Frédéric Surmely est préhistorien et archéologue et ses recherches portent sur le peuplement des zones de montagne en Auvergne et dans le Massif central. J’ai eu l’occasion de l’écouter lors d’une conférence donnée à Chambon-sur-Lac, après avoir lu son livre. Dans ce dernier ouvrage, il explore les traces laissées par les villages et autres abris, de la préhistoire à l’époque moderne (fin XIXe). Le constat le plus flagrant qu’il fait est qu’en définitive, peu de recherches ont été menées sur ce territoire, pourtant riche de vestiges à explorer : villages médiévaux, habitats troglodytiques et surtout tras. Les tras, ce sont ces trous en peigne que l’on va retrouver notamment sur les flancs du lac de Servières mais pas seulement. Les photos aériennes prises par Frédéric Surmely m’ont appris qu’il en existe à d’autres endroits du Puy-de-Dôme, en nombre conséquent. Ne cherchez pas à faire dire à Frédéric Surmely ce qu’il ne sait pas ! Il n’a de cesse de répéter que ces tras restent très mystérieux. Ce qu’on sait, c’est qu’ils ne sont présents que dans le Puy-de-Dôme, côté Sancy et Cézallier (et pas dans le Cantal par exemple, pourtant très similaire en termes de géographie), qu’ils présentent des caractéristiques récurrentes (taille, disposition les uns par rapport aux autres…) mais de leur architecture et de leur usage… on ne sait rien ou pas grand-chose. En tout cas, les fouilles ont été insuffisantes pour explorer ces structures donc en attendant… ces trous sont les points de multiples points d’interrogation. L’hypothèse principale est que ces abris étaient des refuges pour les bergers en estive mais pourquoi aussi nombreux ? (parfois des centaines sur un même site) et que contenaient-ils ? Bétail ? Production de fromage ? Cette dernière hypothèse est assez largement répandue dans la région mais rien ne permet de l’attester.
Le livre de Frédéric Surmely ne parle pas que des tras mais ce sont les photos les plus impressionnantes à regarder. Lorsqu’on est debout à côté d’un tras, on ne voit qu’un vulgaire trou dans la lande, dans lequel il ne vaut mieux pas trébucher. Les photos aériennes en révèlent l’impressionnante régularité.
Parmi les autres sujets qui m’ont intéressée : l’occupation romaine du Mont-Dore, où des vestiges de temple ont subsisté jusqu’au XIXe quand l’essor du thermalisme a fait table rase des vieilleries considérées sans importance pour les remplacer par des équipements et hôtels pour les curistes. L’autre sujet encore plus mystérieux que les tras, c’est la table des Bergers, une grande pierre plate recouverte intégralement de gravures, essentiellement des croix, dont on ignore la provenance et la signification.
Je recommande vivement la lecture du livre de Frédéric Surmely (dispo à la librairie Les Volcans, 15€) car c’est une mine de renseignements (même si beaucoup de choses restent mystérieuses, vous l’aurez compris) et c’est en plus rédigé de manière très accessible pour les néophytes dont je suis.
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