Voilà bien longtemps, j’ai lu « Comment je suis devenu stupide », par le même auteur, Martin Page. Je n’en ai aucun souvenir si ce n’est que j’avais bien aimé, et comme je n’ai chroniqué ce roman nulle part, ben voilà, c’est comme si je l’avais pas lu. Je vous rappelle que ce blog (et le précédent) me sert de disque dur externe de stockage parce que la capacité de mon cerveau n’excède pas 48h. Ça me désespère. Bref.
Martin est un auteur comme tant d’autres, il vend ses livres mais c’est un peu juste pour en vivre, surtout quand on a un enfant sur les bras. Il a 41 ans et vient de se voir proposer l’adaptation d’un de ses romans au cinéma. Il quitte donc Bruxelles, femme et enfant pour aller rencontrer la productrice, un peu barrée, afin de concrétiser le projet, même si ça l’emballe moyen. Hébergé chez un ami artiste en son absence, il va faire une expérience pour le moins inhabituelle, pour ne pas dire surnaturelle… Son ami a créé une sorte de machine à voyager dans le temps pour une future expo, évidemment elle ne fonctionne pas mais lorsque Martin s’endort à l’intérieur, il se retrouve en compagnie de lui-même, à l’âge de 12 ans. Cette rencontre va donner lieu à des échanges vertigineux entre le jeune et le moins jeune Martin. Entre envie de conseiller de l’un et envie de vivre comme bon lui semble de l’autre… il va falloir trouver un terrain d’entente et celui qui repartira avec la meilleure feuille de route n’est pas celui que l’on pourrait croire.
Évidemment cette jolie fable est là pour nous renvoyer à notre triste condition d’adulte soumis à tout un tas de diktats. Nous obéissons chaque jour à toutes sortes d’obligations et de contraintes qui, si on y regarde bien, sont pour la plupart tout à fait dispensables. Nous subissons, souffrons, alors que peut-être, et même sûrement, une vie meilleure et surtout plus libre et sereine est envisageable, pour peu qu’on s’en donne les moyens et qu’on se débarrasse de ses oeillères.
Si j’ai aimé l’esprit et le style de ce roman, je n’ai pu m’empêcher d’y lire en filigrane des idées qu’on retrouve dans l’abondante production de la littérature dite de développement personnel. Savoir dire non, apprendre à être heureux malgré l’adversité, les relations sociales et les émotions envahissantes, les blessures de l’enfance qu’il faut apprendre à aimer, sublimer pour être un adulte conscient, éclairé… Bref, ça a le bon goût d’être amené avec style, humour souvent, et sans énormes sabots… mais c’est là et ça me saute aux yeux. J’ignore ce qui m’irrite à ce point dans ces approches « psychologiques », peut-être ce côté « Captain Obvious » mixé à du « plus facile à dire qu’à faire ». Je sais pas. Mais c’est un joli roman et les trentenaires/quadras auront le plaisir de retrouver nombre de références musicales et culturelles chez le jeune Martin.
“Basiquement, la vie reste dégueulasse, les connards, les mêmes que dans la cour de récréation, continuent à régner. Mais tu rencontreras des gens bien, tu te trouveras des alliés, des minoritaires parmi les minoritaires.”
“Les passants essaient de croire au printemps en portant des couleurs imprimées dans les ateliers en Asie du Sud. Ils trottoirent et passage-piétonnent et me laissent du rouge, de l’orange, du jaune, du vert sur la rétine. Comme dit la chanson : je souris et le monde me sourit.”
Moi je lis cette critique, pas dans le mauvais sens du terme, de ce livre et finalement, ce qui m’intéresse, c’est la façon dont cette critique est écrite. Et de façon plus général, sur l’auteur(e) de ce blog, rédactrice de talent, photographe, critique gastronomique guide vert Michelin, bref, c’est très sympa pour le visiteur que je suis. Merci.
@Olivier : merci beaucoup pour ce compliment qui me touche énormément :)
Bon il y a des fautes mais je fatigue là :)