Disons-le tout net, voilà un spectacle jubilatoire. Je suis une fan de Boris Vian depuis mon adolescence (oui je sais, c’est assez mainstream) mais je ne me suis jamais vraiment penchée sur ses chansons. Boris Vian était un touche-à-tout de génie et certaines ont traversé les générations sans pour autant qu’on soit capable de le citer comme auteur. Du coup, je n’étais pas totalement perdue dans ce spectacle joué à la Petite Gaillarde de Clermont-Ferrand le 19 janvier dernier…
La Compagnie Lazzi Serpolet présente le spectacle Boris reVian depuis 2011, essentiellement en Auvergne mais la petite troupe s’est aventurée jusqu’en Belgique, et même à Paris. Trois compères se partagent la scène. Musiciens, chanteurs, comédiens, danseurs (enfin presque)… je suis fascinée par autant de talents réunis. Sans compter la mise en scène et le travail d’écriture entre les chansons ! Du rythme, de l’émotion, de l’humour, des petites anecdotes bien amenées… « l’oncle Boris » n’aurait pas renié cette mise en scène foutraque mais précise.
Spectacle Boris reVian par airel63
(Dailymotion refusant d’intégrer les vidéos (sauf dans le tableau de bord d’édition de WP, va savoir pourquoi), tu n’as plus qu’à cliquer sur le lien pour voir un extrait du spectacle !)
Le Déserteur, parmi les plus connues, bénéficie dans ce spectacle d’une double fin extrêmement fine (merci JD pour l’anecdote). J’suis snob, Je bois, La java des bombes atomiques, La complainte du progrès (Les arts ménagers), On n’est pas là pour se faire engueuler, Tango interminable des perceurs de coffre-fort, Bourrée de complexes… et tout le public d’entonner pour le final « Ah si j’avais un franc cinquante, j’aurais bientôt deux francs cinquante… ».
[…]
Viens m’embrasser
Et je te donnerai
Un frigidaire
Un joli scooter
Un atomixer
Et du Dunlopillo
Une cuisinière
Avec un four en verre
Des tas de couverts
Et des pelles à gâteaux
Une tourniquette
Pour faire la vinaigrette
Un bel aérateur
Pour manger les odeurs
Des draps qui chauffent
Un pistolet à gaufres
Un avion pour deux
Et nous serons heureux
[…]
La Complainte du progrès (extrait)
Tiens, encore un point commun que nous avons. À 18 ans j’avais tout lu Vian je crois, même ses textes sur le jazz et son traité de civisme auquel je ne comprenais rien. J’avais (et j’ai toujours) ce double coffret des chansons de Vian chantées par lui-même, mais aussi par Higelin et tant d’autres. Vian m’a fait connaître Queneau, puis Perec, puis Roubaud… une littérature de la forme avec du fond, sans esprit de sérieux. Une poésie amoureuse de la langue, mais qui la tarabuste, la chatouille. Vian a été fondateur de mon attachement à la culture, aux jeux de langage, et sa tristesse qui se cache derrière ses pitreries à du me parler aussi. Si je peux, j’irai voir ce spectacle. Tu m’as donné envie de relire ses poèmes. J’y retourne immédiatement…
@Laurent : ah ben je viens de propulser un album dans mon panier Amazon (mais pas encore valider). Du coup ça m’intéresse d’avoir ton avis sur une référence en la matière : j’ai pris un album de Vian chanté par Vian et je me demandais si d’autres versions valaient le coup. Je suis tombée sur Deezer sur un double album interprété par la « nouvelle scène française » (enfin, un peu sur le retour) mais je n’ai pas aimé les orchestration, ni certains artistes (Olivia Ruiz, etc.)
Sinon je te rejoins sur l’amour de cette littérature ludique et déroutante, et souvent empreinte de mélancolie voire de désespoir.
C’est marrant car j’ai un peu le parcours opposé, connaissant le grand-oncle Boris bien plus pour ses chansons que pour ses livres (je suis inexplicablement toujours passé à côté, bien qu’ayant lu à l’adolescence Queneau, Pérec et autres ‘Pataphysiciens ou Oulopistes). J’ai à rattraper !
Concernant ses morceaux, je reste inconditionnel des orchestrations originales d’Alain Goraguer. Les reprises récentes, ça me fait toujours l’impression de devoir subir un « La Star’Ac chante Vian », même si tout n’est pas à jeter (je trouve Philippe Katerine parfait héritier de cette vague, mais j’ai peut-être été influencé en ce sens par le film de Joan Sfar).
Vian est un chanteur assez limité, et pourtant ses versions restent inimitables, à mon sens. Après, il a beaucoup écrit pour d’autres… Par exemple, le « Tango interminable des perceurs de coffre-forts » ne peut pas ne pas faire penser aux Frères Jacques. Henri Salvador ou Philippe Clay sont d’autres incontournables. Vian voulait travailler avec Gainsbourg, on ne saura hélas jamais ce que ça aurait pu donner…
(et si le spectacle repasse encore un peu dans les parages, c’est à ne pas louper, j’ai passé moi aussi un excellent moment)
@jdo : je peux te prêter des romans ;)
C’est quoi le film de Joan Sfar dont tu parles ?
la bio sur Gainsbourg, où Boris Vian/Philippe Katerine faisait plusieurs apparitions remarquées :) (et je suis preneur pour l’empruntissage de bouquins :) )
@jdo : haaaan ! je l’ai pas vu…
Alors tu sais que je suis fan aussi, de tout Vian, depuis loooooongtemps. J’ai eu la chance de voir ses chansons en seconde avec une prof géniale qui nous a fait comprendre plein de trucs. J’ai vu un spectacle du genre, et adoré aussi!
Et point de vue reprises, j’adoooooooooore « Je voudrais pas crever » par les Têtes raides et « Quand j’aurais du vent dans mon crâne » par un non star académicien, je crois, Reggiani ;-)
@Fred : j’sais pas pourquoi mais je sentais que tu allais laisser un petit commentaire là-dessus ;) Je ne connais pas les reprises dont tu parles, je vais chercher tout ça (même si, a priori, je n’aime pas les Têtes Raides (mais j’aime Reggiani))