Voilà un bon bout de temps que je n’avais lu un roman d’Amélie Nothomb. Ce n’est pas faute de sa part d’en publier un tous les ans. Ce Ni d’Eve ni d’Adam m’est tombé dans les mains par le biais d’une collègue, qui se reconnaîtra, et qui souhaitait recueillir mon avis avant de le lire elle-même. Donc allons-y, puisque telle est ma mission.
Publié en 2007, il relate une période de la vie d’Amélie Nothomb contemporaine de l’époque de ce qui est raconté dans Stupeur et tremblements (début des années 1990). Dans ce dernier, elle relate l’effroyable expérience professionnelle qu’elle a vécue au Japon, dont on se demande légitimement si elle n’a pas été inventée de toutes pièces. Mais je crois les Japonais suffisamment tordus pour ça. Donc Ni d’Eve ni d’Adam commence juste quelques mois avant son premier emploi catastrophique. Arrivée de frais au Japon à 21 ans, après l’avoir quitté à l’âge de 5 ans et n’y être jamais revenue depuis, Amélie décide de donner des cours de français pour gagner sa vie. Très vite un jeune homme la contacte et très vite ils font affaire. Il baragouine un français épouvantable mais il est gentil, volontaire et paye convenablement. De fil en aiguille s’installe une relation plus ambiguë, avant de devenir tout à fait officielle aux yeux du monde : Amélie et Rinri forment un couple. Amélie en est la première surprise : tout se passe à la perfection. Rinri est adorable, drôle, prévenant, surprenant, à la fois très Japonais dans son comportement et aussi très libre et moderne dans sa conception du couple. Ensemble ils font mille choses, comme monter le mont Fuji, voir des expos, ou passer un week-end dans un ryokan de rêve. Amélie le dit elle-même, elle l’aime… beaucoup. Cette nuance est effroyable. Comment cette relation entre une Belge et un Japonais va-t-elle évoluer ?
Outre cette histoire d’amour, Amélie Nothomb nous raconte sa passion pour le Japon, ses montagnes, sa gastronomie et je m’y suis trouvé plein de points communs comme son goût pour les okonomyiaki ou son émoi dans le musée d’Hiroshima (que j’ai visité). L’aspect purement culturel du récit devrait ravir les amateurs de Japon tant elle décortique certaines pratiques et traditions.
J’ai pris un grand plaisir à relire un texte d’Amélie Nothomb car j’adore son style d’écriture. C’est à la fois d’une grande fluidité et d’une grande richesse syntaxique et sémantique et puis c’est truffé d’humour, de répliques cinglantes, de pensées ou anecdotes cocasses inattendues, mon dieu quel bonheur à lire ! Pour autant, malgré la légèreté du récit, le sujet est plus grave qu’il n’y paraît et Amélie Nothomb nous livre, au final, un récit éminemment sensible et intime qui prend toute sa dimension une fois le livre refermé.