Balade à Montjuzet avec la LPO

Quand je vais à Montjuzet, le plus grand parc clermontois, c’est souvent au printemps, pour y photographier les cerisiers en fleur (genre comme l’année dernière). J’y vois donc des arbres, des fleurs, des promeneurs, des chiens, des joggers… mais j’admets que je ne fais jamais attention aux oiseaux. Je n’y connais rien en oiseaux. A part les cygnes et canards du jardin Lecoq et les martinets qui virevoltent devant mon balcon les soirs d’été. C’est déjà pas mal, tu me diras !

C’est donc pour la première fois que j’ai participé à une balade en compagnie d’un guide de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Et pour cette première, je n’ai pas eu à me déplacer bien loin puisque c’était donc à Montjuzet.

montjuzet

Un samedi matin à 9h, ça tire un peu sur les côtelettes (surtout pour moi qui suis venue à pied et qui me suis tapée tout le parc à traverser en diagonale, ça grimpe sévère !), mais le matin est le meilleur moment pour observer et écouter les oiseaux. Sans compter qu’à cette heure-là, on n’est pas trop emmerdé par les promeneurs et hordes d’ados en goguette.

Nous étions un petit groupe d’une petite dizaine de personnes pour suivre Matthieu, notre guide pour la matinée. C’est un peu frustrée que j’étais venue sans jumelles mais finalement, il a fourni chacun d’entre nous en matériel ! D’où l’intérêt de réserver au préalable…

jumelles

Première chose à faire pour observer les oiseaux… tendre l’oreille ! Pour moi, rien ne ressemble plus à un cuicui qu’un autre cuicui. Matthieu avait sur son téléphone portable toute une série de chants d’oiseaux afin de nous les faire écouter au préalable. Attention ! Ces chants enregistrés sont à utiliser avec une extrême parcimonie lorsque vous êtes en balade ! En effet, les oiseaux du coin peuvent croire à l’arrivée d’un petit nouveau, ou pire, d’un prédateur, et se sentir en danger. Nous en avons même fait l’expérience avec une fauvette à tête noire (?? Je ne sais plus, ou un autre) dont le chant s’est transformé en cri d’alarme. Donc évitez de vous servir de ça, préférez enregistrer ce que vous entendez, afin de le comparer tranquille à la maison sans déranger personne. Ou apprenez-les par cœur.

Le parc de Montjuzet a été recensé par les équipes de la LPO. Il n’y a pas moins de 61 espèces qui s’y croisent, durablement ou de façon temporaire. Les oiseaux ne sont pas les seuls petits habitants, on y trouve aussi des écureuils, des hérissons et il se raconte même qu’on y a vu un chevreuil. Quelques heures plus tard, j’en avais confirmation avec Anne-Lise du Plan B, qui l’a vu de ses yeux. True fact. Mais il n’est sûrement pas resté, probablement en transit entre Chanturgues et d’autres espaces plus sauvages que Montjuzet. Ne le cherchez pas, vous risqueriez de déterrer un squelette humain vieux de 15 ans (private joke pour les Clermontois). A la fin de la balade, Matthieu a noté sur un carnet toutes les espèces vues ou entendues. Une vingtaine au totale, que je serais bien en peine de vous citer.

Le parc Montjuzet, ainsi que celui du Creux de l’Enfer (à Clermont également), seront classés à l’automne « refuge LPO ». Excellente nouvelle et initiative qui n’est pas sans conséquences. En effet, pour être refuge LPO, il faut répondre à un certain nombre de contraintes, dont nous avons pu observer les prémices samedi matin. Un parc municipal, c’est habituellement des allées au cordeau, des pelouses tondues à ras, des bordures bien propres, des fleurs en rangs serrés dans les parterres, parfois des pesticides… Désormais à Montjuzet, le pied des arbres est touffu, les bordures abandonnées à une certaine sauvagerie de plantes échevelées… tout ça afin de préserver un écosystème et une biodiversité nécessaires à l’épanouissement des oiseaux bien sûr, mais aussi des batraciens, insectes… Il est donc parfaitement inutile d’envoyer un mail rageur aux services techniques de la Ville pour se plaindre du boulot qui n’est ni fait ni à faire (il y en aura, j’en prends le pari). C’est fait EX-EUH-PRÈS ! OK ? Et qui s’en plaindrait ? On peut désormais admirer des orchidées sauvages ! Elle est pas belle la vie ? Attention où vous mettez les pieds, les herbes folles peuvent parfois cacher de véritables trésors.

