Le reflet d’un nuage dans l’eau, du bois, des oiseaux, un éclat de soleil… non je ne vais pas vous faire le récit de ma dernière randonnée au cœur de la nature, mais celui de la dernière exposition du FRAC Auvergne. Une double exposition qui invite au lâcher-prise, à la contemplation, qui n’invite à rien d’autre qu’à l’exploration simple, intime, de ses sensations.
Reste l’air et le monde…
Dernier volet d’une trilogie qui se succède depuis 2016 (A quoi tient la beauté des étreintes, Le divan des murmures), Reste l’air et le monde a été pensée, conçue comme un doux renoncement. Renoncer à expliquer, renoncer à comprendre, renoncer à décortiquer, renoncer à cette injonction de vouloir toujours se faire justifier l’art, comme s’il avait quelque chose à se reprocher. L’art en garde à vue, en liberté conditionnelle, dont le seul crime est de détenir des secrets… sur vous-mêmes.
Reste l’air et le monde est une déambulation à travers vos émotions. Pas d’explications, pas de titres, de dates, ni même de noms, juste ici et là les textes d’Eric Suchère, fulgurances sensorielles comme jetées sur le papier pour les capturer avant qu’elles s’évanouissent. Voilà maintenant quelques semaines que j’ai vu cette exposition et si j’ai tout aimé de ce voyage, il n’en reste pas moins une persistance rétinienne particulière et printanière. Du vert, du bois, de l’eau, une douce mélancolie du temps qui passe et qui parfois se fige en un éclat de grâce, un éloge de la matière, de la matière organique et de sa plasticité qui la rend à la fois contrôlable et finalement insaisissable.
Quelques noms tout de même : Viriya Chotpanyavisut, Camille Saint-Jacques le facétieux poète aux mains de géant, Dove Allouche, Stephen Maas, Gregory Crewdson….
Reste l’air et les formes…
Au rez-de-chaussée du FRAC, c’est Clément Cogitore qui mène la danse. Le FRAC a fait l’acquisition de deux de ses films en 2017 et on peut dire qu’il a eu une bonne intuition ! Les Indes galantes ont reçu seulement quelques semaines après le prix du Public au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand. Je vous en ai déjà parlé, ce film est une pépite d’énergie pure qui met en scène des danseurs de Krump (sorte de forme tribale et politique du hip-hop, peu représenté dans les médias) se livrant à une chorégraphie sur Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau. Si le mariage peut sembler étrange sur le papier, il est en vérité un cocktail explosif qui transporte dans une autre dimension, une sensation incroyable de transe et d’énergie vitale contagieuse.
Dans l’autre salle, l’émotion est toute autre, toute légère, éphémère, comme un rêve, des papillons captifs de la grotte de Lascaux. La mystification est parfaite.
FRAC Auvergne
Jusqu’au 17 juin 2018
Entrée libre du mardi au samedi de 14h à 18h et le dimanche de 15h à 18h
🎵 Accompagnement musical à la rédaction de cet article : Music for airports de Brian Eno
J’adooooooore ce court métrage des Indes Galantes, je pourrais rester des heures à le regarder !
Et l’expo du FRAC est drôlement chouette à faire avec des enfants : il y a des carnets de jeux pour 2 catégories d’âge 😊