Décidément le Wakan théâtre n’en finit pas de me surprendre. Après les visites « historiques » de la Halle aux blés ou de l’opéra de Clermont-Ferrand, voilà qu’il se lance dans la politique !
La politique, c’est un peu un truc d’acteurs non ? Il faut savoir déclamer, réciter son texte, improviser à l’occasion, soigner ses postures et ses costumes et surtout, captiver l’auditoire.
Je vous rassure, pas de candidature déclarée à la mairie de Clermont, c’est déjà assez le bordel comme ça, le Wakan se contente de faire rentrer la politique dans le théâtre, et pas l’inverse, puisqu’on y assiste tous les jours, à notre grand désarroi (surtout le vaudeville à droite, et je dis ça sans parti pris)…
Ce banquet de Marianne s’ouvre sur une salle en désordre. Les convives sont partis et ne reste que le personnel, en train de tout remettre en ordre. On nous reproche (oui, à nous, pauvre public) d’être arrivés en retard. On se moque de nous, à Clermont-Ferrand, Auvergne, pfff, « le nouveau monde !! » (à ce moment-là je sombre lentement sous mon siège, me pensant repérée). On a tout raté. « Ils » étaient tous là, ou presque, et on les a ratés ! Qui donc ? Oh rien que De Gaulle, Jaurès, Robespierre, Faure, Hugo, Montesquieu et Louise Michel. Tous réunis pour ce banquet républicain, auquel on n’était pas, pauvres de nous. Non parce que bon, la politique, ça n’intéresse plus grand-monde. Mais les trois serveurs du banquet par contre… les conversations de ces grands hommes (où sont les feeeemmes ??? (à part Louise Michel, à la toute fin)) les ont passionnés. Alors ils vont nous raconter. Les échanges improbables, les confrontations théoriques, les débats d’il y a plusieurs siècles propulsés dans la IVe République. Les grands penseurs s’affrontent et nos trois serveurs aussi. Les idées s’entrechoquent, on en vient aux mains, ou au pistolet. On essaie de se convaincre mutuellement et on cherche à mettre toutes ces belles idées en application dans la société. Mais quelle société ? La fin de la pièce nous assène un grand coup de bambou sur la nuque et nous sort de notre torpeur de spectateur. Sans trop en dire car il faut ménager le suspense, ce banquet s’invite rageusement dans notre quotidien.
N’allez pas croire que le sujet est soporifique, bien au contraire. N’allez pas croire qu’il faut avoir épluché toutes les œuvres de ces grands penseurs. Ce banquet de Marianne nous parle de nous, de nos choix, de nos contradictions, des sujets de société éternels. Il le fait avec un humour gratiné d’une légère couche de cynisme et se met à la portée de n’importe quel citoyen qui, chaque jour, se pose des questions sur la marche du monde.
Dominique Touzé à l’écriture s’est assuré les services de Julien Rocha pour la mise en scène. Et dans les rôles des (excellents) serveurs, Dominique Touzé donc, Danielle Rochard et Emmanuel Chanal. Et… Non, rien. Pour rappel, Julien Rocha c’est celui qui a mis en scène Le Roi Nu, vu l’été dernier et Songe d’une nuit d’été, vu en 2010. Pas trop de délires dans ce banquet, mais juste ce qu’il faut pour insuffler un peu de rythme à toutes ces belles paroles, et titiller le public le moment venu.
Vidéo teasing du spectacle (qui n’apparaît pas, fucking Dailymotion !!)
AU BANQUET DE MARIANNE par wakantheatre
Les représentations à Clermont à la Cour des 3 Coquins sont terminées pour le moment. Restent encore quelques dates auvergnates mais surtout, SURTOUT, cette pièce sera jouée à Paris du 27 mai au 28 juin au théâtre des Déchargeurs (1er arrondissement). J’en appelle à mes lecteurs parisiens (et je sais qu’il y en a, et au moins un que je vise particulièrement, n’est-ce pas Galuchon??) et je compte sur eux pour aller faire un tour par là-bas et voir cette belle pièce, drôle et intelligente. Au moins parlez-en autour de vous, faites-un peu de bruit. OK ? Tu fais ça pour moi, lecteur parisien ?
