Yves Saint Laurent

yslEncore une fois, je suis allée voir un film que je n’avais pas prévu d’aller voir, à cause de ces fichues places CE arrivant à la date de péremption. Et encore une fois, je n’ai pas regretté.

Disons-le tout de suite, les biopics c’est pas mon truc. Ou rarement. Se glisser dans la peau d’un personnage que tout le monde connaît est périlleux et mes yeux pleurent encore des larmes de sang suite à la prestation de Marion Cotillard dans La Môme.

Disons-le également, la mode et la haute-couture, c’est pas mon truc NON PLUS. Loin de là. J’apprécie de voir de jolis vêtements mais ça ne me passionne pas du tout. Je me fiche éperdument des marques. Enfin du moins des grandes marques. Je peux citer des marques (de ploucs, ou obscures) dont j’aime le style et que j’achète volontiers mais  ce qui compte pour moi c’est que ça m’aille, que ce soit pas trop cher et d’assez bonne qualité, et si possible que ce soit « propre » et éthique. Bref, aucune pièce d’YSL dans ma garde-robe vous l’aurez compris. Même pas un tube de rouge à lèvres (n’en déplaise à la pub passée astucieusement juste avant le film). Rien.

Le film retrace l’itinéraire de ce génie de la création, depuis ses jeunes années en Algérie, jusqu’à son apogée  à la fin des années 1970.

Pour ma part, j’aurais plutôt intitulé le film « Pierre Bergé », au lieu d’  « Yves Saint Laurent ». Il est le narrateur. Et il occupe, disons-le, presque chaque plan. Ce que le film semble vouloir nous expliquer, c’est qu’Yves Saint Laurent n’aurait pas été ce qu’il a été sans cet homme. Sans son argent, pour commencer, et sans sa droiture et sa poigne de fer pour gérer les errements du jeune créateur. Pourquoi pas ? C’est un point de vue comme un autre. Mais comme YSL n’est plus là pour témoigner… il faut s’en tenir à la vérité historique fournie par Pierre Bergé lui-même, avec tout ce que cela comporte de risques : enjoliver, éluder…

Bref, la vie et la carrière d’Yves Saint Laurent n’ont pas été de tout repos. Etre propulsé à 20 ans directeur artistique de la maison Dior… ce n’est pas rien. Etre homosexuel dans les années 1950/1960, ce n’est pas rien non plus. Et être diagnostiqué maniaco-dépressif, c’est la cerise sur le pompon. YSL était un créateur génial, inspiré, provocateur mais élégant. Comme souvent, le génie s’accompagne de manifestations secondaires diverses, telles que la dérive dans l’alcool, les drogues, les relations envahissantes qui éloignent du travail et de la concentration nécessaire au processus créatif… Et bien sûr Pierre Bergé était là pour protéger Yves Saint Laurent des autres et de lui-même. Au moins pour que les collections sortent chaque année au printemps et à l’automne.

Pierre Niney est époustouflant dans le rôle d’Yves Saint Laurent. La timidité, la malice, les sautes d’humeur… jusqu’au mimétisme dans la façon de parler ou de replacer les lunettes sur son nez, tout respire le talent et le travail de ce tout jeune acteur. Et j’ai retrouvé, après  « Les garçons et Guillaume, à table ! », Guillaume Gallienne dans le rôle de Pierre Bergé. Plutôt cocasse pour celui qui a été obligé de faire une pièce et un film pour crier au monde son hétérosexualité ! Le passage où il écoute YSL raconter les brimades de son enfance prend une dimension étrange et l’espace de quelques instants, je n’ai plus vu Pierre Bergé mais Guillaume Gallienne. Mais l’espace d’un instant seulement car Gallienne est lui aussi totalement habité par son rôle.

Les seconds rôles sont du coup un peu éclipsés par le talent des deux sociétaires de la Comédie Française mais je note toute de même la prestation de Charlotte Le Bon en mannequin-peste tout à fait délicieuse.

La réalisation de Jalil Lespert est très élégante, avec une photographie soignée, douce, lumineuse. Les « secrets de tournage » d’Allociné m’apprennent que toutes les tenues sont les originales. Même si à l’écran ça ne fait pas de différence ou presque avec une jolie copie, il n’empêche que je ne peux que penser que ça a contribué à instaurer une ambiance et une solennité sur le plateau. Les lieux sont également les véritables lieux de vie de Bergé et Saint Laurent.

Un film-hommage de Pierre Bergé à l’homme qu’il a aimé.

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