Vidéoformes 2016

Comme chaque année, le festival Vidéoformes s’est tenu à Clermont-Ferrand du 16 au 19 mars. Et comme chaque année, des expositions ont investi de nombreux lieux de la ville et elles sont encore visibles jusqu’au 2 avril pour certaines. Je vous propose un rapide tour des installations qui m’ont interpellée.

Salle Chaviginer (Maison de la culture)

L’exposition est terminée mais j’y ai découvert une installation fascinante, le “hologate”. Présenté par le collectif lyonnais Babel, spécialisé dans les nouvelles technologies, ce dispositif permettait aux visiteurs de mettre en scène leur double holographique, en temps réel. Même principe mais à la portée de tout un chacun, le petit équipement de plexiglas, le Holopad, pour tablette numérique, qui permet de projeter une image en 3 dimensions. Le dispositif était vendu 25€ mais apparemment ça peut se fabriquer maison puisqu’il s’agit d’un simple bricolage d’optique. Bien entendu les vidéos sont d’un format spécifique et on en trouve plein sur le web.

Il y avait également dans cette salle une installation de WhiteBlackFugus, composée de vidéos travaillées et retravaillées et retravaillées. Ils proposent également des “Vijou” (VIdéo biJOU), mini-écrans qui s’épinglent aux vêtements et diffusent des œuvres vidéo.

La Tôlerie

Je n’ai pas accroché à toutes les œuvres proposées mais certaines ont retenu mon attention.

“Jeudi 3 septembre” de Caroline Duchalet

Cette vidéo de 7 minutes nous plonge, en version accélérée, dans une aube. Isolés dans le noir, un casque sur la tête, les spectateurs contemplent l’arrivée progressive de la lumière, d’abord bande rectangulaire étroite, puis illuminant la pièce et en révélant les contours et la décoration. Étrange sensation. Je ne suis pas insomniaque (loin s’en faut), mais je me souviens avoir expérimenté cette lueur du petit matin, du fond de mon lit, d’un jour qui n’est pas encore là tout à fait.

“Portrait d’une île perdue” de Pascal Lièvre

Ceux qui ont suivi la célèbre série “Lost” doivent impérativement passer à La Tôlerie voir cette vidéo. Pascal Lièvre a extrait des 121 épisodes (85h de diffusion au total), les 24 petites minutes dans lesquelles la nature est seule à l’écran. Pas de traces humaines ni animales, juste l’eau, la forêt, les falaises et la musique illustrant chaque plan dans la série, le tout dans l’ordre chronologique. Il en résulte un “portrait” assez angoissant, frissonnant, et même quand, comme moi, on n’a pas vu la série, on en ressent tout le ressort dramatique.

“Ambiancé” de Anders Weberg

Juste un mot sur cette performance vidéo unique au monde. Il s’agit d’une “bande-annonce” qui dure 7h20 (!!) annonçant la diffusion en 2020 du plus long film jamais réalisé, à savoir 720h. Au-delà de ces caractéristiques exceptionnelles, je n’ai pas été très captivée par ce qu’il se passait à l’écran.

La chapelle de l’hôpital général

Je suis toujours impatiente de voir comment les artistes se sont approprié ce lieu et je n’ai pas été déçue.

“Road movie” de Peter Bogers

Il a sillonné l’Auvergne à la recherche de croix, Christs et autres vierges le long des routes. A chaque découverte, il s’est arrêté pour les filmer, tout en enregistrant les bruits environnants : animaux, camion qui passe… Cette installation prend toute sa mesure dans cette chapelle (que j’adore, dois-je le redire ?) car Bogers a investi trois murs, ces murs étant tous surmontés de vitraux en demi-lune. Ces images arrêtées sur des croix, avec le Christ qui contemple tout ça depuis son vitrail… j’ai beau être athée et même (de plus en plus) anti-religion, et bien ça fait son petit effet. La représentation du sacré, en pleine nature, au bord d’une route, prend parfois une dimension incongrue, pour ne pas dire ridicule. Enfin c’est là mon interprétation personnelle, je vous laisse vous faire la vôtre, vous avez jusqu’au 2 avril pour passer à la chapelle !