Éric Poitevin au FRAC Auvergne

J’avais découvert l’expo d’Éric Poitevin à l’occasion de la belle après-midi de concerts que j’avais racontée ici-même. Cette découverte, un peu rapide, m’avait laissé une impression mitigée : des œuvres dérangeantes autant que fascinantes. Des animaux morts, des forêts inextricables, des portraits à la limite du rapport d’autopsie, des crânes… Il était temps de me faire accompagner sur les traces de ce photographe.

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« Etoile cathédrale » est une manifestation qui a lieu chaque année à la même époque. Les galeries et éditeurs du plateau central de Clermont-Ferrand s’associent pour une soirée d’ouverture nocturne le vendredi, et une journée spéciale le samedi. J’ai donc profité de la visite commentée prévue à 15h au FRAC pour faire plus ample connaissance avec le travail d’Éric Poitevin.

Bonjour, qui êtes-vous Eric Poitevin ?
Bonjour, qui êtes-vous Eric Poitevin ?

Éric Poitevin vit dans la Meuse et travaille par séries, fortement inspirées par son environnement. Mais sans titres. Aucune des œuvres n’a de titre, ni de petit cartel explicatif à ses côtés. Il veut confronter le spectateur à l’œuvre, sans regard biaisé, et l’obliger à regarder, en faisant abstraction de tout contexte. Néanmoins il est intéressant de savoir que les vues de forêts ont été prises en pause longue (jusqu’à 15 mn) par une chambre photographique, créant des flous qui témoignent à leur façon de la vie de la forêt, de son mouvement perpétuel difficile à capturer à l’œil nu. Ces photographies immenses disposées à hauteur des yeux invitent à s’y engouffrer, on sentirait presque l’odeur de l’humus et les bruissements des oiseaux.

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Probablement ma photo préférée, prise dans le reflet d'un miroir
Probablement ma photo préférée, prise dans le reflet d’un miroir

Il n’est pas non plus inutile de savoir que les animaux morts, cerfs, daims ou sangliers, sont le résultat de chasses qui n’ont bien évidemment pas été commandées par l’artiste, mais ce dernier a demandé à ce qu’on lui apporte les cadavres le plus rapidement possible, afin de capturer les derniers signes de vie, la brillance de l’œil et la souplesse du corps. Pour les portraits d’humains (bien vivants), aucune concession à la retouche, juste la lumière douce et crue de la verrière de son atelier. Un point commun pour tous ces corps, vivants ou morts : le fond blanc et cette lumière diffuse quasi chirurgicale qui leur offre une apesanteur, et même une douceur qui perturbe le visiteur dans le cas des cadavres de grand gibier ou d’oiseaux.

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J’ai particulièrement aimé cette série des oiseaux. Là encore, Éric Poitevin ne provoque pas la mort intentionnellement, elle vient à lui, on lui apporte les cadavres retrouvés ici ou là et encore présentables. Photographiés à l’échelle 1, ils sont traités comme des peintures, avec un niveau de détail dans le rendu des couleurs qui ferait presque oublier qu’ils sont morts. Même chose pour les cerfs. Éric Poitevin tente de capturer cet instant éphémère entre la vie et la mort, cet entre-deux furtif et insaisissable sauf par l’œil du photographe.

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Exposition organique, végétale, sensorielle, un retour aux fondamentaux de notre environnement de tous les jours et qu’on ne voit pas, ou qu’on ne prend pas la peine de regarder.

Éric Poitevin

Du 27 septembre 2014 au 4 janvier 2015 au FRAC Auvergne

Gratuit

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