombe, je heurterai d’abord quelques arbres et j’atterrirai dans le lac avec une fracture du crâne, inconsciente. Great ! Mais là, fini de rigoler, une portion du chemin m’empêche de progresser plus loin. Un mètre cinquante de long, trente centimètres de large, en pente et gelés. Je glisse dès que je pose le pied. Je commence à vraiment angoisser. Passer ou faire demi-tour. JD s’aventure à croupetons et de biais sur le chemin. Je m’imagine déjà composer, dix secondes plus tard, le 112 afin de demander l’intervention du GRIMP, la main en visière pour tenter d’apercevoir le corps de JD dérivant avec grâce sur la glace (ou dessous). Je vois déjà les gros titres de la PQR locale : « Il instagramme sa chute et réalise un selfie avec l’équipe de secours ». Je vois… je ne vois plus rien, JD est passé, il me tend la main. Je m’aventure à mon tour, je tente de creuser la glace avec le bout de mes bottes pour caler mes pieds. Ce faisant, j’expédie avec entrain de gros glaçons dans la tronche de JD qui ne moufte pas. Je me cramponne à la neige (!) avec ma main gauche, j’attrape la main de JD, je suis sauvée. Le chant des sirènes mystérieuses continue sa sérénade, avec une pointe de déception. Il fait sombre. Le lac Pavin n’a donc pas usurpé sa noire réputation. Il a tenté de nous attirer dans ses eaux tourmentées, c’est évident.

Putain j’ai eu peur. Pour de vrai. Raison de mon avertissement en début de billet. Ce sentier est, même sans neige, très dangereux en cas de chute. Mais là, gelé… je ne le conseille à personne. Raquettes ou pas d’ailleurs, elles n’auraient rien changé au problème.
La suite du chemin est moins périlleuse. Je respire mieux. Nous nous rapprochons des rives du lac. Si on tombe on tombera de moins haut. Les bruits mystérieux se font plus lointains, moins menaçants. C’est à croire que nous avons franchi une sorte de porte de l’Enfer, là-haut. Plus nous descendons vers le lac, plus le ciel est sombre. Mes photos semblent être en noir et blanc. La glace recouvre la moitié du lac. Les arbres secs et décharnés ont des allures fantomatiques. Nous voilà enfin près du chalet, fermé et quelque peu délabré. Nous croisons quelques promeneurs. La vie reprend. Le paysage est toujours aussi sombre. Seule une barque orange vif égaye un peu ce lac volcanique aux mille légendes.




Là-bas, plus loin, le ciel bleu et le soleil semblent n’avoir jamais quitté les lieux. Le lac Pavin, objet de tous les fantasmes. Coïncidence étrange, nous en entendrons parler le soir-même… (teasing pour un prochain billet ^^)
Une petite vidéo dans laquelle on entend parfois les fameuses sirènes. A priori il s’agit de la glace mais… comme pour les chiens entendus au début de la balade… rien n’est moins sûr…
Après toutes ces émotions, direction Besse-et-Saint-Anastaise pour remplir nos estomacs éprouvés. Nous débarquons assez tard à L’Oustaou. Peu de clients, j’ai peur qu’on nous refoule vu l’heure mais pas du tout, accueil souriant. La cheminée crépite avec bonheur. Je commande une fondue de saint-nectaire. C’est un demi saint-nectaire (un petit, pas la même taille que celui qu’on trouve en magasin) fondu, servi avec des pommes de terre et de la charcuterie. Réconfortant au possible. Adresse à retenir, L’Oustaou à Besse. Accueil très sympa, déco jolie et chaleureuse et belles assiettes généreuses. Goûté la truffade, elle y est bonne.
Histoire de digérer, nous faisons un petit tour du village, dont j’aime les vieux bâtiments et les curiosités locales, comme le musée du ski et son exposition insolite. Je ne l’ai pas visité mais les « engins » exposés dehors font rêver !


So Magic Orange Plastic Boat… hummmm… ;-)
@sdf de luxe : il aurait fallu me payer cher pour me faire monter dedans ! Ce lac est maudit !
belle rando, et très belles photos, plein de souvenirs ici (4 saisons) , vraiment peu de neige, dommage c’est encore plus beau, j’espère que la Sancy Blanche aura lieu fin janvier.
@KIKI-129 : merci ! On a souvent de grosses chutes de neige fin novembre/début décembre et après plus rien… Dommage en effet ! Les températures sont (ou étaient) inversées ! Froid à Clermont et positif sur le Sancy…
Ah oui, ce lac morbide, c’est beau et angoissant, un peu glauque. De mémoire, 90 m de profondeur, de l’eau sur les 30 1ers mètres, du gaz ensuite. Chouette balade tout de même.
@Maazz : ravie de voir que tes souvenirs auvergnats sont encore vivaces !
Joyeux Noël, bises
@Maazz : merci, bonnes fêtes à vous aussi, bisous :)
C’est marrant, j’y suis allée y’a 2 semaines, et il y avait tellement de neige qu’on a carrément loupé le sentier pour prendre de la hauteur. Tant pis, j’y retournerais bientôt pour découvrir les belles couleurs :)
@Julie : bonjour et bienvenue chez moi ! Oui ben vu la largeur du sentier ça ne m’étonne pas trop ! ;) Mieux vaut y aller l’été…