A l’occasion exceptionnelle de l’ouverture du centre de maintenance du Panoramique des Dômes au cours d’un week-end en octobre dernier, j’ai pu découvrir les coulisses du train à crémaillère et en apprendre plus sur son fonctionnement. Eric Dersigny, le directeur, a mené la passionnante visite.
Pourquoi le Panoramique des Dômes ?
Il y a encore quelques années, on pouvait monter au sommet du puy de Dôme avec sa voiture personnelle, moyennant une obole laissée à un péage. Après une ascension vertigineuse, on garait sa bagnole sur un grand et inesthétique parking au sommet avant d’aller se balader. Puis on redescendait avec le même vertige qu’à l’aller. Ensuite, les voitures ont été interdites et des navettes en bus ont été mises en place. Ce qui était déjà mieux. Puis, pour limiter les risques d’accidents (cf. un dramatique accident de bus dans les Alpes sur une route sinueuse), pour accroître les capacités d’accueil, pour permettre à tous et en toute saison de monter au sommet, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme a voté la construction d’un train à crémaillère le Panoramique des Dômes. La délégation de service public a été confiée à TC Dôme et les premiers trains ont été mis en circulation en 2012. Avec les retentissements médiatiques dont les Clermontois se souviennent (et Google aussi, jusqu’à une date très récente c’est la photo du train accidenté qui remontait lorsqu’on tapait une requête sur le Panoramique. Elle a enfin été modifiée). D’ailleurs, c’est un peu rageant de voir que ces accidents sont encore l’objet de moqueries au sujet du train alors que depuis, il n’y en a plus eu un seul (sauf quelques pannes techniques, problèmes météo mais bon, ça arrive). Bref.
Aujourd’hui, ce sont 12 000 trains par an qui circulent sur notre volcan préféré.
Une organisation minutieuse pour notre sécurité
Avec des centaines de milliers de passagers transportés chaque année (avec des pointes à 6 000 par jour en été), l’erreur n’est pas permise. L’organisation des rotations répond à des règles strictes qui commencent toutes à la régulation. Sans la régulation, rien ne se passe.
Depuis son bureau plein d’écrans de contrôle, situé dans le centre de maintenance (où se trouvent aussi les bureaux administratifs), le régulateur est la personne sans qui rien n’est possible. Ni le départ du train, ni la montée d’un véhicule sur la route, rien. C’est lui qui donne le départ, qui redonne le départ lors de l’arrêt obligatoire avant croisement avec le train descendant au niveau des Muletiers, c’est lui qui autorise les personnes habilitées à monter via la voie routière. D’ailleurs à propos de cette voie… ils sont nombreux, ceux qui râlent qu’elle ne soit plus accessible aux vélos. Mais sachez qu’elle est dédiée aux militaires (qui ont une base en haut), au personnel du Conseil départemental, au personnel des établissements d’accueil et de restauration, à l’observatoire, aux bergers, et aux secours évidemment. Ça fait beaucoup de monde au final. La circulation n’est autorisée que dans des créneaux horaires bien précis (hors secours d’urgence évidemment) et un vélo qui descendrait plein pot, vu la forte pente, risquerait de se retrouver face à un véhicule montant et alors là… C’est apparemment déjà arrivé, pas un accident mais une belle frayeur. Alors oui, c’est triste que les vélos ne puissent plus monter mais malheureusement le partage de la chaussée est impossible dans des conditions de sécurité optimales pour tous. La montée reste possible une fois par an lors qu’une course spéciale (et les VTT sont interdits sur les Muletiers, même si j’en vois parfois…).
Les conducteurs du train ne conduisent que 2h à 2h20 par jour. Mais que font-ils le reste du temps ? Ils sont évidemment affectés à d’autres tâches, comme le contrôle des billets notamment. Pourquoi si peu ? Pour des raisons de sécurité toujours. Pour que leur vigilance soit toujours aiguisée sur ce trajet qui peut vite devenir monotone. Le train peut rouler à 25 km/h (et tombe à 5 km/h au croisement des Muletiers) et c’est une vitesse qui peut être dangereuse en cas de problème sur la voie. Le conducteur se doit d’être extrêmement vigilant en toutes circonstances et lorsqu’on me raconte que parfois on trouve des piétons en train de faire des selfies sur les rails… y a des baffes qui se perdent, vraiment.
