La pilule qui a du mal à passer

Que je râle et que ce soit comme avant, c’est ça ? OK, tu l’auras voulu. Je me lance sur un sujet d’actualité qui me démange depuis un moment.

[edit du 10/03/2013 : bon alors en fait, je me suis énervée pour rien, ma pilule, la Cérazette, n’est pas concernée par cette polémique. Or, je l’ai clairement vue filmée sur le comptoir d’une pharmacie lors d’un reportage télé. Les pharmaciens et journalistes qui contribuent à la psychose collective et à la désinformation du public devraient considérer une reconversion professionnelle. Sérieusement.]

Les médias ne parlent plus que de ça : les pilules de 3e et 4e générations sont-elles dangereusement mortelles ? Pour tout te dire, je ne lis même pas les articles concernés tellement j’ai peur. J’entends des trucs à la télé, au JT, et j’ai peur.

0007897956D-565x849Peur de mourir d’une embolie ou d’une phlébite ? Moi l’hypocondriaque notoire ? Ben même pas, figure-toi. Non. J’ai peur qu’on me sucre mes ordonnances. Peur que tout redevienne comme avant. Peur de devoir à nouveau renoncer à tant de choses, et surtout, à ma santé physique et mentale. Bon, en vrai je suis plutôt confiante parce que je pense que j’ai des arguments recevables, mais tout de même. Mes arguments recevables ne semblent convaincre que moi-même, parfois. Ces arguments recevables passent pour un caprice de bourgeoise en quête de son petit confort, parfois. Je m’en fous. Je revis.

J’ai l’impression (mais je le répète, je n’ai quasiment rien lu sur le sujet) que personne ne parle des raisons qui font qu’autant de femmes se font prescrire ces pilules. D’ailleurs, figure-toi que beaucoup ne sont pas du tout remboursées alors laisse-moi rire jaune quand j’entends « déremboursement ». Personne ne parle de leur différence majeure avec les anciennes. Personne ne dit pourquoi il y a tant de ratés avec les pilules. Quand je parle de ratés, je veux bien sûr dire des grossesses non désirées. Une pilule à l’ancienne, c’est 21 comprimés et 7 jours d’arrêt. Sept jours pendant lesquels tu te vides de ton sang. Pour rien. Totalement artificiel. Pour la gloire. Parce que certaines ne se sentent pas femmes sans ça. Faut voir où la féminité va se planquer…Vachement sexy, le concept. Bref. Sept jours d’arrêt pendant lesquels le risque de grossesse est réel, parce que la machine s’est remise en marche, parce que le premier comprimé de la plaquette suivante a été pris un peu tard…Les dernières pilules se prennent en continu. Pas d’arrêt. Plaquettes de 28 comprimés. Pas d’arrêt, tout à l’arrêt. Donc pas de remake de Twilight ou de Buffy contre les vampires pendant sept jours. La paix du corps et de l’âme. Les hormones formant une ligne aux courbes sinusoïdales gracieuses, avec des jolis hauts, quelques bas, plus un seul très bas, ni le moindre symptôme dépressif, voire bi-polaire. Pas de shoots compulsifs au paracétamol ou à l’ibuprofène, pas de poignards dans le ventre, pas de tête qui implose, pas de nuits presque blanches aux draps maculés de rouge. Ne plus souffrir, c’est tout. Vivre, enfin.

Faire du sport sans se poser de questions et y prendre un plaisir inespéré. Avoir une énergie et une humeur constantes. Aller au cinéma, au restaurant, chez des amis, au bureau, partout, sans stress, sans le cerveau dans la culotte. Porter les vêtements qu’on veut. Faire des économies substantielles sur l’achat de protections inconfortables, polluantes et hors de prix et sur l’achat de médicaments antidouleur. Épargner à son foie et son cerveau ces mêmes médicaments. Tout ceci paraît d’une évidente banalité, mais pas pour tout le monde, désolée. Des points négatifs ? Oui, il y en a. Ça s’appelle des effets secondaires et ils sont inscrits noir sur blanc dans les notices. D’ailleurs tu sais quoi ? Ce sont les mêmes que pour les pilules précédentes. Alors pourquoi ces plaintes ? J’assume certains effets secondaires, qui pèsent moins lourd que le reste dans la balance. On n’a rien sans rien, paraît-il. J’assumerai donc une phlébite si elle se présente.

