J’ai depuis longtemps installé AdBlock sur mon ordinateur personnel ainsi que sur celui du bureau. Je profite des coupures pub pendant les émissions ou les films pour checker mes time lines sur mon smartphone, aller faire pipi ou me préparer une tisane et voilà que MOI, j’ai payé 20€ pour m’asseoir dans un fauteuil de Polydome afin de visionner… 500 publicités du monde entier, de 20h à 3h du matin. Une version consumériste d’Orange Mécanique, sauf que j’ai gardé les paupières ouvertes volontairement. Quelle mouche m’a donc piquée ? La Nuit des publivores est une institution depuis 1981, créée par Jean-Marie Boursicot qui a un jour décidé d’archiver ces films publicitaires particulièrement créatifs, drôles ou émouvants, diffusés, restés dans les cartons ou refusés par les marques, et de nous en faire profiter.
Mais avant, j’ai fait un petit détour par l’Entre-deux-villes, espace de réception situé entre Polydome et la Coopérative de Mai. Coup de bol, une collègue m’a fait profiter de son invitation afin de participer à une petite soirée d’Auvergne Events (gestionnaire de la Grande Halle d’Auvergne, du Zénith et de Polydome) et de taper dans le buffet concocté par Frédéric Coursol, ex chef étoilé de l’Hôtel Radio de Chamalières. Sucettes feuilletée de cantal, mini-burgers, pâté de pommes de terre, saumon gravlax… tout était absolument divin mais malheureusement, j’ai dû abandonner le buffet avant le dessert afin d’être à l’heure pour la Nuit des publivores juste à côté. Raison recevable pour aller me gaver de P’tits choux dans la boutique du passage Blatin tenue par le chef… mais ce sera pour une prochaine fois !

Je comptais d’ailleurs trouver à Polydome une consolation alimentaire à base de confiseries mais que nenni ! Les « cadeaux » vantés dans les supports de com (« 3 entractes sont autant d’occasions de proposer à notre public enthousiaste des animations, des jeux, mais également des boissons, friandises et cadeaux offerts par nos partenaires. ») se sont limités à un (affreux) porte-clés lumineux et deux ballons de baudruche. J’imaginais que pour une soirée entièrement dévouée à la publicité, les marques se seraient battues pour imposer leurs échantillons mais il faut croire que c’est la crise chez tout le monde. On m’a juste proposé une bouteille de Volvic en sortant à 3h du matin. Une belle opportunité que, magnanime, j’ai laissé filer. Heureusement que j’avais rapatrié du buffet voisin une bouteille de jus de fruit vitaminé qui m’a accompagnée toute la soirée. Je pensais très naïvement que pour une projection s’étirant de 20h à 3h du matin, quelques compensations roboratives seraient prévues. Non. Bouffer des pubs oui, foncer dans les magasins le lendemain pour consommer, oui, mais des produits gratuits, NON ! Désolée de jouer les pique-assiettes (surtout après le buffet qui a précédé) mais je pensais sincèrement que ça faisait partie du spectacle. Bref, j’ai pas eu mon dessert et j’en suis fort contrariée.
A 20h, Jean-Marie Boursicot nous a fait une petite présentation de l’événement, épaulé par l’inoxydable animateur local Laurent Boucry. Tout de suite après… le moment que j’attendais avec impatience… CHANTAL GOYA ! Mes parents m’ayant privée de ce plaisir étant enfant, j’ai enfin pu applaudir, à 36 ans bien tassés, celle qui m’a enchantée de ses chansons durant mes plus jeunes années. Je dis ça sans la moindre trace de cynisme, je n’ai aucune raison de renier cette passion loin d’être coupable. Néanmoins, je n’ai pu m’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur devant cette femme obligée d’animer ce genre de soirée pour faire bouillir sa marmite. Trois chansons au programme : « Un lapin », « Capitaine Flam » (rien à voir avec son répertoire historique mais… faut bien satisfaire les grands enfants nostalgiques que nous sommes) et « Bécassine ». Un « set » bref mais intense (n’oubliez pas d’activer le son des Vines).
Des sessions d’une heure et demie environ se sont succédé, entrecoupées d’ « animations » proposées par Laurent Boucry qui faisait gagner des sacs ou enveloppes contenant des billets pour des sites de visites auvergnats (Panoramique des Dômes, Thermadore, château de Murol…). Je n’ai évidemment rien gagné. Je passe sur le dernier « jeu » qui n’en était pas un, il suffisait juste d’être bien placé et d’avoir du bol pour qu’il décide d’attribuer les cadeaux de façon tout à fait arbitraire. Bref ! Je passe aussi sur l’intervention furtive de deux types déguisés en écureuils (enfin je crois que c’en était), heureusement qu’on n’était pas là pour les animations et la bouffe hein !
Alors les pubs ! Heureusement elles ne m’ont pas déçue. La sélection était variée, drôle, souvent engagée. Des « séries » ont fait office de running gag pour le plus grand plaisir des spectateurs. Déjantées, irrévérencieuses, machistes assumées ou progressistes jusqu’au bout des ongles… ces pubs sont le fruit de ce qui semble parfois être un délire d’agences de pub désireuses de s’affranchir des codes ringards habituels. Nous n’avons cependant pas échappé à quelques pubs « esthétiques », certes réalisées avec talent et grand renfort d’effets spéciaux mais d’un intérêt limité. La palme revenant aux pubs pour du parfum, généralement incompréhensibles et cucul la praline (mais jolies, donc). Par contre les quelques « vieilles » pubs exhumées des années 1970 ou 80 ont fait le bonheur du public, avec leur message brut de décoffrage et leur mise en scène maladroitement bricolée. Inversement, je suis toujours sidérée par les scénarios moralisateurs sur fond de paix entre les peuples, d’amour de son prochain, et dans lesquels le produit n’apparaît que de manière très subliminale (suivez mon regard : Coca, McDo…). L’impression que mes émotions sont manipulées me rend assez furax, surtout pour des produits à l’éthique très très douteuse.
Malheureusement, la dernière série n’était pas la plus intéressante et ça n’a pas arrangé l’état comateux de la trentaine de personnes ayant résisté vaillamment jusqu’à 3h du matin.
Je vous pose ici, l’air de rien, la pub qui m’a fait pleurer de rire pendant la projection. Sacré Bob !
Fernand Raynaud, ce célèbre Clermontois, s’est d’ailleurs inspiré de ton enfance malheureuse pour écrire son sketch » Bourreaux d’enfant ! » comme le criait la voisine Bécassine .