Proust lu, 123 heures, 43 min, 51 sec – Véronique Aubouy // Expo à l’ESACM

Entre deux séances de courts-métrages ou si vous vous faites refouler à l’entrée d’une salle faute de place, je vous invite à passer par l’ESACM (l’école d’art) pour voir cet OVNI (Objet vidéo non identifié) proposé par Véronique Aubouy. Depuis 1993, elle filme des gens en train de lire des passages d’ “A la recherche du temps perdu” de Proust. Elle est loin d’avoir fini et en a encore pour quelques années de projet, étant donné l’ampleur de l’oeuvre.

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A l’ESACM, vous trouverez une salle de projection éphémère, dans le hall d’accueil, où le film est diffusé en continu pendant la semaine du festival du court-métrage. Alors évidemment, avec 123 heures et des bananes, on est loin du format court. Et vous ne verrez pas l’oeuvre en entier puisqu’elle est diffusée jour et nuit. Mais vous en verrez quelques morceaux (non) choisis. Car tout autour de cette chambre noire, vous verrez la liste des participants au projet, avec le moment et la durée de leur contribution. Ouvrez l’œil, vous repérerez sûrement des noms qui vous sont familiers, Amalric, François Morel, Jacques Bonnafé… je n’ai pas tout regardé mais il y a forcément du beau monde, plein, et peut-être même vous ! Une feuille est à votre disposition pour laisser vos coordonnées si vous souhaitez participer à ce projet et lire quelques lignes de Proust face à une caméra, car le projet est loin d’être terminé.

Du 6 au 11 février – Entrée libre aux heures d’ouverture (attention, il faut se faire ouvrir la porte par le gardien)

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[edit du 10/02/2017]

Le 10 février, j’ai reçu un coup de fil de Véronique Aubouy, me proposant de participer au projet, suite à mon inscription quelques jours plus tôt. Le rendez-vous a été fixé pour l’après-midi même, à l’ESACM. A 16h, et même avant pour revoir l’oeuvre en compagnie de Val, j’y étais afin de recevoir les deux pages que j’allais devoir lire devant la caméra. Pour la “mise en bouche”, m’a dit Véronique. Pages 265 et 266 de La prisonnière, édition poche Folio classique. D’abord j’ai pris peur. Ma méconnaissance totale de l’oeuvre, cette extraction hors contexte, ces phrases à rallonge et tarabiscotées. Puis j’ai dompté ces deux pages, en ai extrait la structure, me suis familiarisée avec les personnages, leurs émotions. Et je me suis demandée comment j’allais lire ce texte. Dans les extraits du film que j’ai vus, les lecteurs lisent de façon linéaire, quasi scolaire. J’ignore à ce moment-là si on peut interpréter un peu, théâtraliser notre lecture. Peu importe, avec ces dialogues dans les dialogues, je ne vais pas bien avoir le choix. Et comment vais-je lire cette tirade “Ah pour une tapette, c’est une fameuse tapette !” ? Quelle angoisse ! Une heure plus tard, Véronique est venue me rejoindre, après avoir filmé quelqu’un d’autre, pour m’emmener vers le lieu de ma prestation. Normalement, ce sont les lecteurs qui choisissent le lieu où ils veulent être filmés. Là, Véronique avait déjà calé un rendez-vous avec la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) donc je n’ai pas eu le choix. Elle craignait ma réaction mais franchement, je n’y aurais pas pensé de moi-même et c’était un lieu absolument exceptionnel, magique. Mais très intimidant. Pour ceux qui ne connaissent pas Clermont, l’hôtel de Chazerat, qui abrite désormais la DRAC, est un immense bâtiment en pierre de Volvic et… parfaitement rond. Un véritable petit bijou d’architecture, que vous pouvez aller admirer dans la cour, parfaitement ronde aussi, aux heures d’ouverture. N’hésitez pas à franchir la lourde porte verte ! Voilà, c’était mon théâtre. Deux pages, environ six minutes d’enregistrement, pour passer à la postérité. Nous avons discuté ensemble du cadrage, fait un premier essai qui ne me plaisait pas mais qui lui plaisait bien, puis un deuxième, qui nous a mises d’accord, elle a installé le micro sur moi, et c’était parti. Un faux départ au bout de quelques lignes, à cause du micro qui crachotait, puis la grande tirade, jusqu’au bout, jusqu’à ces dix secondes où je devais fixer la lentille de la caméra pour le plan final. Je crois qu’elle était sincèrement contente. J’avoue que moi aussi. Je ne sais pas si c’est le lieu, inspirant, mais j’ai vraiment eu l’impression de me laisser porter par les mots. J’avais des dialogues plein de malice et de sous-entendus, j’ai tenté de les rendre vivants. Je crois que j’ai eu de la chance de tomber sur ces deux pages, page 265 et 266. Je ne sais pas ce que ça a donné, Véronique ne m’a pas montré la prise. Peut-être que je ne verrai jamais ma prestation. Les extraits enregistrés pendant cette semaine de festival (au moins 25) seront montés à la suite du reste, des 123 heures et des bananes, et le tout sera diffusé lors d’une prochaine exposition. Qui pourrait bien être à Aubusson en Creuse, mais tout aussi bien au Mexique. J’ai donné sans savoir si j’aurai un jour un retour. D’autres me verront, ici et là, pendant encore des années et des années. Véronique m’a confié en avoir pour encore au moins 15 ans. Je la remercie infiniment pour m’avoir permis de participer à cette oeuvre hors normes, la rencontre aura été passionnante à tous points de vue. Et il n’est pas improbable que je me lance un jour prochain dans la grande aventure de Proust.

Quant à vous ? Vous pouvez vous inscrire via le site de Véronique Aubouy, elle vous recontactera peut-être, un jour.

www.veronique.aubouy.fr/proust-lu.html

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