Pierre Rabhi et François Gemenne à La Bourboule

Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de pouvoir entendre Pierre Rabhi donner une conférence au casino de La Bourboule. Bon déjà… Pierre Rabhi et “casino” dans la même phrase, ça me gêne un peu mais tant pis ! La Bourboule est depuis 2015 le siège d’un Climate Bootcamp de quelques jours pour les journalistes, à l’initiative de Fanny Agostini, journaliste du petit écran mais également élue municipale à La Bourboule. La première édition avait reçu Nicolas Hulot et la deuxième, donc, Pierre Rabhi. Ces séjours en immersion au cœur du massif du Sancy sont destinés à sensibiliser les journalistes aux grandes questions climatiques via des rencontres et ateliers avec des experts.

Pour ceux qui ont un peu de temps, je vous invite à visionner l’intégralité de la conférence


Pour introduire la conférence de Pierre Rabhi, le chercheur François Gemenne avait été convié à nous exposer les grandes problématiques liées aux migrations climatiques. C’est un thème qui est, à mon humble avis, totalement occulté des médias et qui va très vite nous tomber sur le coin de la gueule dans les années à venir (c’est déjà le cas mais on n’en parle pas). François Gemenne l’a souligné avec cynisme, vu comme l’Europe s’y prend pour accueillir 10 000 réfugiés qui fuient la guerre, ça laisse songeur sur la façon dont elle va gérer l’afflux de centaines de milliers, voire de millions de personnes dont les terres (et même carrément les pays, pour certains) seront englouties par les eaux. L’écologie est plus que jamais l’affaire de tous. Ce qui se passe et se passera chez nous est la conséquence directe de ce que nous, nos multinationales à la con, faisons chez eux. Si ça peut être un argument pour convaincre les sales racistes (généralement anti-écolo, la connerie aime cumuler) qui n’ont de cesse de geindre “qu’ils rentrent chez eux”, ayons le culot de l’employer. L’idée n’est pas de les empêcher de venir, mais bien évidemment de permettre à ces gens de continuer à vivre sur leurs terres, personne ne fuyant de gaieté de cœur. Je vous invite fortement à lire cet entretien avec François Gemenne publié sur Libération, pour tenter de comprendre que les phénomènes migratoires sont bien plus complexes que ce que certains politicards populistes tentent de nous faire croire.

***

Pierre Rabhi, à bientôt 80 ans, n’en finit pas de parcourir la France et le monde pour répandre ses sages paroles. Je n’ai lu qu’un seul de ses livres et je vous invite relire ma critique de Parole de Terre, une initiation africaine parce que je me rends compte que je ne vais pas rajouter grand chose de plus à ce que j’avais déjà dit. On va dans le mur, avec notre surconsommation, et le processus me paraît désormais inévitable. Pierre Rabhi prône la fameuse “sobriété heureuse” mais peu d’entre nous sont disposés à s’y soumettre. La consommation est pour beaucoup considérée comme un droit, et la non-accessibilité à certains produits ou loisirs comme une quasi-atteinte aux droits de l’homme. Et après ça vient se plaindre que les carottes bio sont trop chères. Bref. J’ai déjà évoqué tout ça. Ce qui m’a frappée, et pour tout dire, déprimée, dans cette conférence de Pierre Rabhi, c’est finalement cette image du colibri. Le fameux conte du colibri qui tente d’éteindre l’incendie en disant “je fais ma part”. Ce que j’ai retenu de ses paroles, c’est que, finalement, ce qui importe pour lui c’est d’être en accord avec sa conscience. Il est convaincu qu’il va dans le bon sens (et personne n’en doute) et advienne que pourra, les autres étant libres de l’imiter ou non. Moi je veux bien être un colibri, mais des fois je voudrais être, je sais pas moi, une vachette tiens, et filer des coups de cornes à la volée pour faire bouger les gens, les sortir de leur torpeur et les bouter hors de l’arène où ils tournent en rond, spectateurs de leur propre mise en scène et mise à mort (c’est beau ce que je raconte hein ?).

J’ai bu chaque mot de Pierre Rabhi, je m’émeus de sa douce sagesse, de sa bienveillance et de son bon sens, mais il m’a déprimée. Et ce ne sont pas les actualités du moment, les politiques et la parole populaire nauséabonde qui vont m’aider, loin de là.

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