Je n’ai pas vu passer la semaine. Les matinées à bloguer, à éplucher des panais ou à croiser Chris Buzelli, les après-midi dans les salles obscures, les soirées en concert… mon Flex n’en peut plus (près de 80 km parcourus).

Point d’orgue de cette semaine : la cérémonie de clôture. Celle-ci se déroule en trois fois. La première séance annonce la totalité du palmarès. La deuxième présente brièvement quelques lauréats en plus de diffuser des films primés. La troisième commence systématiquement en retard d’une demi-heure. L’idéal est donc la séance de 21h, avec un minimum de discours, du fun et des films. J’y étais !

Première surprise, Jules-Edouard Moustic, alias Monsieur Groland, venu jouer les trublions sur scène. Deuxième surprise, le chanteur Christophe. Le film « Juke-Box » dans lequel il joue (que j’ai beaucoup aimé) a reçu le prix spécial du jury (palmarès international). Lorsque le réalisateur a été annoncé sur scène, des huées se sont fait entendre dans le public. Apparemment tout le monde n’a pas apprécié le film. Ce n’est pas une raison pour humilier un réalisateur lors d’une cérémonie de clôture bordel ! C’est alors que, tout de suite après lui, Christophe est apparu. Alors là bien sûr, finies les huées, bonjour les applaudissements nourris. Comme par hasard. Le courage, l’hypocrisie, tout ça. Bref. Le « Daniel » (c’est son vrai prénom et aussi celui de son personnage dans le film) monté sur scène n’a rien à voir avec celui du film, heureusement. Et Christophe de nous entonner « Les mots bleus », avec Jules-Edouard Moustic jouant les « ampli-micro » pour la guitare. Un joli moment !
Quelques réalisateurs sont montés sur scène dire quelques mots à propos de leur film et de leur prix, devant un jury au grand complet. Je regrette juste que Samir Guesmi n’ait pas pris la parole (comédien de la série « Les Revenants » notamment). On attend maintenant avec impatience l’affiche 2015, réalisée par Blexbolex (membre du jury national cette année).

Quatre films nous ont été proposés à la fin des discours et autres vannes de Jules-Edouard Moustic. Par chance, quatre films que je n’avais pas vus pendant la semaine. Et oui, malgré toutes les séances vues, je suis passée à côté de beaucoup de belles choses !
« Molii ». Prix spécial du jury (palmarès national). Steve se voit confier pour une soir les clés et le code de l’alarme de la piscine municipale d’Aubervilliers. Mais au moment de fermer boutique, il entend des bruits en provenance du bassin. Trois gamins batifolent dans l’eau. Est-ce que le grand black bâti comme une armoire normande aura le dernier mot face à ces gamins ? Film très drôle mais sans réel message.
« Pride ». Grand prix (palmarès international). Manol est, disons-le, un vieux con. Nous sommes en Bulgarie et il apprend que son petit fils, un étudiant brillant, est homosexuel. L’essentiel du film est un face à face répugnant entre cet ivrogne aux yeux injectés de sang et son petit-fils, incapable de lui tenir tête. Ce film est évidemment très fort et bouleversant. Je ne suis pas forcément d’accord avec l’attribution du grand prix mais bon. Les JO de Sotchi, la Russie, la répression des homosexuels… c’est de saison.
« La lampe au beurre de yak ». Grand prix (palmarès national). Au fin fond du Tibet, des familles entières viennent se faire tirer le portrait par un photographe ambulant. Ce dernier propose des « décors » sur demande, muraille de Chine, Disneyland, plage et cocotiers… Un joli film qui derrière l’humour en dit long sur la représentation du monde en fonction des populations. Ces photos kitschissimes qui nous font marrer cachent en fait un décor de rêve mais que les populations locales ne savent manifestement plus voir.
« Meu amigo Nietzsche ». Prix du public (palmarès international) et Prix du rire « Fernand Raynaud ». Au Brésil, un gamin connaît quelques difficultés à l’école. Sa maîtresse lui demande de s’entraîner à la lecture, avec n’importe quel support. C’est alors qu’il trouve dans une décharge un livre de Nietzsche. Bien plus qu’une aide à la lecture, un éveil de la conscience ! Mais des trucs genre « Dieu est mort » et autres pensées philosophiques vont vite inquiéter ses parents, ses profs, tout le monde, au point de jeter le livre illico ! Là encore un film très drôle mais à la saveur aigre-douce. La connaissance et la réflexion comme objets de méfiance et de rejet.
Belle conclusion pour cette semaine marathon. Merci à Sauve Qui Peut Le Court-métrage, à tous les gentils bénévoles (polis et souriants, toujours), à l’Electric Palace et ses gentils bénévoles, à JD pour la bonne compagnie toute cette semaine et à tous ceux qui ont participé à la notation des films sur http://court.360emedia.fr/. A l’année prochaine !
[Breaking] Le palmarès du mini-site est sorti ! http://court.360emedia.fr/palmares.php. Ravie que « Nashorn im galopp » arrive en tête de l’international. C’est clairement mon préféré !