L’Orfeo est un opéra composé par Claudio Monteverdi au début du XVIIe siècle, considéré d’ailleurs comme l’un des tout premiers opéras. Il met en musique le mythe d’Orphée, réussissant à franchir les Enfers pour aller chercher son épouse Eurydice, morte mordue par un serpent. La seule exigence de Pluton : qu’Orphée ne se retourne pas pour regarder sa belle, avant d’avoir regagné le monde des vivants. Évidemment… ça finit mal.
Alors on va pas se mentir… moi et l’opéra, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour, malgré mes quelques années de musique classique pendant mon enfance (7, tout de même). Ce désintérêt va (peut-on comparer ? je ne sais pas, je compare, tant pis) jusqu’aux comédies musicales, et même jusqu’aux Disney comportant des passages chantés. Mais je suis curieuse, et la présentation de cette adaptation m’a convaincue d’accepter l’invitation du Centre Lyrique Clermont-Auvergne à assister à l’une des deux représentations d’Orfeo à l’opéra-théâtre.
Samuel Achache et Jeanne Candel à la mise en scène, avec Florent Hubert aux arrangements musicaux, ont dynamité purement et simplement L’Orfeo de Monteverdi en lui offrant une dimension inédite. Théâtre, improvisation, chant lyrique, tambours, guitare… celles et ceux qui connaissent la prestigieuse partition d’origine ont dû être quelque peu surpris par la créativité folle qui anime cet Orfeo qui n’a certes plus grand-chose d’un opéra mais qui n’a pourtant rien perdu de son coeur battant, ni de sa superbe lorsqu’il va défier les dieux des Enfers. La mise en scène est foisonnante, en perpétuel mouvement, burlesque, foutraque, drôle parfois, autant que ces dialogues modernes, irrévérencieux, qui contribuent à sublimer les passages chantés, comme autant de parenthèses suspendues, bulles d’émotion fragiles sitôt crevées par la vie qui reprend ses droits et son cours tumultueux.



J’ai été abasourdie, je pèse mes mots, par l’étendue du talent des comédiens. Ou musiciens. Ou chanteurs. Je ne sais plus. Tout. Ils sont tout à la fois, ils savent tout faire, chanter debout, assis, couché, danser, faire rire, jouer d’un ou plusieurs instruments… avec un naturel déconcertant qui force le respect. Samuel Achache, Jeanne Candel et Florent Hubert avaient précédemment mis en scène une adaptation de Didon et Enée de Purcell, et obtenu un Molière pour un travail similaire à celui qu’ils ont livré sur cet Orfeo. Et je dois dire que oui, j’avoue, pour quelqu’un qui, a priori, n’aime pas l’opéra, j’ai passé deux heures merveilleuses à en prendre plein les yeux et les oreilles dans ce très beau théâtre de Clermont. Et je rédige cet article en écoutant une version de L’Orfeo beaucoup traditionnelle trouvée sur Deezer (Philippe Jarrousky au chant) et j’y prends un plaisir certain. Un grand bravo !
Je tiens à remercier chaleureusement Fanny Amblard, chargée d’information au Centre Lyrique Clermont-Auvergne, pour son invitation et son accueil, et surtout pour avoir pris le risque d’inviter quelqu’un qui avait clairement dit qu’elle n’aimait pas l’opéra ;-) Pari réussi ! Je vous invite à découvrir la programmation pour cette saison 2017-2018 et à vous laisser tenter par quelques spectacles comme L’enlèvement au Sérail de Mozart, produit à Clermont et joué, donc, pour la première fois en janvier à l’opéra. Votre venue à une représentation vous permettra de découvrir une exposition temporaire : en ce moment et jusqu’à début décembre, c’est le Rendez-vous du Carnet de Voyage qui habille les couloirs avec les dessins de cinq carnettistes. Notez que le Centre Lyrique propose des spectacles jeune public ainsi que des actions de médiation culturelle dans les quartiers populaires de Clermont, à découvrir sur le site.