Et c’est un bel âge !
J’ai découvert ce microscopique théâtre il y a seulement quelques semaines, pour une conférence donnée par Dominique Touzé du Wakan Théâtre (à l’origine de l’excellente visite théâtralisée à l’opéra (opéra où je retourne pour une pièce samedi soir, d’ailleurs)), sur les origines du théâtre à Clermont-Ferrand. Je n’avais pas fait de billet car cette conférence était très dense et évidemment je n’ai pas pris de notes (ma mémoire de poisson rouge, tout ça…). Toutefois, pour ceux que ça intéresse, une petite vidéo 3D avait été réalisée pour une pièce intitulée « 1759, ça commence la Comédie ! » jouée il y a quelques années.


Bon bref, je suis retournée au petit théâtre de Vallières pour une pièce anniversaire car ce théâtre a 15 ans. C’est une association donc évidemment gérée par des passionnés. Et les co-fondateurs n’ont pas hésité à donner de leur personne pour fêter cet anniversaire, en jouant tous les soirs de la semaine une pièce originale intitulée « Thérapie et confessions » écrite par Jean-Paul Le Guénic. Et je précise qu’elle se joue à guichet fermé ! Sauf pour les 28 décembre 21h et 29 décembre 17h où a priori il reste quelques places (en tout cas il en restait mercredi à 21h10). Je vous laisse jeter un œil sur le plan de la salle… autant dire que les places sont chères. Enfin non. Là c’était gratuit et a priori ça l’est souvent, on se contente de laisser son obole dans le chapeau à la fin.
Avant chaque représentation, une première partie, sorte de court-métrage, met les 40 spectateurs dans l’ambiance. Petite subtilité, cette première partie change chaque soir, mais toujours sur le thème « A l’ombre de La Fontaine ». Un petit groupe de comédiens interprète à sa façon les fameuses fables de La Fontaine et moi, j’ai eu droit à une représentation par un groupe de… patients particulièrement gratinés d’un hôpital psychiatrique. J’ai trouvé extrêmement difficile de me concentrer sur les textes tant mon attention était accaparée par la mise en scène, les gestes désordonnés, les cris et les gesticulations des comédiens. J’imagine (enfin, j’espère) que c’était voulu par le metteur en scène.
Après un petit entracte, la pièce commence enfin. Deux comédiens seulement, Jean-Claude Martin et Pascal Pilat. Le premier a revêtu une robe de moine, le deuxième a endossé le rôle d’un psychiatre. Dans la force de l’âge, deux hommes se retrouvent après de nombreuses années, après avoir essuyé les bancs de la fac de psycho ensemble. Leur trajectoire a été bien différente mais finalement, chacun a choisi une façon de soulager les âmes et les consciences. Qu’est-ce qui amène Claude, le psy, à venir se réfugier dans cette abbaye ? Il est venu chercher des réponses mais pas forcément celles qu’on croit. Pourquoi vouloir retrouver son vieil ami après si longtemps ? Qu’est-ce que le très rationnel psychiatre peut bien attendre d’un religieux coupé du monde ?
Ces retrouvailles sont le prétexte à de savoureuses joutes verbales. La religion, ses contradictions, les angoisses existentielles… les arguments fusent autant que les reproches. Après avoir passé des années à apaiser les souffrances des autres, les deux meilleurs ennemis prennent conscience qu’il est grand temps d’apaiser les leurs, camouflées, reniées, jusqu’à ce que ce ne soit plus tenable.
Un texte intelligent de Jean-Paul Le Guénic, qui réussit à la prouesse de ne pas prendre parti. Je me suis demandée longtemps de quel côté allait nous faire tomber la pièce mais au final, c’est à un joli numéro de funambulisme auquel j’ai assisté. Croire ou ne pas croire, telle est la question posée à chacun de nous et elle restera sans réponse. Tant mieux.
L’exiguïté des lieux fait que le public a pratiquement un pied sur scène. Voir jouer des comédiens d’aussi près, voir chacun de leurs regards est particulièrement intimidant. On n’ose pas bouger un orteil et encore moins tousser (changements de posture, toux et raclements de gorge s’épanouissaient largement entre les actes, alors que nous étions plongés dans le noir). Les deux comédiens ont offert une prestation remarquable, tenant toute la pièce à bout de bras.
Après les acclamations de rigueur et le passage du chapeau, une table a été dressée à la va-vite sur scène et tout le monde, comédiens, public et metteurs en scène a partagé un verre de Saint-Alyre à la myrtille. A noter aussi que chaque spectateur est reparti avec un porte-clé souvenir des 15 ans du théâtre. Une belle soirée dans un lieu atypique et furieusement attachant.
Cette semaine étant par le plus grand des hasards placée sous le signe du théâtre, j’ai assisté pour la troisième fois à une représentation d’Improvergne au Puy de la Lune (la deuxième était au Chapelier Toqué, autre lieu fort sympathique pour boire un bon verre et s’amuser). Excellent comme toujours. L’équipe qui joutait (et s’échauffait) sera celle qui affrontera ce samedi 7 décembre l’équipe de Belgique qui vient défendre l’honneur de ses frites en Auvergne, à Riom, à la Puce à l’Oreille. Apparemment il reste quelques places pour ceux qui seraient intéressés parmi vous (ah ben non, annoncé complet à l’instant où j’écris). Pour ma part je n’y serai pas, d’autres projets théâtraux prévus de longue date me retiendront… à l’opéra ! Je vais voir « Résumons-nous » avec, entre autres, l’excellent Dominique Pinon. Je vous raconterai, bien sûr.
La semaine prochaine sera placée, par le plus grand des hasards également, sous le signe des concerts. Ma vie est palpitante.