Alors c’était tellement bien, le concert pirate du Delano Orchestra à l’ancienne gare routière, que j’ai remis ça le vendredi soir.
Même processus pour participer à l’événement : un petit message à la Clermontoise de projection underground et j’avais le lieu et l’heure de rendez-vous. Avec une précision en plus par rapport à la fois précédente : couvre-chef recommandé pour éviter les collisions avec le plafond… de la cave. Après être montée dans les étages de la gare routière, j’allais descendre dans les entrailles de Clermont !
A 21h, le groupe se met en ordre de marche pour une petite randonnée urbaine en direction d’un immeuble privé dans les ruelles historiques du plateau central. Privé donc chut ! Une fois la porte franchie, pourtant protégée par un interphone, on traverse le hall en silence et au bout, un escalier escarpé se révèle sous nos pieds. A son entrée, une affiche officielle du festival côtoie une invitation à destination des résidents de l’immeuble, s’ils souhaitent se joindre à la fête. Espérons qu’ils n’aient pas invité la maréchaussée également…
Pour descendre, l’allumage des lampes de poche est obligatoire pour ne pas dégringoler la tête la première. En bas, une immense cave voûtée accueille Morgane Imbeaud et Guillaume Bongiraud, déjà en place. Morgane Imbeaud, c’est la moitié féminine du groupe Cocoon, qui vole désormais de ses propres ailes. Pour ce soir, elle est en très bonne compagnie avec Guillaume Bongiraud, virtuose du violoncelle qui était déjà de la partie avec The Delano Orchestra deux jours avant. Tous deux se lancent dans un set très délicat de reprises que je ne connaissais pas pour la plupart, à part « Skyfall ». Violoncelle, clavier, et la voix cristalline, sur le fil, de Morgane Imbeaud, protégée par une écharpe car c’est que la température est fraîche dans cette cave ! Le public, assis sur une terre battue humide, est sous le charme de ce duo dont la poésie tranche avec l’austérité du lieu. Le set est trop court, encore. A la demande de l’organisateur, nous avons droit à un petit rappel à base d’Etienne Daho, « Comme un boomerang ». Le souvenir de cette soirée me reviendra, tel un boomerang, lorsque j’entendrai cette chanson. C’est certain.
Le temps de plier le matériel du groupe, le public a quartier libre pour visiter la cave. Je n’avais pas réalisé, en entrant, que je pénétrais un dédale de couloirs, d’escaliers et de salles souterraines. Je suis fascinée par la surface de cet espace. J’ai certes un chapeau pour éviter les chocs avec les parois mais je n’ai pas les bonnes chaussures. Je glisse, avec mes semelles lisses, sur les gros cailloux humides mais qu’importe, je veux visiter ! Je descends ici, je monte par là… des salles, des alcôves, des niches… je mouline furieusement ma lampe de poche pour éclairer les moindres recoins, j’essaie de deviner le passé de cette cave sans y parvenir. Un vrai palace ! Je me suis munie de mon bridge donc je peux prendre quelques photos au flash pour immortaliser ce lieu que je ne reverrai sûrement jamais. La balade est courte, c’est déjà l’heure de la projection des courts-métrages. Morgane et Guillaume sont restés.
Nous occupons ce lieu de façon tout à fait illégale. Par contre la Clermontoise de projection underground met tout en œuvre pour obtenir les droits de diffusion des courts-métrages projetés lors de ces soirées. Autant dire que je trouve la démarche particulièrement louable ! La Jetée (centre névralgique du festival du court-métrage) a prêté des films. L’organisateur a eu l’autorisation d’un réalisateur que même la Jetée n’a pas pu obtenir. Mais ce Caro et Jeunet, là, qui ouvre la séance… on n’a pas les droits. Bon. Tant pis ! « Le bunker de la dernière rafale » est pourtant visible sur Youtube.
