Comment chier dans les bois

Non, il n’y a pas de point d’interrogation à la fin de ce titre. Il est dans votre tête, le point d’interrogation, ne mentez pas ! Je le sais !

Ceux d’entre vous qui fréquentent les librairies ont probablement déjà vu ce best-seller en tête de gondole, sans oser le feuilleter à la vue de tous. Et bien c’est un tort. Il faut avoir lu cet ouvrage. Même si vous n’envisagez pas d’aller trekker dans les prochains jours.

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Kathleen Meyer décortique sans aucune gêne cet acte naturel et ô combien universel, non pas par pur plaisir scatologique, mais parce que derrière cet acte se cachent des enjeux écologiques majeurs. Oui parce que non, c’est pas parce que c’est « naturel » que c’est permis de faire tout et n’importe quoi dans un vaste élan de communion avec la nature. Bien au contraire. Le principal facteur de pollution des eaux de baignade (et des eaux tout court) est… le caca. Celui des animaux bien sûr, mais aussi celui des humains. « Comment chier dans les bois » n’est pas juste un mode d’emploi pour s’extraire de la vue et de l’ouïe de vos compagnons de voyage pour faire votre petite affaire tranquille, c’est avant tout un manifeste écologique et un avertissement aux amateurs de pleine nature.

Kathleen Meyer étant Américaine, tous ses exemples sont donc tirés de son expérience personnelle et de ses recherches sur son propre pays. Certaines informations sont je pense extrapolables à nos contrées européennes mais d’autres non (je vous passe la litanie des références commerciales de boîtes à caca portatives et autres pastilles purifiantes). Ce livre publié pour la première fois en 1989 m’a littéralement fait découvrir tout un pan méconnu du loisir de pleine nature. Aux États-Unis, les besoins naturels semblent parfaitement pris en compte dans les parcs naturels et autres lieux touristiques. Ce qui ne me semble pas être le cas en France, mais je ne pratique pas les sports de pleine nature « longue durée » donc je n’en sais rien. M’enfin il me semble que c’est à la débrouille. Pour ma part je peux tenir toute une journée sans rien faire, même pas pipi (référence Art’Air récemment), pour peu que l’évaporation soit suffisante.

Oui donc du coup faut faire comment, quand on ne peut y couper ? Pour le pipi… rien de bien compliqué, Kathleen Meyer insiste toutefois sur les techniques pour que la gente féminine n’arrose pas ses godillots. Pour le reste (le caca, donc)… ça va du trou creusé dans le sol (pas n’importe où, pas n’importe comment) au rapatriement total de votre production dans vos bagages, papier Q usagé inclus. Oui. Si si. Des fois IL LE FAUT. Et OUI ! Faut bien choisir sa boîte, c’est tout. Evitez les Tupperware, conseil de l’amie Kathleen (le couvercle saute sous l’effet des gaz comprimés). Tout ça est raconté avec beaucoup d’humour et d’anecdotes croustillantes, j’aurais bien aimé lire tout ça en anglais finalement.

Le problème c’est que ce bouquin date de 1989. Et même si les choses avaient l’air très évoluées du côté des États-Unis, il n’empêche que beaucoup de progrès ont été faits sur divers points. Kathleen Meyer nous parle de se laver les mains, en décrivant toutes sortes de dispositifs très ingénieux. Oui mais moi j’ai ma solution hydro-alcoolique, qui me semble pour le coup (arrêtez-moi si je me trompe), plus écologique que l’eau (à purifier si prélevée sur place) et le savon qui mousse et se barre dans la nature. Et à propos de savon, j’ai trouvé sur je ne sais plus quel site japonais un petit carnet de papier dont on détache les feuilles qui se transforment en savon une fois passées sous l’eau. Ça existe en version rando mais mon carnet est plus compact et surtout vachement plus kawaï^^. Autre innovation de ces dernières années : oubliez la sonde médicale préconisée pour faciliter le pipi de madame, maintenant de joyeux accessoires colorés (clique, ça vaut des points) existent pour faire pipi debout, proprement et sans se piquer les fesses sur des trucs bizarres. Sur le plan écologique, elle nous parle très très longuement des maladies diverses qu’on peut choper dans de l’eau souillée par les déjections humaines, mais pas un mot sur cette pollution sournoise par les molécules pharmaceutiques (qui passent au travers des mailles du filet des stations d’épuration). Sûrement parce que les Américaines ne sont pas les championnes de la pilule contraceptive comme le sont les Françaises. Mais pour ma part je trouve que faire pipi n’est pas aussi exempt de conséquences qu’elle semble le dire. Chacun sa merde en somme. Ce qui est valable là-bas ne l’est pas forcément ici.

Cependant ce qui reste valable c’est la fréquentation croissante de certains sites naturels. Si  tout le monde se met à faire pipi-caca partout, ça va vite devenir intenable. Pour les humains eux-mêmes mais surtout pour la nature qui va avoir du mal à engloutir toute cette merde, et sans que ça porte préjudice à l’écosystème local.

Non à la pollution, oui à l’occlusion !

En attendant, pensez-y la prochaine fois que vous serez en vadrouille et qu’une envie pressante vous prendra. Ne faites rien à proximité de l’eau, stagnante ou courante, enfouissez votre offrande, rapportez votre PQ/mouchoir souillé avec vous et jetez-le dans la première poubelle venue.

Bon et sinon pourquoi j’ai lu ce truc moi ? Ben parce que je risque d’en avoir besoin d’ici peu. Je laisse planer le mystère pour le moment, vu que ça peut être annulé pour cause de météo capricieuse (elle nous fait VRAIMENT chier celle-là), mais on  m’a lancé un « Défi de Gigy » plutôt audacieux. Stay tuned !

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8 Comments

  1. Ca donne envie… de le lire.
    Au fait, si tu tombes en rade de ce beau PQ orange, tu pourras en trouver au nouveau magasin clermontois (je ne crois pas l’avoir vu dans le catalogue).

    1. @mk : bah je lis pas trop en ce moment. Là je suis dans le dernier Olivier Adam « Peine perdue », jolie galerie de portraits mais comme d’hab… de quoi tomber en dépression en moins de 2. Mais toujours aussi bien écrit.

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