Demain

C’est toujours avec une pointe d’appréhension que je me rends au cinéma pour voir un film documentaire sur l’environnement, l’écologie et tous ces thèmes de société très engagés. Ce Demain, réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent n’a pas échappé à la règle. A plus forte raison avec la présence de la jeune actrice aux manettes. Je l’apprécie à l’écran, mais son engagement me laisse perplexe, comme pour toute personnalité du show business en somme, dont on peut douter de la sincérité. Je suis peut-être, je l’espère même, victime de mes préjugés. Bref.

demainElle et Cyril Dion (qui a dirigé l’asso Colibris pendant plusieurs années) ont parcouru le monde (bilan carbone compensé) pour rencontrer celles et ceux qui essaient de changer le monde : agriculture, industrie, éducation, politique… c’est un panel de bonnes pratiques innovantes qui est proposé aux spectateurs dans ce film.

[NDLR : je euh…hem… me suis légèrement endormie pendant la projection. Voilà voilà. Merci d’en tenir compte à la lecture de cette critique ^^]

Le film débute sur un constat : une étude qui démontre que le monde tel que nous le connaissons risque de disparaître. Surconsommation, surpopulation, pollution… l’humanité est en train de s’auto-digérer et même de s’entre-tuer. Que faire ? Des jardins partagés au coeur des villes à la démocratie citoyenne, en passant par les monnaies locales et la gestion d’entreprise. Là où les autres documentaires du même genre dénoncent toutes griffes dehors, celui-ci se focalise a priori sur les feel-good solutions. Je dis a priori parce qu’à bien y réfléchir il y a quelque chose qui me gène dans tout ça. Les jardins partagés c’est cool, les monnaies locales c’est rigolo on dirait des billets de Monopoly, les écoles finlandaises font rêver… toutes ces « solutions » ne solutionnent rien, finalement. Ce sont de belles initiatives à échelle ultra-locale mais… qui consistent à mettre les problèmes de côté. L’industrie agro-alimentaire veut nous vendre de la merde à prix d’or ? Pas grave, on va acheter des bottes et une bêche et produire de notre côté. Mais l’industrie agro-alimentaire continue tranquillement de produire et vendre sa merde, mais à d’autres, qui n’ont qu’à être moins cons. Ça ne nous regarde plus, on a nos carottes à nous, nananère, notre lopin de terre survivra évidemment au réchauffement climatique (ou pas). Pareil pour les monnaies locales, qui instaurent des cercles vertueux à l’intérieur d’une communauté, mais qui se heurtent forcément au système monétaire classique, tôt ou tard. Je vais prendre l’exemple de la tasse de café payée en monnaie locale : à un moment donné le cafetier a bien dû s’approvisionner en café, avec des vrais sous, auprès d’un fournisseur (lointain !) dont on ignore s’il est aussi vertueux que le consommateur final. Je trouve certaines de ces solutions assez infantilisantes, il me semble qu’il relève de chacun de nous de se responsabiliser en matière de consommation et que sortir du circuit « normal » ne résoudra pas grand-chose. Privilégier les acteurs locaux, éviter les intermédiaires… on ne devrait pas avoir besoin de faux billets pour y être incité.

Si ce documentaire ambitionne de désamorcer les annonces anxiogènes sur la fin du monde qui se rapproche, il ne peut toutefois pas se suffire à lui-même. Il faut impérativement voir les autres (Monsanto, Nos enfants nous accuserons…) pour comprendre ce qui se trame à l’échelle de la planète. Quand on n’aura plus de graines à planter parce que les semenciers auront tout privatisé et stérilisé, on aura l’air fin, au milieu de notre potager. Quand l’Afrique n’aura plus de terres à cultiver car ravagées par les catastrophes naturelles ou spoliées par la Chine… Aussi séduisantes que peuvent être toutes ces initiatives citoyennes positives, elles ne sont que des mini-solutions face à des maxi-problèmes, générés par des multinationales et des gouvernements impuissants, certes, mais desquels on ne peut décemment pas détourner le regard pour aller planter ses batavias.

Un vrai-faux procès devrait voir le jour en 2016 contre Monsanto (lire l’article sur Le Monde), moi j’en voudrais un vrai de vrai. Et ce ne sont pas les seuls, loin de là, à être les racines du mal. Je ne peux toutefois pas m’empêcher de penser que ces géants qui étouffent la planète de leurs ramifications toxiques ne font que répondre à un besoin, celui de notre société qui les nourrit et les arrose de sa consommation toujours plus vorace. Je vais terminer avec une note bien pessimiste mais tous ces gentils personnages croisés dans le documentaire ne font pas le poids face à la masse des crevards qui veulent bouffer leur steak quotidien, boire leur Coca, changer leur smartphone tous les six mois, voir le dernier Starwars dans une salle climatisée et partir en vacances à l’autre bout de la planète avec une GoPro vissée sur le crâne. Et tu sais quoi ? J’en suis. Mes abus de consommatrice ne sont sûrement pas compensés par mes maigres engagements à consommer bio, local et équitable. Un cataplasme sur une jambe de bois.

2 Comments

  1. en tout cas ce film a au moins le mérite d’ouvrir les yeux et le débat sur la survie de la planète et de l’autodestruction des humains par quelques uns pour leur profit
    c’est comme pour la recherche pour les maladies il faut des moyens
    bonnes fêtes

    1. @KIKI : oui, je me suis volontairement faite l’avocat du diable mais toutes ces initiatives, l’enthousiasme des gens font très envie. Reste à pouvoir faire changer les mentalités, ça va pas être simple. La consommation à tout va n’est pas prête de s’arrêter.
      Bonnes fêtes Kiki ! :)

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