Dimanche 1er mars dernier, le Musée d’art Roger Quilliot de Clermont-Ferrand accueillait une nouvelle session, la 8e du nom, de FAC’tory, l’événement organisé par l’asso étudiante Fac Coopé. La 7e, j’y étais mais je t’en ai pas parlé parce que j’ai pas aimé. Ça arrive. Même aux meilleurs. Bon bref, c’est tout de même confiante que je suis allée au MARQ car Dempster Highway, je l’avais déjà vu jouer et j’avais trouvé ça prometteur (avec quelques bémols, mais j’y reviendrai). Et Eric Chenaux, je ne connaissais pas du tout et j’ai pris la peine d’écouter quelques titres chez moi avant de venir.
Je tiens avant tout à manifester mon mécontentement devant l’abandon des concerts dans les salles d’exposition. La session précédente et celle-ci se sont déroulées exclusivement dans la salle du rez-de-chaussée dédiée en général aux expos temporaires mais inoccupée à ces dates-là. Je trouve ça super méga trop dommage. J’ignore si c’est la configuration matérielle des groupes qui l’exige ou si ce sont des raisons de « sécurité » vis-à-vis des œuvres mais je trouve bien tristounet de m’enfermer dans une pièce sans fenêtres et dénuées d’œuvres, ça n’a plus aucun intérêt de se déplacer au musée. J’ai vécu de forts jolis moments et de jolis moments forts au milieux des tableaux ou des sculptures, ou même tout simplement sous la grande verrière, et ce contexte rajoute indéniablement une petite touche de magie à la musique, drapée d’une dimension nouvelle et résonnant d’une émouvante intensité. Mais bref. En plus on s’assoit par terre sur du carrelage gelé alors quand on est vieux et mal foutu… Mais bref. Et il fait super sombre alors pour prendre des jolies photos… Mais BREF ! J’arrête de râler ;)
Dempster Highway. Je ne l’aurais pas reconnu. Je serais bien incapable de décrire à quoi il ressemblait lorsque je l’avais vu sur la scène de la petite Coopé mais c’est sûr, pas à ça. La moustache peut-être. Musicalement… je trouve que ça a un peu changé aussi. Pas mal même. J’avais le souvenir d’une voix très nasillarde presque caricaturale dans un contexte folk et je suis agréablement surprise par un ton plus maîtrisé, moins en force. En face de lui et de sa guitare, Edwige Mazel et son violoncelle. Derrière eux, des photos défilent, prises par Dempster Highway au cours de ses séjours aux États-Unis. Des paysages grandioses, un sac échoué au bord de la route, une virée qu’on devine initiatique, nourrissante, inspirante et déjà, empreinte d’une nostalgie lancinante avant même qu’elle n’ait atteint son terme. C’est ce que j’ai ressenti en écoutant les morceaux. Beaucoup d’émotions, des respirations soudaines, silences suspendus au milieu des accords mélancoliques de la guitare et du violoncelle.
Un album va prochainement être produit par le label crowdfundé Microcultures, qui a notamment permis récemment la sortie de l’excellent album de Pain-Noir. En attendant, vous pouvez aller faire un petit tour sur le Bandcamp de Dempster Highway.
http://dempsterhighway.bandcamp.com/
Après une pause de quelques minutes, c’est Eric Chenaux qui s’installe dans la petite salle sombre. Ce qui frappe chez lui, c’est le déséquilibre titubant entre sa voix pure, légère, harmonieuse et ses accords de guitare qui tout à coup déraillent, se séparent, virevoltent, s’entrechoquent, s’éparpillent l’espace de quelques secondes pour revenir sagement dans le rang bien droit des cordes. Une guitare, quelques bidouilles électroniques subtiles, une voix de miel, et des mélodies planantes, oniriques. Eric Chenaux déroule une musique en forme d’arabesque, dont on ressort un peu groggy, un peu pompette, mais apaisé, protégé d’une invisible armure de gaze cotonneuse.
Y avait quoi dans le rainbow cake préparé par Fac’Coopé en fait ?
Plein de choses à écouter librement ici : www.muraillesmusic.com/artistes/eric-chenaux