Et tout ceci grâce à cet article de Martin Winckler. C’est suite à sa lecture que j’ai demandé à ma gynécologue de faire quelque chose pour anéantir mes règles (aucun médecin auparavant ne m’ayant dit que c’était possible). Ça s’est soldé par une prescription de Cérazette (citée dans l’article mais pas du tout demandée nommément à ma gynéco, qui l’a prescrite spontanément). Aujourd’hui, je lis sur le même site le coup de colère du même Martin Winckler, manifestement très remonté contre ces fameuse pilules et les « pyromanes » qui les prescrivent. So what ? Ce qu’il était urgent de faire en 2006 ne l’est plus du tout en 2013 ? Si je fais une embolie, je porte plainte directement contre lui ? Ça m’ennuierait, je l’aime beaucoup et je n’ai pas encore lu son dernier roman.

Et sinon, c’est quoi la solution de remplacement ? Non parce que les médias ne parlent que de remplacer une pilule par une autre, pour0007897266D-565x849 l’effet contraceptif. Ça, on va dire que je m’en fous un peu (oups, un effet secondaire à l’horizon !). Par contre, si on me dit qu’il faut impérativement que je renonce à un hypothétique et improbable problème cardiovasculaire (pas de clope, tension top, bilan lipidique de ouf, corpulence de miss France (ou presque), activité physique de douce à intense quatre fois par semaine, circulation sanguine nickel, nourriture bio et archi variée, et j’en passe) pour retrouver un état anémique avec rétention d’eau, migraines, bouffées de chaleur, surconsommation d’antidouleurs, moral semi-dépressif et renoncement à de l’activité physique 2 semaines par mois (l’une pour indisposition, l’autre pour fatigue)…je ne suis pas sûre du tout, mais alors vraiment pas, que le remède soit meilleur que le mal. Et je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir 10 ans de médecine derrière soi pour tirer ces conclusions.

Donc en attendant l’embolie, l’AVC ou la fin de mes prescriptions, vous m’excuserez mais je vais continuer à vivre. Ce sera toujours ça de pris que j’avais pas avant.

Pour l’absence d’ « exposition personnelle » souhaitée dans ma note précédente…faudra repasser. Mais notez bien que j’aurais pu faire beaucoup plus complet, beaucoup plus détaillé, beaucoup plus trash, beaucoup plus « comme c’était avant ». Mais je me suis dit que peut-être certains d’entre vous me lisaient au petit déj ou pendant leur pause gamelle.

8 Comments

  1. Alors tout à fait d’accord avec le coup de gueule. Tous les medocs ont des effets secondaires, anti-douleurs comme contraceptifs. Les antibios aussi, j’en sais quelque chose!

    On dirait que c’est la lubie du jour…

    Je prends plus la pilule depuis quelques années, pour diverses raisons, mais quand je le faisais, je la prenais en continu, en zappant les 7 jours et les règles artificielles, comme nous l’avait expliqué ma prof en 4ème! Comme Winckler (installé au Québec depuis quelque temps) (ça lui réussit peut-être pas ;-) ) le dit. Le bonheur total, à part pour le portefeuille…

    1. @presso : merci pour ton soutien ! :) Qu’on choisisse de la prendre ou de ne pas la prendre, l’essentiel est d’être bien dans ses bottes et d’avoir la certitude d’avoir choisi la meilleure option possible.
      Pour le portefeuille, j’en suis pour environ 32€ pour 3 mois. Si je ramène ça au coût des protections, des médocs et des cours de sports ratés…c’est une paille !

  2. La surmédiatisation sur ce sujet est un signe qui ne trompe pas. Il ne faut pas céder à une propagande visant à remettre en cause cette contraception orale.
    Continue donc cette pratique, des experts (n’étant pas liés de près ou de loin aux labos pharmaceut1ques) ne partageant pas cette hystérie collective artificielle.

    1. @galuchon : c’est l’effet « Médiator », les médias sont contents d’avoir trouvé un nouveau dada.
      Ce qui me fait mal c’est que Martin Winckler lui-même se prononce contre ces pilules. J’ai toujours aimé son franc parler, son combat permanent pour le bien-être des femmes, son humanité…Je lui fais confiance (je l’imagine mal à la solde des labos) et du coup, je doute de moi-même…

  3. Ne doute pas. Ma source est experte et particulièrement fiable. Il n’en va pas de même pour W1nckler…
    Rappelons ici que le taux de risque (RISQUE !) est de 0,02% pour les pilules de 1ère et 2eme génération, et de 0,04% pour celles dites de 3 et 4ème génération.

    1. @galuchon : oh ? Winckler a des choses à cacher ? Sinon, oui, j’avais entendu les mêmes chiffres des risques. Moi je dis, supprimons tous les médicaments qui ont des effets secondaires. Comme ça au moins, au saura vraiment pourquoi les gens meurent.

  4. Même combat.
    Même catégorie que toi, en continu. Et oui, ça change la vie !
    Et de plus, en cas d’antécédents maternels, les pilules plus classiques ne sont pas du tout recommandées…

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