Il y a un peu de Jane Eyre, un peu d’Emma Bovary peut-être, un peu de Franck Bouysse et un peu du Portrait de la jeune fille en feu dans ce dernier roman de Cécile Coulon.
Fin XIXe, on fait connaissance avec Candre, garçon foudroyé par la perte de sa mère, et quelques années plus tard avec Aimée, jeune fille innocente mais futée, que Candre prendra en deuxième noce. Sa première épouse est décédée quelques années plus tôt, au tout début de leur mariage, jalonnant son destin d’un nouveau drame intime.
Dès son installation dans l’immense domaine forestier de son mari, Aimée commence à ressentir le poids des lieux et des silences, et la solitude surtout. Candre est un mari prévenant, voire délicat, sûrement plus qu’une femme aurait osé l’espérer à cette époque. Pourtant quelque chose cloche, et Aimée peine à remplir son devoir conjugal. Pour la distraire, Candre va lui offrir des cours de musique qui vont la transformer et aiguiser ses sens.
Laissons de côté l’intrigue construite sur les secrets de famille, assez classique dans son dénouement, car les sujets de fond ici sont la puissance du désir et le mensonge. Aimée veut Candre, sincèrement, mais Aimée désire autre chose, ou peut-être quelqu’un d’autre. Le sait-elle vraiment elle-même ? Et puis il y a le pêché originel, celui qui a précipité tout le reste (difficile d’en dire plus sans spoiler), un désir brûlant, assumé. Et puni. Quant au mensonge, il est partout, et au bout du compte, il est le ciment grâce auquel tout tient debout, malgré tout. Le mensonge se reproduit, se consolide, épaissit les murs du domaine Marchère et on se demande où tout cela s’arrêtera.
La plume de Cécile Coulon excelle dans l’art de la description des chairs, de la sensualité brute et d’une nature qui protège autant qu’elle menace.