La volonté de bonheur, exposition à l’hôtel Fontfreyde de Clermont-Ferrand

20131012_163759Lundi 7 octobre a été inaugurée une exposition assez exceptionnelle à l’hôtel Fontfreyde, plus habitué aux œuvres contemporaines que testimoniales. La volonté de bonheur revient sur quelques années de notre histoire, années très denses faites de luttes, de tragédies et de victoires. Ces victoires, nous les savourons encore aujourd’hui mais qui s’en souvient ? Hommage…

En 1934, les manifestations fascistes et anti-fascistes se succèdent sur fond de déroute économique. En 1936, victoire du peuple ouvrier, le Front Populaire prend les commandes et instaure, entre autres, la semaine de 40 heures et les deux semaines de congés payés. Après les occupations d’usines et les manifestations, vient le temps des premières vacances et d’une douceur de vivre que les Français toucheront du doigt l’espace de quelques mois. La Seconde Guerre Mondiale couve, prête à répandre l’horreur et le chaos sur toute l’Europe.

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Les photos exposées, toutes datées entre 1934 et 1938, ont été prises par de jeunes photographes aux noms aujourd’hui devenus célèbres : Robert Capa, Willy Ronis, Robert Doisneau, Nora Dumas… D’autres sont anonymes mais comme l’expliquait Pierre Borhan, commissaire de l’exposition, elles ont peut-être été prises par ces grands photographes également, puisque les crédits photos n’étaient pas encore d’actualité dans les journaux de l’époque. Les années 1930 marquent le début d’un vrai photo-journalisme, ainsi que l’avènement de la radio. Certaines salles de Fontfreyde sont d’ailleurs sonorisées avec des enregistrements d’époque.

Pierre Borhan (d.), commissaire de l'exposition en compagnie d'Olivier Bianchi (g.), adjoint à la culture à la mairie de Clermont (et candidat officiel pour 2014 :))
Pierre Borhan (d.), commissaire de l’exposition en compagnie d’Olivier Bianchi (g.), adjoint à la culture à la mairie de Clermont (et candidat officiel pour 2014 :))

Ce qui frappe dans ces photos, c’est la spontanéité autant que la solennité de l’acte photographique. Des scènes de rue prises sur le vif côtoient des clichés où tous les protagonistes regardent l’objectif avec insistance. Les photos les plus émouvantes pour moi sont sans conteste celles des congés payés. Les visages hilares, les jeunes entassés, les vélos, les tablées rigolardes… sont d’autant plus émouvants qu’on se dit que quelques mois plus tard, les jeunes hommes devront aller combattre, et pour beaucoup, ne jamais revenir. Leurs premières vacances. Leurs dernières, probablement.

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Les premières vacances de l’histoire de ce pays obligent à s’interroger sur ce que sont devenus les congés et les loisirs, au fil du temps. Des magazines commencent dès 1937 à prodiguer des conseils pour bien randonner et passer de bonnes vacances (j’aurais adoré les feuilleter d’ailleurs). En 2013 on en est toujours là, en pire, comme si depuis 1936 on ne savait toujours pas quoi faire de son temps libre. L’économie touristique et des loisirs se porte plutôt pas mal. Les avions et autocars charrient des voyageurs partout sur la planète, il faut les distraire et j’ai l’impression que c’est de plus en plus compliqué. Là où en 1936 un repas vin-saucisson-fromage avec des amis semblait ravir tout le monde, aujourd’hui il faut des infrastructures délirantes, des hôtels cinq étoiles, des jacuzzis, des idées de balades insolites. Il faut passer des vacances différentes de son voisin, plus originales, plus fun… à croire que les congés payés ont désormais honte de leur origine populaire. « Ah bon tu ne pars pas ? ». Mépris. Et puis… il paraît que près de la moitié des Français consulte ses e-mails professionnels en vacances. T’entends ça Léon ? T’as pas les boules là ? Moi si, un peu. Ah et au fait, Léon ! Je travaille dans le tourisme moi. Donc merci pour tout, le boulot et les vacances… Surtout les vacances.

Exposition à l’hôtel Fontfreyde jusqu’au 4 janvier 2014.

Dossier de presse La Volonté du bonheur (clik)

Toutes mes photos sont ici (clik clik)

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9 Comments

    1. @Val : le reflet de l’affiche me console du temps apocalyptique d’hier après-midi ! Et l' »individu » au chapeau dans la dernière photo semble avoir été extrait des images ;)
      Je décroche des e-mails et autres sollicitations. Par contre pour le reste… je me fais plaisir sans (trop) me soucier de mon contexte professionnel !

  1. Ben alors !? T’es une taupe ou bien ? C’est quoi ce criage numérique qui part pas dans le droit chemin ? è_é
    Vais te faire sauter tes galons tout neufs moi hein ! Mordre la main qui te nourrit, ça se fait pas nondidjû ! Tu veux pas que je te relise les petites lignes de ton contrat de Cireur numérique ?
    P’tain mais qu’il est bon ce billet… \o/
    Sur la fin, prenant parti contre les 5 étoiles, il aurait pu trouver son sous-titre pour la défense de la vérité : Jacuzz… ! :)

    1. @Dom : je crie ce que je veux, d’abord ! On va pas m’acheter avec quelques badges et une coque inutilisable quand même ;)
      Excellent jeu de mot avec le « Jacuzz ! » :D
      D’ailleurs je me rends compte que je n’ai pas mis de J majuscule alors que je passe mon temps à morigéner mes collègues à ce sujet.

  2. J’adore regarder des photos de cette époque ( mes parents étaient dans leurs « twenties « ) mais a posteriori , comme tu le dis si bien,on ne peut s’empêcher de penser que pour certains ce furent leurs dernières vacances et que pour d’autres il y eut 5 ans de « vacances » pas tellement linguistiques en Germanie !

    1. @Mum : y plein de petites photos dentelées issues de collections particulières qui étaient légendées à la main… on aurait dit l’écriture de Pépé !
      Et je m’étonne que tu n’aies pas commenté un truc du genre « j’aime pas regarder ces photos parce que les gens sont tous morts »…

  3. C’est vrai aussi mais je parle surtout de ces photos de congés payés ,de bains de mer , de saucissonneurs au bord des routes car les gens avaient l’air si heureux;ils n’étaient pas blasés comme la plupart d’entre nous. J’ai été très étonnée de voir qu’il existait déjà des revues touristiques. Moi aussi,j’aimerais les feuilleter.

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