C’est une poignée de jours seulement avant la date de la représentation que j’en ai eu connaissance. J’ai beau me tenir informée de tout un tas d’agendas culturels, celui de l’opéra de Vichy m’avait échappé. La frustration aurait été d’autant plus grande qu’André Dussollier était déjà venu présenter Novecento l’an passé à Issoire, et que je l’avais raté. Il restait très exactement 5 places en vente pour Vichy, je l’ai échappé belle, mais j’étais d’autant plus ravie et excitée à l’idée de me rendre à l’opéra.
Novecento, je vous en ai déjà parlé. J’ai déjà vu le texte mis en scène par une troupe auvergnate, la Compagnie de l’Abreuvoir, une excellente interprétation portée par deux comédiens habités. Et bien sûr, j’avais adoré le roman, enfin du moins ce texte destiné à être joué, écrit par le grand auteur italien Alessandro Baricco. J’ai attendu d’avoir relu ce texte avant de donner mon avis sur la mise en scène de Dussollier.
Bien sûr, il s’agit d’une interprétation. J’ai perçu à plusieurs reprises dans le texte de Dussollier quelques écarts, quelques pans de réécriture, d’ajouts… Mais peu importe, ces infidélités étaient bien écrites et dans le ton insufflé par Baricco. Ah euh… il faut peut-être que je rappelle à mon aimable lectorat le sujet de Novecento ? Danny Boodman TD Lemon Novecento est le plus grand pianiste au monde et il n’est jamais descendu de son bateau, le Virginian. Il est né sur le bateau, y a grandi, y a appris à jouer de la musique, et il est mort dessus. Et cette histoire de Novecento, c’est l’histoire d’un monde, d’un univers, qui gravite sur lui-même dans un espace confiné et qui emporte loin, ouvre les perspectives, concentre les rêves et la beauté, et qui pourtant refuse l’éventualité d’un ailleurs, la multiplication des possibles, la tentation d’un autre chemin.
André Dussollier a su offrir un corps et une âme à cette histoire, il nous a servi une mise en scène dynamique et élégante, accompagnée par un orchestre talentueux et un pianiste virtuose que Novecento n’aurait pas renié. Dussollier et ses petits pas de danse légers, sa voix si caractéristique qu’on aime tant… et ce cadre merveilleux de l’opéra-théâtre de Vichy. Novecento a trouvé le temps d’une soirée un nouveau paquebot où jouer sa petite musique de la vie.
« C’est ça que j’ai appris, moi. La terre, c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer. Pardonnez-moi. Mais je ne descendrai pas. »