Alors que le Salon international de l’agriculture était sur le point de fermer ses portes, j’étais au cinéma pour voir Gérard Depardieu et Benoît Poelvoorde, au SIA également, deux grands crus, accompagnés de la jeune cuvée Vincent Lacoste. Quoi qu’il en fût, l’ivresse du moment aura été sympathique mais j’ai dû faire face à une petite gueule de bois à l’arrivée.
Bruno (Poelvoorde) est un agriculteur désabusé et à tendance alcoolique. Son père (Depardieu), désormais sobre, espère le voir reprendre la ferme. Tous deux montés au SIA pour présenter leur taureau, Bruno en profite pour faire la route des (stands des) vins. C’en est trop pour son père, qui l’embarque dans un taxi (Lacoste) pour lui faire faire la vraie route des vins de France. Dans quel but ? Le remotiver et le convaincre. Bon, chacun sa méthode hein…
***Attention, spoilers***
Saint Amour (c’est un vin) est l’une des premières étapes de leur périple. Notez qu’ils ne sont pas passés par Saint-Pourçain ou Boudes… mais laissons là mes aigreurs régionalistes. Chacune de leurs étapes sera l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la vie, sur ce qui compte et sur les femmes aussi. Chaque étape = une gonzesse. Sauf celle de la chambre d’hôtes où ils tombent sur… Michel Houellebecq, parfaitement grandiose. Donc ben voilà, le pitch est fait, le malaise agricole sur fond de misère sexuelle et d’alcoolisme, résolu par une femme victime de ménopause précoce prête à se taper trois moches avinés à la queue leu leu pour satisfaire son envie de maternité. D’où ma gueule de bois, vous comprenez.
Le jeu de Depardieu, mollasson, et celui de Poelvoorde, stressant, n’a pas contribué à arranger ma vision des choses. Malgré tout je reconnais que certaines scènes étaient plutôt marrantes, et certains dialogues intelligemment écrits. Bref, une sensation d’inabouti, que la réalisation a minima du duo Delépine et Kervern n’a pas aidée non plus. Toutefois, mention spéciale pour la prouesse consistant à tourner dans des conditions réelles au SIA, avec les badauds qui se retournent au passage de Depardieu, dégainent leur appareil photo, et murmurent “oh c’est Depardieu”. Désolée mais c’est mon passe-temps favori, décortiquer les coquilles de tournage. Bref. On notera également des seconds rôles très très secondaires, comme Izia, Chiara Mastroianni ou Ovidie, et une musique originale composée par Sébastien Tellier, iconoclaste de la scène électro-pop et ex-candidat catastrophique à l’Eurovision (je suis méchante, il a quand même fait d’autres trucs et j’ai même quelques albums de lui). L’affiche est également sympa, et rappelle l’iconographie d’un certain cinéma des années 1970 et 80.
Bref, ça aurait pu être très bien, sans cet arrière-goût de peau de banane et cette barre sur le front à la sortie.