- Du mardi 27 mai au samedi 28 juin, 23 représentations au THEATRE DES DECHARGEURS, Paris (métro Chatelet)
- Samedi 7 juin, La Grange de Jacques, Bourg Lastic (63)
- Vendredi 18 juillet, Aigueperse (63)
- Vendredi 25 juillet, Château d’Effiat (63)
- Vendredi 8 août, Saint Agoulin (63)
- Vendredi 5 décembre, CDP Clermont-Ferrand (63)
Bon et alors après la représentation, pas de banquet (mais ce fut le cas pour les précédentes, petits chanceux!) mais un débat organisé par les étudiants de Dominique Touzé (du Wakan et qui enseigne à ses heures perdues (pas pour tout le monde, petits chanceux)).
C’est alors que j’ai retrouvé autour de la « table » des débats l’interprète talentueux du mari volage et bientôt émasculé de La Culotte ! Sauf que là, ce n’était pas le comédien qu’on interrogeait mais le professeur d’histoire moderne. J’ai trouvé ce monsieur Bourdin (si j’ai bien retenu son nom) passionnant, et évidemment très agréable à écouter. Le thème du débat ? Assez vaste. La politique au sens large. Parmi les invités du débat, des représentants des syndicats étudiants, avec bien sûr un de « droite » (UNI) et une de « gauche » (UNEF). Le public était constitué essentiellement de jeunes étudiants. Et, comme on pouvait s’y attendre, tous ces jeunes gens et jeunes filles étaient très critiques envers la sphère politique traditionnelle. J’ai également bien noté que nos deux représentants syndicaux se revendiquaient d’une nouvelle génération de politiques. Bien bien bien… Sauf que moi, ayant quelques années de plus au compteur, j’ai été assez amusée de ce débat. Qu’ils me pardonnent s’ils tombent sur ces lignes mais ils me sont apparus (nos syndicalistes) comme des caricatures de ce qu’ils prétendent renier. Le garçon bien mis, petit pull en V, cravate, cheveux bien rangés raie sur le côté… coucou jeune umpiste ! La fille volubile, main dans les cheveux un coup à gauche un coup à droite… coucou jeune syndicaliste de gauche ! Physiquement, ils sont identifiables (et je précise que je n’aime pas dire ça, l’habit, le moine, tout ça, mais des fois…pfff…). Et idéologiquement… pardon mais j’ai l’impression que les combats et revendications des étudiants n’ont pas progressé d’un pouce depuis quinze ans. Et même depuis trente ans. Coût de la vie, débouchés post-diplôme, le prix du ticket de RU, bourses… ça m’interpelle quand même un peu. À croire que leurs prédécesseurs n’ont servi à rien. Bien malgré eux, ces militants sont entrés dans un moule dont ils se défendent, jusque dans leur apparence physique et leurs revendications. Mais je suis volontairement méchante avec ces braves petits. Ils sont engagés, passionnés et c’est évidemment mieux que rien. La « vraie » politique n’intéresse plus grand-monde. Il faut du spectacle, des larmes, du sexe et des raccourcis parce que tout leur bla-bla, là, on n’y comprend pas grand-chose et en plus on n’a pas le temps.
Et moi ? La politique ? Oui. Je vais voter. Je ne suis pas encartée car il m’arrive de panacher mes choix électoraux. Mais je m’intéresse à certaines problématiques et je trouve dangereux de se désintéresser de la vie politique, laissant le champ libre à toutes sortes d’opportunistes mal intentionnés. La prise de parole des citoyens n’a jamais été aussi simple qu’aujourd’hui, alors profitons-en !