Bon je me répète mais on a quand même du bol d’avoir un cinéma comme Les Ambiances. Donc merci ! Encore une super soirée de japanim, avec toujours le même schéma : présentation du film par Maïko de l’association JANA et par Sébastien, puis quizz de Julie de Momie Manga pour faire gagner des cadeaux (DVD, CD, bouquins…on ne se moque pas du monde). Merci à eux aussi, pour leur bonne humeur et leurs éclairages passionnants sur les films présentés.
Alors comme le 5 mai, c’est la journée des enfants au Japon… les cadeaux ont été distribués aux enfants (ouin). Maïko est revenue sur cette fête populaire, à l’origine la fête des garçons. Le 5 mai est un jour férié. Le jour des filles c’est le 3 mars et… ce n’est pas férié. Du coup, on considère que le 5 mai est la journée des enfants mais personne n’est dupe, les petits garçons sont pourris gâtés. Il y a une autre fête à l’automne pour les enfants, autour du 15 novembre, les sept-cinq-trois. Je pense que certains Japonais avaient anticipé un peu à l’époque de mon voyage là-bas car on avait croisé plein d’enfants endimanchés dans les temples. Les pauvres se faisaient mitrailler par les touristes (et donc par moi, exemple ci-dessous).

Bref. Cette fête tombait bien pour cette avant-première de L’île de Giovanni, puisque les personnages principaux sont précisément des enfants.
Le scénario porte sur un épisode méconnu de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Battu, le Japon voit certaines de ses terres annexées par l’Union Soviétique, et notamment la toute petite île de Shikotan à l’extrême nord de l’archipel. Une cohabitation difficile s’installe, les maisons et les biens des Japonais sont réquisitionnés par les soldats soviétiques et leurs familles. Une certaine forme de résistance s’organise malgré la perspective d’un rapatriement des populations vers le Japon. Et bien sûr, comme toujours, ce sont les enfants qui gèrent la situation avec intelligence. Partage des jeux et des chansons, amitiés… une intégration éphémère avant le transfert en bateau vers des camps de transit, et avant le retour au pays.
Junpei et Kanta sont frères. Leur mère est morte et leur seule famille est constituée de leur père, leur vieux grand-père, et d’un oncle roublard. Le plaisir de Tatsuo, le père, est de chaque soir faire lire à ses enfants un passage de « Train de nuit dans la voie lactée » de Kenji Miyazawa. Dans cette nouvelle, Giovanni et Campanella sont deux amis. Ils ont donné leur nom à Junpei (Giovanni) et Kanta (Campanella). Le thème de cette nouvelle est la mort, la quête du bonheur… et dans ce film, c’est un véritable fil conducteur, avec, sans mauvais jeu de mot, la présence permanente de trains, miniatures ou rêvés par les deux enfants. Un voyage au sens propre comme au figuré, dans le froid, la faim, la peur des arrestations et des camps de travail.
Deux découvertes importantes dans ce film de Mizuho Nishikubo : cette histoire douloureuse aux blessures à peine refermées, et cette célèbre nouvelle de Miyazawa, que Maïko recommande chaudement. C’est un film dans la même veine que « Le tombeau des lucioles », dur et tragique. Il n’est donc pas à recommander aux jeunes enfants (Laurent tu peux attendre un peu avant de le montrer à ton fils !). En parlant du Tombeau… je regrette un peu (attention spoiler, si tu veux savoir passe le texte en surbrillance #astuce) la fin un peu trop identique à mon goût. On est sur un contexte similaire, la Seconde Guerre Mondiale, deux enfants qui souffrent, et un qui meurt. Ce film aurait gagné à trouver un autre épilogue pour se différencier du Tombeau, car il est plein de qualités.
J’ai eu un peu de mal avec les graphismes au départ. Le trait est raide, sec, mais convient bien au thème et à l’ambiance générale. Evidemment, quelques notes d’humour ici ou là, parce que ce sont des enfants facétieux et rêveurs, mais rien qui ne vienne décrédibiliser le sujet. Un bel équilibre.
La sortie nationale est prévue le 28 mai prochain, et le film est sélectionné au festival d’animation d’Annecy en juin. Notez que le festival aura la chance et l’honneur d’accueillir Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles, Pompoko…), pour présenter son nouveau film qui a l’air absolument somptueux. Hâte.
Des articles intéressants, documentés, complets et publiés en un temps record… ou l’art de me faire regretter de ne pas être venu. Mais en voyant la bande annonce, je me doutais un peu que ce film aurait la dureté du Tombeau des Lucioles. Nous allons donc attendre un peu. Et bien que je sois un farouche défenseur de la VOSTF, les avant-premières pour les plus petits doivent être un peu difficiles à suivre. Non ?
@Laurent : des fois je publie vite et des fois ça traîne pendant des jours (ex : In Extenso, La Batisse…). Mais avec la chance d’une avant-première, je travaille mon référencement naturel :-p
Il y avait des enfants hier soir. Dont 4 au premier rang qui ont un peu gonflé tout le monde en sortant toutes les 5mn, faisant du bruit avec leurs sacs en papier ou ouvrant leur téléphone (ou console?). C’est vrai que sur un sujet comme ça, historique et sans beaucoup de gags visuels, la VOSTF est un peu raide.