Le saviez-vous ? Quelques chiffres…
400 000 montées et “seulement” 300 000 descentes par an. Mais où sont passés les 100000 passagers manquants ? Ils sont évidemment redescendus par leurs propres moyens, soit à pied via les Muletiers ou Les Chèvres (relire mon article), soit en parapente. En général, personne n’est oublié au sommet (en général…).
370. C’est la jauge maximale malgré une capacité de 400 personnes par train. C’est une mesure évidente de confort car à chaque voyage il y a des poussettes, des fauteuils roulants, des parapentes… et il faut que chacun puisse faire le voyage dans les meilleures conditions.
1 titre de transport par personne et même par chien. Ce n’est pas pour vous embêter, surtout si vous venez avec votre nombreuse famille, c’est une obligation pour les secours, ça permet de savoir combien de personnes exactement sont dans le train s’ils doivent intervenir.
Les virages du chemin des Muletiers sont numérotés. Non, ce n’est pas pour vous décourager dans les derniers virages, quand vous vous croyez enfin arrivés alors qu’en fait non (on l’a tous vécu, hein). Là encore c’est une astuce qui a été mise en place il y a trois ans pour les secours. S’il arrive un pépin sur le sentier, le numéro du virage le plus proche leur indiquera s’il faut qu’ils interviennent par le haut ou par le bas.
80 km/h. C’est la vitesse du vent au-delà de laquelle le Panoramique des Dômes ne circule pas.
33,60 €. C’est le prix de l’abonnement annuel et franchement, quand on regarde les tarifs à l’unité, ça vaut vraiment le coup pour les Clermontois. Avec ça vous aurez clairement envie de revenir plus souvent, notamment pour les spectacles de l’été ! N’hésitez pas à consulter la rubrique des tarifs sur le site, il y a d’autres bons plans qui pourraient vous intéresser.
Le moyen de profiter du panorama plus souvent
Je monte les Muletiers quelques fois par an, et j’apprécie la rando (moins dans les derniers virages, ça monte sa race et quand il fait chaud j’ai vraiment l’impression que je vais y rester) mais le Panoramique est la solution rapide et facile pour aller se balader au sommet quand on le souhaite, ou pour profiter des animations (visites guidées, spectacles…) comme ça m’est déjà arrivé de nombreuses fois. J’aurais pu me contenter de la visite du centre de maintenance, juste derrière la gare de départ, mais j’ai quand même tenu à monter au sommet lors de cette belle journée. Le ciel était légèrement voilé, avec certainement une inversion de températures avec Clermont qui était dans la grisaille, mais au sommet c’était grand beau. J’ai comme d’habitude fait le tour du sommet et comme d’habitude je n’ai pas résisté à faire des photos, parce que comme d’habitude c’est jamais comme d’habitude. Et ce jour-là il s’est passé un truc sympa (enfin ça allait devenir sympa le lendemain) : j’ai pris en photo, de loin, un jeune couple en contrebas qui se prenait lui-même en photo au retardateur. J’ai posté cette photo en story Instagram en demandant à mes followers s’ils connaissaient ces deux personnes et si oui, de leur signaler ma photo afin que je leur envoie. Le lendemain, au boulot, j’étais en train de liker les photos taguées #MyAuvergne (c’est mon métier, de liker les photos) et elle est apparue dans mon fil. Les deux amoureux ! Je leur ai envoyé ma photo, ils ont dû me prendre pour une cinglée mais c’est pas grave. Je suis contente que ce hashtag, que j’ai imaginé il y a quelques années maintenant, ait servi à ça.
Un grand merci à Eric Dersigny et au personnel de TC Dôme pour leur accueil !