Voici la dernière production des studios Ghibli. Peut-être même la dernière pour de vrai, car les affaires vont mal depuis que les grands fondateurs Miyazaki Hayao et Takahata Isao ont pris leur retraite après un dernier film chacun (Le vent se lève pour le premier et Le conte de la princesse Kaguya pour le second).
Pour diriger ces Souvenirs de Marnie, Yonebayashi Hiromasa. C’était en soi une bonne nouvelle puisque j’avais beaucoup aimé Arrietty et le petit monde des chapardeurs, qu’il avait réalisé également. J’attendais donc beaucoup de ces Souvenirs… Un peu trop peut-être.
Anna est une jeune adolescente taciturne. Elle aime dessiner, est sage et disciplinée mais trimballe une mélancolie qui ne s’arrange pas avec le temps. Suite à une violente crise d’asthme, sa mère adoptive l’envoie prendre l’air quelque temps à la campagne, chez un couple volubile et généreux. Anna prend ses marques difficilement mais se prend de passion pour les paysages environnants, et notamment une vieille bâtisse bourgeoise protégée par un marais. D’apparence abandonnée, Anna va pourtant y rencontrer une jeune fille blonde, Marnie, qui cherche à échapper à son quotidien doré mais solitaire. Les deux adolescentes vont confronter leur souffrances et lier une amitié intense mais étrange. Anna perd régulièrement la trace de Marnie, qui semble s’évaporer en permanence. Entre rêve et réalité, Anna a rendez-vous avec ses blessures les plus intimes.
Sur la forme, j’ai retrouvé ce qui m’avait tant plu dans Arrietty, cette nature généreuse et luxuriante, un niveau de détail qui distille poésie et émerveillement à chaque plan. Les personnages sont attachants et j’ai particulièrement aimé la petite Sayaka et ses grandes lunettes, ainsi que ce gentil couple qui accueille Anna. J’ai trouvé Marnie un peu trop exaltée par rapport aux autres personnages, un peu plus artificielle face à une Anna au contraire particulièrement grave pour ses 12 ans.
Le rythme est particulièrement lent pour un film d’animation. Le dénouement est amené avec une progression de marée, qui reflue brusquement pour avancer de quelques centimètres à la prochaine vague. Comme ce marais qui selon les heures permet d’accéder à la maison ou d’y rester coincé.
Sur le fond, ne cherchez pas les thèmes chers à Miyazaki, comme l’amour de la nature ou la dénonciation de la guerre. Souvenirs de Marnie est une plongée intime dans les émotions d’une gamine qui tente de savoir qui elle est et quelle est sa place dans la société. Si le thème est beau et intéressant à creuser, il n’a pas suffit à me nourrir suffisamment de ce souffle poétique, de ce tourbillon magique auxquels les studios Ghibli nous ont habitués. Yonebayashi s’est affranchi de ses maîtres, certes, en conjuguant esthétisme du trait et réalisme, mais sans oser pousser trop loin l’onirisme de son sujet, qui pourtant aurait eu sa place dans ce scénario épuré (inspiré d’un roman britannique « When Marnie was there »).
Un peu désorientée par ce film bousculant les nombreux codes de Ghibli, et si différent d’Arrietty. Je reste sur ma faim et j’espère que ce ne sera pas le dernier films sortant de ces studios mythiques.
Une grand merci à Maïko et Tetsuya de l’association JANA, qui ont comme d’habitude accueilli chaleureusement les spectateurs et partagé quelques informations intéressantes sur l’origine du film. Comme à chaque fois, la librairie Momie était là pour proposer un petit quizz et des cadeaux. Et merci au cinéma Les Ambiances pour ces soirées d’animations !
Je ne jure que par la VOSTFR, mais mon fils qui a 7 ans préfère encore les versions doublées. Je regrette que le cinéma Les Ambiances n’ait pas aménagé des séances pour les plus jeunes.
@Laurent : ah mince… et pas de ciné goûter prévu? Il faut en parler à Maïko, peut être que ça peut s’envisager.