J’attendais ce dernier Isao Takahata avec une grande impatience. Takahata c’est, entre autres, celui qui a réalisé le merveilleux « Tombeau des lucioles », récit poignant d’une enfance brisée par la guerre. C’est aussi celui qui a réalisé « Mes voisins les Yamada », dans un tout autre genre, que ce soit sur le fond ou sur la forme. La bande-annonce du « Conte de la princesse Kaguya » m’avait enthousiasmée il y a quelques semaines, bien qu’un peu longue (6 mn) et dévoilant pas mal d’éléments de l’intrigue. Des graphismes à l’ancienne, façon estampe, et une histoire tirée d’un grand classique du Japon… Il se dit que ce sera son dernier film. Son alter ego Hayao Miyazaki, co-fondateur avec lui des studios Ghibli, a lui aussi annoncé raccrocher après « Le vent se lève ». Cette année 2014 est donc celle des « dernières » pour ces deux géants de l’animation japonaise. Même si j’ai beaucoup aimé le dernier Miyazaki, je n’ai pas trouvé que c’était son meilleur film. Il en est de même pour ce dernier Takahata.
Un vieux paysan, coupeur de bambous, découvre une toute petite princesse dans l’un d’eux. Ne sachant pas d’où elle vient, il la rapporte chez lui et avec son épouse, ils l’élèvent comme leur propre fille. Choyée, protégée, mais en harmonie avec la nature et les villageois du coin, elle grandit à une vitesse folle – comme un bambou. Un beau jour, la forêt donne au vieux paysan de quoi acheter un palais à la ville pour la princesse. Toute la famille déménage et adopte un mode de vie qui est loin de plaire à la jeune fille, plus habituée à courir la campagne avec ses amis. Son père adoptif a la folie des grandeurs et lui cherche un mari à la hauteur de son rang. D’affreux prétendants se présentent au palais et la jeune princesse, très jolie et répondant désormais au nom de Kaguya, met tout en œuvre pour les éconduire. Malheureuse, prise au piège de sa prison dorée, elle rêve de retrouver sa vie d’antan. Elle rêve de retrouver ce garçon du village mais c’est trop tard, tout les sépare désormais. Eprouvée par cette vie décevante, la princesse Kaguya annonce à ses parents qu’elle repart… d’où elle vient. De la Lune.
Graphiquement, ce film de 2h15 est une pure merveille. La délicatesse du trait, l’économie de couleurs et en même temps un souci du détail époustouflant font de ce film un pur bijou d’animation à l’ancienne. Chaque plan est un tableau, une estampe et sur 2h15, on en prend vraiment plein les yeux.
Sur le fond… j’ai trouvé que cette histoire était un joli conte, bien que très classique. On y retrouve des éléments de la culture japonaise méconnus, comme par exemple le fait que les femmes à une certaine époque se teignaient les dents en noir pour marquer le passage à l’âge adulte. J’ai appris cette curiosité historique au musée des Arts asiatiques de Vichy l’an passé à l’occasion d’une magnifique expo Japon dont j’avais parlé sur ces pages. Beaucoup d’autres aspects de la culture japonaise sont évoqués et il me manque des explications détaillées sur bon nombre d’entre eux.
Bref, un superbe film, une histoire plaisante… mais une fin qui gâche tout. Quelques recherches sur le web m’indiquent que l’histoire traditionnelle a été respectée mais bon sang que c’était kitsch ! Totalement #WTF ! Du coup je suis ressortie abasourdie par le dernier quart d’heure alors que tout le reste du film m’avait enchantée.
(et me voilà avec la chanson « Man on the moon » de R.E.M dans la tête… souvenirs d’adolescence)
bah j’ai pas crains la fin moi. J’ai vu quelque part (sur Nolife je crois qui a fait 3 émissions spéciales Takahata) que le conte continu après le départ de la princesse, et s’intéresse à ceux qui reste.
@toutouille : en fait ce qui m’a manqué, ce sont les explications de mes amis Maïko et Tetsuya :) Quand les films passent aux Ambiances, ils font toujours une séance avec présentation du film et de ses origines. Mais le Capitole ne fait pas de genre de choses :( Donc oui, si le conte est légèrement différent du film, ça peut tout changer.