fleurs

orchidées

Notez que vous pouvez demander le classement de votre jardin en refuge LPO. Pour ça, il vous suffit de respecter la charte. T’as un jardin ? Alors go !

Le classement refuge LPO ne signifie pas installation de trucs partout. Le sachiez-tu ? Le gros nichoir situé au sommet de Montjuzet n’a jamais accueilli le moindre oiseau. Faut croire que la sophistication de cette résidence collective clé en main ne leur plaît pas. En plus c’est l’endroit le plus fréquenté par les badauds… quelle idée ??

Le nichoir en arrière-plan
Le nichoir en arrière-plan

Bon et sinon, j’en ai vu des oiseaux ? Quelques-uns oui. Les premiers que j’ai croisés en arrivant me barraient le chemin : des pigeons bien gras. Ceux-là on peut difficilement les rater. Ensuite, alors que nous étions au sommet du parc, nous avons pu observer un milan noir en pleine séance de chasse, à savoir en train de planer sur place. Certains participants amateurs d’ornithologie et de photo étaient équipés de gros téléobjectifs, j’espère qu’ils auront fait de meilleurs clichés que les miens. J’ai aussi aperçu un petit rouge-gorge, ainsi qu’un choucas des tours, qu’on confond souvent avec la corneille. Si j’en crois Matthieu nous avons entendu un roitelet, une fauvette à tête noire, un pouillot véloce, un merle, une mésange, aperçu un épervier… J’ai appris que la sitelle se servait des anfractuosités de l’écorce des arbres comme d’un étau pour casser des graines. J’ai aussi découvert avec stupéfaction qu’il existait des accents régionaux même chez les oiseaux.

milan

Il est là !
Il est là !

choucas_pigeons

choucas

J’avais peur de m’ennuyer et d’être déçue par cette balade. Pas du tout ! Aller observer les oiseaux, même si on n’en voit pas beaucoup, est une expérience très enrichissante, et qui demande beaucoup de patience. On ne peut en effet dissocier les oiseaux de leur environnement, ce qui comprend bien sûr la végétation au sens large (ou le patrimoine bâti, paraît que certains zozios ont un goût prononcé pour les bâtiments classés), leurs proies et leurs prédateurs… tout un écosystème passionnant et méconnu. J’ai très envie de faire d’autres sorties de ce type dans d’autres univers, plus sauvages.

Matthieu nous a parlé d’un parc très très nature à Pont-du-Château et que je suis bien curieuse de découvrir : le Serpolet. Si certains d’entre vous connaissent… j’attends vos avis !

L’agenda du site de la LPO Auvergne est très fourni, je vous invite à le consulter pour trouver une balade près de chez vous. Un grand merci à Matthieu pour cette belle promenade semi-urbaine.

Je vous invite aussi, si vous avez un bout de jardin, à créer votre espace d’observation sur www.oiseauxdesjardins.fr, afin de recenser vos petits voisins à plumes.  Je me demande si je ne vais pas enregistrer mon balcon, vu que le terrain de sport en bas accueille pas mal de bêtes sauvages (et je ne parle pas des ados de Fénelon).

Enfin, sur Faune Auvergne, vous trouverez des renseignements plus techniques et précis sur les observations faites sur le terrain.

rougegorge

6 Comments

    1. @sdf de luxe : maintenant quand j’entends un cri un peu inhabituel, je ressens une grande frustration de ne pas savoir de qui il provient ! Et l’autre jour j’ai observé un écureuil se faire chasser par un chat… dans le parking de la résidence voisine :) Je ne sais pas qui a gagné par contre mais je pense que c’est l’écureuil !

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