J’ai découvert le festival international de théâtre de rue d’Aurillac il y a deux ans seulement. Enfin, je veux dire que je n’y étais jamais allée auparavant, j’en avais entendu parler bien évidemment ! C’est donc avec enthousiasme que j’y suis retournée pour une journée cette année. En plus, c’était la 30e édition, l’âge de raison ? Oulà non ! 600 compagnies de passage (le fameux off) attendues et 120 lieux de représentation éparpillés dans toute la ville. Ça en fait du saltimbanque au mètre carré !
Partis de très bonne heure (7h30), avec une pause inutile à Murat (j’y reviendrai dans un autre article), c’est sur les coups des 10h et quelques que nous sommes arrivés à Aurillac. A cette heure-ci, la ville se réveille tout juste, les spectacles n’ont pas encore vraiment commencé. Il fait un temps radieux, ça laisse le temps de passer à l’office de tourisme pour acheter le programme off, de s’arrêter prendre un café et une viennoiserie (et de faire pipi) avant de démarrer.
Démarrage difficile d’ailleurs. Le programme off, un peu mal foutu et classé par horaire et par ordre alphabétique des compagnies, ne permettait pas de sélectionner par quartier (de l’hyper-centre). C’est donc au petit bonheur la chance que nous avons déambulé dans les rues à la recherche de spectacles intéressants.



Mauvaise pioche lors d’un premier arrêt. Bonne pioche lors du second sur la place Saint-Géraud avec la compagnie Ocus et son « Prince à dénuder » : un duo composé d’une princesse un peu capricieuse et d’un prince doté d’un tempérament bien trempé également. Sérénades mais aussi courses poursuites et bastons au programme de cette parade amoureuse ! Direction ensuite le petit square de Vic où nous sommes tombés sous le charme d’un clown bricoleur de la Compagnie à Tiroirs, dans un spectacle intitulé « Ce n’est pas commode ». Au sens propre ! Une astucieuse commode pleine de tiroirs un peu magiques a servi de compagne facétieuse à un clown un peu bêta, très maladroit mais particulièrement créatif. J’ai beaucoup aimé cet univers rappelant les jeux de l’enfance, où deux cubes mis bout à bout deviennent un train à vapeur tout à fait crédible. Si les enfants ont pu s’amuser des cabrioles et des grimaces, les adultes ont pu apprécier les subtilités des références !
Après un déjeuner sur le pouce à base de fromage de chèvre, c’est tranquillement que nous nous sommes dirigés vers la cour du lycée Émile Duclaux. En chemin on a croisé un drôle de fakir et on se demande encore quel était leur truc pour tenir !


Au lycée Duclaux, rebaptisé pour l’occasion la Cour d’Émile, nous sommes venus voir la Compagnie de l’Abreuvoir. Le nom doit, j’espère, vous dire quelque chose puisque c’est une Compagnie clermontoise que j’affectionne particulièrement. Novecento : pianiste ou Tous les matins je me lève… je suis avec attention leur actualité et ce Retour du Roi m’avait souvent fait de l’oeil sans que je trouve l’occasion d’aller le voir. C’est chose faite ! Sur scène : un larbin qui tente de galvaniser les foules avant l’arrivée du roi, et le roi, bien sûr, qui arrive en terrain conquis. Derrière cette fable politique pleine d’humour, c’est un véritable discours d’actualité qui attend les spectateurs. Pensée unique, tentatives de museler l’opinion publique et les journalistes, dérive vers les extrêmes… cette pièce à la particularité de s’adapter à l’actualité du moment, ce que nos deux compères n’ont pas manqué de faire, pour le plus grand plaisir du public d’Aurillac.


Comme l’ambiance était bonne et le lieu hautement plaisant (ombre à gogo, pelouses appelant à l’étalage, buvette, toilettes…), nous sommes restés pour le spectacle suivant, donné par la Compagnie Les Décatalogues : la Méthode Urbain, avec en sous-titre « Devenez maître du monde en 5 stratégies et moins d’une heure ». Vaste programme ! Et utile avec ça ! Prenons des notes ! Notre « formateur » est arrivé en avance, nous gratifiant d’une bonne demi-heure d’improvisation jouissive et de jeu avec le public. C’est ensuite que les choses sérieuses ont commencé et que très vite, cette formation a dérivé vers une prestation de mentaliste bluffante. Manipulation, hypnose, révélation d’informations personnelles de certains spectateurs… je ne vais pas vous dévoiler la fin mais on ressort du spectacle avec un bon paquet de questions en suspens. Un super spectacle, drôle, interactif et bluffant.
Avant de trouver un endroit pour se restaurer, nous avons de nouveau traîné du côté de la place Saint-Géraud où un type complètement déjanté lançait des cacahuètes au public, lui faisait ranger son matériel ou envoyer des rouleaux de scotch, le tout dans un charabia que j’ai identifié comme de l’allemand mais la compagnie (Circolabile) est italienne. Bref, ce spectacle « O comme…cacahuète » a réjoui petits et grands.
Nous avons englouti une pizza juste à côté et avons décidé d’aller voir le Collectihihihif dans « Les the Closh » avant de reprendre la navette vers le parking. Nous les avions déjà vus il y a deux ans dans un super spectacle (joué également cette année à d’autres horaires) mais c’est déçus que nous sommes repartis. Une mise en scène lourdingue, des dialogues poussifs, pas de rythme… on pensait finir sur une touche positive grâce à cette troupe que nous connaissions déjà mais ce fut raté. P’t-être qu’on était trop fatigués. Mais on a malgré ça passé une excellente journée et vu de très bons spectacles dans une ambiance toujours festive et bon enfant. Que le festival, désormais trentenaire, garde son âme de sale gosse. Ça lui va tellement bien !
Reprise du bus-navette en direction du parking du Prisme et départ vers… Murat où nous avons passé la nuit. J’y reviendrai dans un deuxième billet, ainsi que sur notre petite rando autour d’une belle cascade. Un troisième article cantalou vous emmènera au château d’Alleuze et rien que pour ça, je vous demande de rester par ici ;)