Sélection BD

Humour absurde, dessin de presse ou manga ? Voilà une sélection éclectique mais non moins réjouissante de trois BD pour accompagner vos soirées d’automne. Bonne lecture.

Formica – Fabcaro

formicaEncore un nouvel opus de Fabcaro, qui décidément s’impose comme mon auteur BD préféré. Avec Formica, il s’attaque au sujet hautement sensible des repas de famille, et des conversations qui s’y tiennent. Construit comme une tragédie grecque, avec des actes, un chœur antique, des meurtres… ce repas dominical nous plonge dans une absurdité comme je crois jamais Fabcaro nous l’avait offert. Pardon je me répète mais c’est un humour que j’aime au-delà du raisonnable, j’ai pleuré de rire à chaque page. Du coup, difficile de résumer l’intrigue : c’est une famille tout ce qu’il y a de plus conventionnel (mais de droite), les parents reçoivent leurs deux filles, leurs conjoints respectifs et leurs enfants. Dès l’apéro, l’angoisse arrive : de quoi va-t-on bien pouvoir parler ? Après avoir consulté la voisine par téléphone, qui n’a pas souhaité leur venir en aide, ils décident à main levée d’avoir une conversation raciste (après avoir voté contre les avantages et les inconvénients du Cantal). Durant tout le repas, la quête du sujet de conversation va être au cœur… ben des conversations, mettant tout le monde sur les nerfs. Du point de vue des dessins, Fabcaro continue sur cette technique qu’il affectionne particulièrement : le dessin d’après photo, qui colle une couche d’hyper-réalisme sur l’hyper-absurde. 

Derrière cette “pièce” complètement barrée, Fabcaro continue de dérouler le thème qui l’accompagne depuis ses premiers livres : l’angoisse sociale. Même s’il ne s’agit pas de lui-même mis en scène (Steak it easy, Pérou…), on devine évidemment ici tout ce qui hérisse l’auteur : les réacs de droite, le conformisme étriqué, le carcan des conventions sociales et, pour le coup, les repas de famille qui rassemblent par la force des choses des personnes qui n’ont rien à se dire.

Je vous invite à écouter cette interview sur France Culture, où il raconte le processus d’écriture de Formica (et d’autres trucs très intéressants)

https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/fabcaro-ces-repas-a-rallonge-qui-nen-finissent-pas-ou-ressasse-les-memes-themes-cest-un-truc

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Les zéros sociaux – Deligne

Les lecteurs du journal La Montagne (et autres éditions Centre France) connaissent sonzeros-deligne-couv-web trait et ses personnages sympathiques, le dessinateur Deligne était en dédicace à l’hôtel Alexandre-Vialatte de Clermont-Ferrand le 5 octobre, dans le cadre des festivités du centenaire du journal. J’aime beaucoup les dessins de Deligne, drôles, à l’humour fin et jamais méchant. J’avais repéré son album “Les zéros sociaux” depuis un moment mais sans avoir fait la démarche de l’acheter. J’ai donc profité de sa présence pour en faire l’acquisition et pour demander une “petite” dédicace. Quelques mots échangés ont suffi pour qu’il me fasse un dessin personnalisé absolument génial, faisant de cet album un collector absolu (je le prête à personne, c’est clair ?). Bref. Les zéros sociaux, c’est une compilation de tout ce qui fait aujourd’hui la complexité et l’absurdité de nos relations humaines, de nos moyens de communication, et compte tenu de mon métier, constitué aujourd’hui à 100% par les réseaux sociaux, je suis évidemment particulièrement sensible à toutes ces caricatures, infiniment salutaires. D’autres albums sont consacrés aux selfies mais comme je ne suis pas une grande adepte, j’y suis moins sensible. D’ailleurs, une campagne Ulule est en cours pour financer les prochains albums (https://fr.ulule.com/selfie-deligne/

Acheter Les zéros sociaux sur le site de l’éditeur :

https://editions.iconovox.com/livres/les-zeros-sociaux-deligne/

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Un zoo en hiver – Jirō Taniguchi

unzooenhiver_88051_88051Le très regretté Jirō Taniguchi, star en France et quasi inconnu dans son pays, décédé en 2017, raconte dans ce manga de 2008 les débuts d’un jeune dessinateur qui tente sa chance à Tokyo à la fin des années 1960, en devenant l’assistant d’un grand mangaka. Si l’histoire n’est pas totalement autobiographique, elle l’est en grande partie et nous montre l’envers du décor, ce que c’est que de travailler sur des mangas qui paraissent dans des revues spécialisées et dont les dead lines de remise sont intenables. Des jours et des nuits sans dormir, entassés à 4 ou 5 dans un petit studio, à retoucher ou colorier les planches du dessinateur afin que tout parte à temps à l’impression. A côté de ça, chaque assistant essaie de trouver du temps pour tenter de créer sa propre histoire, avec son propre style. Car le but de chacun, même s’il est agréable et prestigieux de travailler pour un grand nom, c’est d’arriver à percer dans ce milieu, extrêmement populaire au Japon. Je préfère Taniguchi lorsqu’il m’emmène aux côtés de L’homme qui marche ou du Gourmet solitaire, mais ce Zoo en hiver possède un charme particulier, celui d’un secret révélé, d’un voile levé sur son histoire et ses aspirations d’homme et d’auteur. 

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4 Comments

  1. Merci pour les ID kdos.. de Noël..
    Kdo impérativement « d’assiette » (tradition de ma Mum’s) pour nourrir les conversations de famille… évidemment 😅

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