Vendredi, alors que je gravissais les pentes des volcans avec Paulette, mon fidèle destrier, j’ai aperçu un panneau annonçant une représentation de Novecento : pianiste pour le soir même, à Orcines. Furieuse envie de me garer sur le bas-côté en attendant le soir, pour pouvoir de nouveau avoir la joie d’assister à cette pièce.
Note initialement publiée le 7 mai 2010
J’ai pris une claque. Je pensais prendre une claque à cause du texte. Mais j’en ai pris une géante avec la mise en scène, à laquelle je ne m’attendais pas.
J’ai tout d’abord fulminé contre le théâtre qui ne nous laissait pas entrer nous installer dans la salle. Nous attendions debout. Et puis on nous a invités à entrer. Et là, surprise. Tous les fauteuils étaient repliés. Nous sommes entrés directement sur la scène où nous attendait une sorte de chapiteau à ciel ouvert. À la queue leu leu nous avons présenté notre billet d’entrée à…un acteur. La pièce était commencée. Bonsoir mademoiselle, vous êtes seule ? (et vlan). Oui, je voyage seule (et vlan). Ah très bien alors allez vous installer en première, bien sûr. L’acteur nous plaçait un peu à la tête du client, et j’ai eu droit au premier rang. Nous avons donc embarqué à bord du Virginian. Le Virginian était constitué d’un écrin d’écrans (joli) de cinéma montés en rond, au centre duquel on avait disposé une scène qui ressemblait plutôt à un catwalk de défilé printemps-été. De part et d’autre de cette scène étaient disposés les sièges. Les « troisième classe » se sont fait gentiment malmener par le personnel. Moi, au premier rang, je n’en menais pas large. C’est le meilleur moyen pour que les acteurs te prennent à partie si besoin, surtout quand ils jouent à vingt centimètres de toi. Une fois tout le monde placé, environ 70 personnes, la pièce a vraiment commencé. J’ai adoré entendre ces mots de Baricco, que j’aime tant, résonner autour de moi et prendre vie. Sur les écrans étaient diffusées des images de cale de bateau, ou de mer, ou peu importe. En fond sonore, des bruits de vent, de plic-ploc de gouttes d’eau. Je m’attendais à un monologue, mais deux acteurs se sont partagé le texte.
Danny Boodman T.D Lemon Novecento est né sur un bateau faisant des allers-retours permanents entre l’Europe et les États-Unis. Le destin l’a posé dès sa naissance sur un piano et il est devenu le plus brillant pianiste du monde. Il joue pour les « première classe », dans un orchestre. Il joue du jazz mais surtout, il joue comme personne. Une musique jamais entendue auparavant. Novecento n’est jamais descendu de son bateau, malgré une tentative avortée sur la deuxième marche de la passerelle. Novecento, son piano, sur le bateau. Et c’est un ami qui nous raconte son histoire. Un trompettiste.
Le jeu de scène prévoyait la distribution de rafraîchissements, mais juste aux « première classe ». Je ne comprenais pas pourquoi l’acteur nous dévisageait attentivement avec de nous donner notre verre, j’ai compris quelques minutes plus tard lorsque j’ai plongé mes lèvres dedans. Mon voisin de gauche, un gamin de 11 ou 12 ans, a eu droit à un liquide rouge. J’ai eu droit à un liquide orange. Du rhum-orange. Pendant ce temps, les deux comédiens arpentaient le catwalk en nous racontant l’histoire de Novecento.
Baricco jongle en permanence entre les passages décalés, comiques, et les séquences pleines d’émotion. Plusieurs fois j’ai eu la larme à l’œil. Et à la fin, au passage que je trouve magnifique, j’ai vraiment failli fondre en larmes, surtout qu’un des comédiens feignait lui-même d’être en larmes.
J’ai bien fait de relire le livre en début de semaine, ça m’a permis de remarquer que certains passages avaient été coupés dans cette mise en scène. Un passage en particulier, qui me semblait assez important dans l’histoire de Novecento. Bon mais on a fait sans et c’était magnifique quand même.
Au final, j’ai été très surprise par cette mise en scène, que j’ai trouvée géniale, esthétique, chaleureuse. La proximité physique des acteurs permettait vraiment de lire les émotions sur leur visage, et nous rapprochait encore plus de Novecento.
À la fin de la représentation, les acteurs nous ont invités à les attendre à la sortie, dans le hall, afin de partager un verre. Je me suis donc retrouvée à boire un verre de blanc, mais pas avec les acteurs. Et qu’est-ce qu’on peut picoler dans cette salle !! Gratos en plus.
Il y a quelque temps, je suis tombée sur des vidéos tournées lors de représentations. Ambiance…