Voilà un best-seller que je craignais de lire, comme tous les best-sellers, à vrai dire. Ce roman de Joël Dicker a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française et le Goncourt des lycéens en 2012. Rien que ça.
Marcus Goldman est un jeune écrivain tout juste trentenaire et en panne d’inspiration après son premier grand succès littéraire. Il décide, sous la pression de son éditeur, de prendre conseil auprès de son vieil ami Harry Quebert, professeur et lui-même écrivain à succès, l’homme d’un seul chef-d’oeuvre intitulé “Les origines du mal”. C’est Harry qui a poussé Marcus à devenir le grand écrivain qu’il est devenu, en lui donnant les clés pour se surpasser, et surtout, les clés d’un bon roman. Les vieux amis se retrouvent à Aurora, chez Harry, une petite ville tranquille au bord de l’océan. Enfin tranquille… pas tant que ça. En 1975, une adolescente de 15 ans a disparu mystérieusement, poursuivie par un homme, et la seule personne témoin de la scène a été assassinée dans la foulée. L’enquête n’a jamais rien donné et en 2008, le mystère reste entier. Jusqu’au jour où le cadavre de Nola Kellergan, l’adolescente, est retrouvé par hasard enterré dans la propriété de Harry, relançant l’enquête de manière spectaculaire et médiatique. Bien décidé à défendre l’honneur de son vieil ami, Marcus va mener sa propre enquête et aller de révélations sordides en coups de théâtre. Aurora n’était donc pas si tranquille, il était temps de crever l’abcès.
Construit et calibré comme un véritable “page turner”, La vérité sur l’affaire Harry Quebert est un roman plaisant à lire, du moins dans la deuxième partie. La première est à vrai dire un peu mollassonne et traîne en longueur, insistant sur la relation privilégiée entre le prof et l’élève, qui n’est pas sans rappeler Will Hunting, le film avec Robin Williams et Matt Damon. Ce gros pavé me tombait des mains assez rapidement sans que j’éprouve le besoin compulsif d’attaquer le chapitre suivant (ce qui n’est pas terrible pour un page turner). Les choses sérieuses attaquent lorsque l’enquête commence à dévoiler sa complexité et bon… une fois de plus, dans ce genre de bouquin, on ne peut pas s’empêcher d’avoir des images en tête, de films à succès, d’acteurs connus, car les personnages et les dialogues semblent avoir été travaillés pour épargner trop d’efforts aux scénaristes missionnés pour une adaptation cinématographique. Le flic bourru mais sympa, l’écrivain insistant et tête brûlée, le beauf américain, le pasteur illuminé, le “diner” où tout le monde vient prendre un café et bouffer un burger, la maison isolée face à la mer, l’éditeur procédurier… le roman enfile les clichés américains comme des perles. La fiche Wikipédia du bouquin m’informe que le tournage d’une série (française) adaptée du roman est en cours. How surprising ! (non).
Pour ce qui est de l’écriture, c’est drôle mais j’avais parfois l’impression de lire une traduction, comme si l’auteur avait donné à certaines phrases des tournures “à l’américaine” pour qu’on y croit un peu plus (peut-être est-ce fait exprès ? vu la nature du “roman” ? Je m’interroge…). Et globalement, ça se lit un peu trop bien à mon goût, le style est fluide et très simple, car tout repose sur les twists et les cliffhangers, faudrait pas qu’on vienne buter bêtement sur une phrase un peu trop complexe.
Bref, que dire ? Que je n’ai pas détesté, c’est sûr. C’est efficace et l’intrigue tient en haleine, mais le principe me semble éculé, déjà vu mille fois, et si la surcouche “comment écrire un bon roman” était intéressante, elle n’a pas été creusée suffisamment à mon goût. Et puis cette sensation toujours désagréable que ça a été écrit dans le but d’être adapté à l’écran… ça me gonfle. Soyez plus discrets avec ça, bordel !
J’ai englouti le roman comme on engloutit un gros burger-frites, et comme avec un burger-frites, ça ne m’a pas laissé un souvenir impérissable et j’ai eu faim rapidement ensuite. Burp !
Oui j’ai un truc à rajouter : j’ai été addict jusqu’a la derniere ligne.. Et j’aurais dû m’arrêter là La Disparition de Stéphanie Mailer ensuite fut tellement décevant de tricotage et delayage insipide… Bref il m’a perdu
Je redonne une chance mais bcp laisse à penser que L’énigme de la chambre 622 va m’éloigner un peu plus de Dicker Le début ne me chante pas.. Mais qu’allais je donc faire…
Je veux y croire encore. On en aura un jour à l’aune de Harry