Parce qu’aujourd’hui c’est le triste 70e anniversaire du bombardement d’Hiroshima, je ressors ce vieil article du placard.
Article initialement publié le 12 décembre 2009 (sur un autre blog, fermé depuis)
Je viens de regarder « Lettres d’Iwo Jima ». C’était ma deuxième tentative et ce fut la bonne. La première, il y a quelques jours, s’est soldée par un gros roupillon et l’incapacité de poursuivre. Faut dire que les films de guerre et moi, ça fait deux. J’ai voulu le regarder parce que bien sûr, il est question du Japon. Et ça m’a ramenée à ma visite d’Hiroshima il y a quelques semaines (edit du 6/08/2015 : fin octobre 2009, séjour de 10 jours au Japon).
C’est une sensation très étrange que de se retrouver dans cette ville. Hiroshima c’est la guerre, le point d’orgue monstrueux de cette salope de guerre (juste avant l’autre point d’orgue de Nagasaki bien sûr), le spectre, pour l’éternité, de la menace nucléaire et de son pouvoir ahurissant d’anéantissement.
Et j’y étais.
Hiroshima est aujourd’hui une ville moyenne (plus d’un million d’habitants tout de même, mais c’est riquiqui pour un pays comme le Japon), souriante, moderne, et qui assume enfin son funeste passé. Pendant longtemps, la guerre et son humiliation a été un tabou. Maintenant, au musée, des milliers d’écoliers venus des quatre coins du pays affluent pour faire face à leur histoire. Hiroshima n’est pas un champ de ruines radioactives. Il faut savoir qu’à l’époque où la bombe a pété, c’était une ville de petites maisons en bois, avec quelques constructions en béton. Du coup tout a été rasé, sauf du coup les quelques constructions en béton. Il a donc fallu tout reconstruire. Ils n’ont gardé que le dôme en ruine et il est difficile de se l’imaginer entouré de rien. De rien fumant. Pour s’en rendre compte, il faut pénétrer dans le musée. Entre les photos d’époque insoutenables et les objets fondus, c’est l’estomac qui se noue. Le musée s’attarde aussi beaucoup sur l’armement nucléaire en général et ça fait froid dans le dos. Le Japon a renoncé, suite à la guerre, à posséder toute armée offensive. Dans les faits, il y a quand même une armée, défensive uniquement. Et Hiroshima est devenue le symbole de la lutte contre l’armement nucléaire. Le jour où j’ai visité, il faisait extrêmement beau et chaud, comme un mois de juillet. J’ai trouvé qu’il régnait une atmosphère apaisante et je pense que c’était aussi dû à la présence de ces centaines de gamins en uniformes. J’ai également beaucoup aimé le monument des enfants, avec les milliers de grues de papier que les gamins apportent ou envoient, en mémoire d’une petite fille victime de la bombe et qui avait lancé le processus des grues. La grue japonaise,c’est un peu notre colombe. C’est un symbole de paix. Et j’ai appris à les plier avec notre guide. Le problème est que je ne me suis pas entraînée depuis et je me demande si je serai capable d’en refaire une (edit du 6/08/2015 : oui, j’en suis capable !). La flamme qui brûle est également à la fois émouvante et désespérante car elle brûlera tant que subsistera une menace nucléaire dans le monde. Le paradoxe est que les Japonais ont beaucoup misé sur l’énergie nucléaire pour satisfaire leurs besoins énergétiques. La menace n’est peut-être pas là où le pense…m’enfin c’est un autre problème (edit du 6/08/2015 : et là bien sûr je repense, la gorge nouée, à la catastrophe de Fukushima en avril 2011).
Hiroshima a été la visite la plus marquante pour moi. On a visité beaucoup de temples et de sanctuaires et ce sont des lieux qui nous sont, à nous occidentaux-qui-viennent-de-loin, assez peu familiers et qui ne font appel à pas grand-chose si ce n’est une imagerie exotique de carte postale. Hiroshima par contre fait partie de nos connaissances concrètes et j’ai trouvé émouvant de me retrouver là, prenant conscience de la réalité de l’histoire.
Edit du 6/08/2015 : il faut savoir qu’une majorité d’Américains sont plutôt fiers de ce bombardement, qui pour eux a permis de mettre un terme à la guerre plus tôt. L’Enola Gay qui a largué Little Boy est toujours exposé fièrement aux Etats-Unis.





* je l’ai même pas vu, ce film