L’étrange petit chat

J’ai vécu avec ce film la mise en abyme la plus spectaculaire de toute mon existence.

Rien que ça.

À un moment donné, un des personnages dit un truc du genre (auf Deutsch) : « l’autre jour au cinéma je me suis retrouvée toute seule dans la salle. Le projectionniste a bien voulu passer le film quand même. J’ai eu peur que quelqu’un vienne m’égorger par derrière. »

Et voici mon tweet prophétique, cinq minutes avant le début de la séance : « Seule comme un panda dans la salle de ciné… #fear »

O_o

Je me demande si le projectionniste du Capitole a esquissé le même sourire que moi lors de cette réplique. Ou s’il était parti fumer une clope et boire un café.

En tout cas, ce film a un titre étrange, avec le mot étrange dedans. Le scénario est étrange. Et ma situation lors du visionnage doublée de la réplique en question était indubitablement étrange.

létrangepetitchatBon alors sinon… j’avais vu la bande-annonce de ce film, et ça m’avait fait envie. J’ai lu quelques critiques… plutôt positives, voire dithyrambiques. Je serai plus nuancée.

L’histoire se passe dans un appartement allemand, dans lequel une famille ordinaire vaque à ses occupations. Un quasi huis clos filmé entre deux portes, où le ballet du quotidien déploie une chorégraphie millimétrée. Du petit déjeuner au dîner familial du soir, rien ne nous est épargné, de la réparation de la machine à laver à la mamie qui dort, en passant par le chien qui joue à la baballe.

Aucune intrigue dans ce film, si ce n’est l’organisation du dîner du soir. On pourrait presque s’emmerder si ces plans fixes sur les visages ne nous filaient pas parfois quelques frissons dans le dos. La mère paraît préoccupée en permanence. Le neveu adolescent a l’air franchement perturbé, la grande fille totalement perchée, la grand-mère dépitée… personne ne semble se rendre compte de quoi que ce soit à part nous. Et alors le chat dans tout ça ? On l’aperçoit de temps à autre… un petit roux qui grimpe sur la table, qui se fait tantôt câliner tantôt dégager, et que certains personnages font parfois mine de violenter discrètement. Observateur indifférent du ballet des humains (et du chien), le chat semble cristalliser toutes les rancœurs indicibles.

Interprétation difficile de ce film « étrange »… la réalisation de Ramon Zürcher est impressionnante autant qu’étouffante. On a envie de quitter cet appartement au plus vite (et pour ma part, en embarquant le chat). Au-delà de cette famille finalement pas si étrange, c’est notre quotidien qui nous saute à la figure. La machine à café qui fait du bruit, les poubelles de verre qu’on range dans un coin, les poils de chien dans le verre de lait, les placards qu’on ouvre et qu’on referme, le tambour de la machine à laver qui ronronne et qui fait un bruit de fin de monde au moment de l’essorage… autant de petits riens qui d’un coup prennent toute la place à l’écran et nous ramènent à notre propre chorégraphie quotidienne.

2 Comments

  1. Je viens d’apprendre la signification de « mise en abyme  » ( Moi,je serais sortie même avant la mise en abyme. Trop flippant )Quel est le nouveau sens de « perchée » que je viens d’entendre pour la première fois,employé par Emmanuelle Béart pour parler du personnage qu’elle incarne dans son nouveau film ? Folle,névrosée,déséquilibrée ?

T'as un truc à rajouter ?

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