J’attendais beaucoup de ce nouveau film d’animation de Mamoru Hosoda. Pourtant j’avais été déçue par son dernier, Miraï, trop terre à terre. Mais Belle promettait une nouvelle escapade virtuelle ébouriffante comme Summer Wars nous avait offert, alors vraiment, j’avais hâte de le découvrir.
Suzu est une ado réservée, meurtrie par la mort de sa mère quelques années plus tôt, au point de ne plus pouvoir chanter, passion qu’elle partageait avec elle. Elle admire les camarades de son école qui réussissent, sont populaires, et tout ça ne la rend que plus introvertie. Sa meilleure amie lui envoie un jour un lien vers un nouveau réseau social, ou plutôt un monde virtuel, et c’est alors que sa vie bascule. Sur U (prononcez “you”), vous êtes ce que vous voulez, qui vous voulez mais tout de même, votre avatar est créé à partir de vos données biométriques. Donc quoi que vous fassiez, vous serez toujours un peu vous-mêmes. Sur U, Suzu prend le nom de Belle, et devient une chanteuse à la popularité mondiale : qui pourrait imaginer que derrière ce physique et cette voix se cache une collégienne complexée ? Un de ses fans prend la forme d’une bête étrange et bagarreuse menacée de se faire expulser de U et pourtant, Suzu/Belle ne pourra pas s’empêcher de vouloir la rencontrer et de percer ses secrets.
Bon ben j’ai été déçue. Je me suis même pas mal ennuyée et j’ai aussi été gênée par certaines scènes particulièrement cucul. Mamoru Hosoda a tout misé sur la forme et a franchement négligé le fond. J’en attendais peut-être trop ? Avec l’arrivée des Métavers, avec l’omniprésence des réseaux sociaux et leurs mystifications, il y avait de quoi alimenter ce conte moderne avec des réflexions passionnantes. Mais non, tout pour la mélancolie boudeuse de Suzu, ses chansons déprimantes, son obsession pour la Bête, sa niaiserie avec son ami d’enfance Shinobu. Alors certes, le dénouement soulève un sujet très sérieux mais qui après deux heures de film passe pour anecdotique par rapport au reste et c’est fort dommage. Tout ce qui était intéressant à traiter a été survolé : l’anonymat sur les mondes virtuels que ce soit dans son respect ou dans sa levée parfois nécessaire, la régulation et la justice face aux comportements en ligne problématiques, l’image virtuelle qui nous échappe, qui devient objet public d’adoration ou de détestation… tout ceci a été évoqué en deux secondes et puis c’est tout. De plus, graphiquement c’était gênant, je n’ai pas retrouvé le souffle épique de Summers Wars et ce U était ringard dans son aspect et son fonctionnement. Bref, je ne retiens pas grand-chose de positif de ce film, à mon plus grand regret.
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