Martin a la petite quarantaine. Bel homme, un bon job, une jolie maison, une charmante épouse et un petit garçon. Sa vie dans cette petite ville de Norvège coincée entre l’eau et deux montagnes s’écoule paisiblement et on se demande ce qu’il pourrait bien manquer à ce tableau idyllique. Et pourtant.
Mid-life crisis is coming…
Martin, une fois arrivé le vendredi soir, n’a qu’une idée en tête : s’équiper de pied en cap et partir à petite foulée vers les montagnes pour y passer le week-end. Seul.
Martin est à cette période de l’existence où l’on fait une sorte de bilan intermédiaire, et où on se demande si à tout hasard il ne serait pas encore possible de partir dans une autre direction, sur un autre chemin, pour peut-être tenter d’être plus heureux. Peut-être.
Le chemin. Le chemin que Martin prend dans la montagne. Celui qu’il a fait jusqu’à présent. Celui qu’il aurait pu prendre. Celui qu’il voudrait prendre. Martin nous emmène loin sur son chemin personnel, intime, très intime.
Tellement intime que le réalisateur, Ole Giæver, n’a pas trouvé mieux que lui-même pour interpréter Martin. Ce film est une immersion dans les pensées d’un jeune quadra plein de doutes et d’envies, un quadra qui parfois repasse par les stades de l’enfance et de l’adolescence, ceux où on ne contrôlait pas grand-chose mais à l’époque, c’était pas grave. Paternité, sexualité, vie de couple… Martin ne sait plus où il en est et ce qu’il veut. Il ne se sent pas à sa place mais d’un autre côté, il a l’impression d’avoir choisi cette vie-là. Alors pourquoi cette fuite ? Le film n’apporte pas de réponse, évidemment, ce serait trop simple. Mais il viendra réconforter celles et ceux qui parfois, ou même tout le temps, sont en proie aux doutes et aux envies de tout envoyer bouler. Quelle que soit l’issue qu’on choisit, elle est nécessairement le fruit d’une profonde réflexion, nourrie par une longue histoire personnelle ou des pulsions primaires.
Sur la forme, ce « cheminement » est très basiquement mis en scène par un week-end de randonnée dans la nature. Solitude, obstacles, intempéries, rencontres inopinées, la métaphore est évidente sans être pesante. La beauté des paysages norvégiens y est pour beaucoup et réveillera à coup sûr chez les amateurs du genre l’envie irrépressible de chausser les godasses de rando. Respirer, vivre sans contraintes horaires si ce n’est le rythme du soleil… et réfléchir sans entraves. Ou presque ! Si Martin a choisi de s’isoler ce week-end là, il n’en a pas moins pensé à emporter son téléphone portable, pour échanger des SMS, écouter de la musique ou regarder une vidéo porno. J’ai aimé cette entorse ô combien pleine de sens à ce besoin d’isolement, témoin de nos contradictions les plus basiques, pour ne pas dire consternantes.
Natür therapy, malgré une intention vue et revue au cinéma, réussit le joli exploit d’émouvoir grâce à une authenticité confondante, et aussi grâce à ces paysages qui titillent chez chacun de nous l’envie de claquer la porte et d’aller voir ailleurs.
Pour votre prochain jogging, faites comme Martin et collez-vous ça dans les feuilles :
Cool, merci ;) VOST only I suppose ? Plus que 2 jours, me’de me’de me’de…
Dom.
>
@Dominique : on est à la 2e semaine de diffusion au Capitole… vu les horaires y a des chances pour qu’il disparaisse mercredi prochain… :) Techniquement tu as encore 3 jours ! ;)