Ce court date de 1981 et déjà, on y trouve l’univers si caractéristique de ces réalisateurs de génie. Ça m’a donné envie de revoir leurs films, non revus depuis longtemps. L’apparition de bestioles après quelques minutes d’images me fait tout à coup fait prendre conscience du lieu dans lequel je me trouve. Excitée, fascinée par la découverte, j’en ai oublié l’éventuelle présence d’araignées et autre cloportes. Je regarde à gauche, à droite, à mes pieds, au plafond, d’où tombent quelques gouttes. De toute façon je n’y vois rien. La trouille m’étreint quelques instants puis disparaît. C’est pas la petite bête qui va bouffer la grande quand même ! En tout cas, le choix des films de ce soir, à forte tendance claustrophobe, a l’effet escompté sur moi. Le Caro et Jeunet est particulièrement glauque, à base de militaires chauves qui s’entre-tuent dans un bunker. Et avant de plonger dans un sous-marin oppressant, petit interlude joyeux avec une exploration nocturne de l’Opéra Garnier, faite en toute décontraction.
Le court sur le sous-marin, vu qu’il n’était pas inscrit sur le programme fourni, et compte tenu de ma mémoire de poisson rouge, je suis incapable de vous donner les références. C’est un réalisateur italien, qui était donc ravi de connaître les conditions dans lesquelles son film allait être diffusé.
Fin des films. Il est temps, je suis frigorifiée. J’ai bien apporté un gilet en plus de ma veste mais j’ai fini par m’asseoir dessus (protégé dans un sac plastique) en raison de l’inconfort et de l’humidité du sol. Nous remontons en silence en direction de la surface de la terre, et savourons avec délectation la douceur estivale de l’air, malgré l’heure tardive. Les terrasses des bars et des restaurants sont animées, joyeuses… et je rentre chez moi, une bestiole desséchée accrochée au feutre de mon chapeau.
De nouveau, un grand merci à la Clermontoise de projection undeground pour cette soirée qui m’a fait regretter de n’avoir pas participé à toutes les autres. Apparemment celle du jeudi soir était particulièrement chouette. Frustration. J’attends maintenant les prochaines avec impatience !
Trop de frustration de ne pas être à Clermont en ce moment alors qu’il se passe tant de choses chouettes !! En plus, je suis totalement amoureuse (oui tout ça) de Guillaume Bongiraud depuis la première fois que je l’ai vu joué avec Delano Orchestra il y a quelques années. En tout cas, ces 2 soirées avaient l’air géniales !
@Marie : je te confirme qu’en ce moment il se passe beaucoup de choses et même beaucoup trop !! Il faut faire des choix et remplir les agendas au risque d’y laisser une grosse partie de son sommeil ! Je confirme aussi que j’ai toujours autant de plaisir à voir jouer Guillaume Bongiraud. J’espère qu’il passera par là pour découvrir ta déclaration d’amour ;)
Adolescent j’adorais Jeunet (comme tout le monde) puis je l’ai boudé surtout à cause de l’affreux « Micmacs à tire-larigot », caricature de son propre cinéma. Puis il y a quelques jours, j’ai eu la bonne surprise de découvrir le merveilleux « L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet ». Un film sans prétention, qui prend son temps et où le style et les dispositifs de Jeunet conviennent tout à fait à la narration. Une belle réussite. Le « bunker » est un court-métrage culte et comme beaucoup… irregardable !
@Laurent : ah oui, atroce ce Micmac… je crois bien que je me suis endormie devant, je ne comprenais rien à rien. Je n’ai pas vu celui que tu cites, je vais m’y intéresser du coup ! Le bunker est en effet… particulier. M’enfin les bases sont là ;)
Bientôt sur ce blog, deux nouveaux billets : « Ma soirée au commissariat », puis « Découverte des sous-sols de la maison d’arrêt ». ;-) Je prépare les oranges (forcément) pour ma visite.
@Val : ahah oui j’y avais pensé aussi ;) Ça pourrait être sympa !