S’il semble y avoir un point commun entre toutes les personnes avec lesquelles j’ai échangé sur ce sujet durant le confinement, c’est que les habitudes de chacun sont chamboulées au point de modifier le rapport qu’on peut avoir à nos centres d’intérêt préférés. Exemple : la lecture ! Au début je me suis dit que ça allait être génial, que j’allais enfin pouvoir dépoter et venir à bout des piles de livres que je stocke compulsivement. Bon ben force est de constater qu’à la fin du confinement il en restera pas mal dans la pile, j’en ai bien peur. Bizarrement, j’ai du mal à lire en raison de la difficulté à me concentrer. Difficulté qui n’est plus du tout vraie avec le cinéma, comme on le voit dans ma playlist ciné-télé dans un autre article. Bon mais j’arrive quand même à lire des trucs, que je vous liste ici au fur et à mesure. Ce ne sont pas des conseils liés à la situation, juste la liste des trucs que j’ai lus.
Kafka – Le procès
J’ai commencé ce roman avant le confinement. Et cette coïncidence a son importance. Voilà longtemps que je voulais lire Kafka, parce que son premier traducteur a été Alexandre Vialatte. Ce dernier vénérait Kafka, je vénère Vialatte, donc what could go wrong? J’ai évidemment choisi une édition traduite par Alexandre Vialatte himself (je précise que c’est traduit de l’allemand). Donc le contexte étant posé, je me lance… en sachant que Kafka était réputé pour sa logique à géométrie variable, comme le démontre l’expression désormais passée dans le langage courant.
Joseph K. est un jour réveillé par un drôle d’équipage qui débarque dans sa chambre. Il est accusé, et doit attendre son procès. De quoi ? Par qui ? On ne le saura jamais. Lui non plus. Les mois défilent et les procédures étranges aussi. Les situations sont absurdes, les personnages impossibles à cerner, les circonvolutions administratives et judiciaires aberrantes, les discussions interminables, suivant une logique qui demande de la concentration alors qu’on sait pertinemment que tout ce qu’il y a autour n’a aucun sens. Donc lire ceci au début du confinement, où tout paraît cauchemardesque et irréel… n’a pas aidé à me faire bien vivre la situation. J’étais soulagée de terminer ce roman et pour tout dire, confinement ou pas, je n’ai pas pris de plaisir à le lire, ni sur le fond ni sur la forme.
Fred Vargas – Quand sort la recluse
Du coup, pour me remettre de Kafka, j’ai lu ce polar de cette autrice que j’adore. En deux jours c’était plié, c’est le problème avec ces histoires addictives et ces personnages attachants, on binge-read et on finit toujours trop vite. On retrouve ici toute la brigade d’Adamsberg, son flegme énigmatique, ses intuitions foudroyantes, et des araignées mortelles qui déciment les petits vieux (ambiance Covid). Outre le fait que j’ai beaucoup aimé cette nouvelle enquête (malgré des ficelles toujours un peu identiques d’une enquête à l’autre), son titre est particulièrement savoureux en période de confinement.
Imago Sekoya – tomes I à IV
Les îles d’Auvergne
L’archipel ibérique
La grande île des Rocheuses
Le continent de Mars
Il y a quelque temps, j’avais lu Les îles d’Auvergne et je vous en avais parlé ici (ainsi que d’une superbe expo). J’ai acheté les 3 volumes suivants il y a quelques mois et n’avais pas encore pris le temps de les lire. C’est chose faite, après avoir relu le tome 1 histoire de me remettre dans le bain, c’est le cas de le dire. L’histoire se passe dans le futur, la Terre a été recouverte en grande partie par les eaux et ne subsistent que les terres d’altitude. Le héros Imago Sekoya, entomologiste, embarque pour une mission scientifique à bord d’un dirigeable qui part des îles d’Auvergne mais un meurtre a lieu, le désignant comme coupable idéal. Il fuit alors – direction le tome 2 – et se retrouve sur les terres de l’ex-Espagne, où il mène sa propre enquête, se fait pister, avant de rejoindre le continent américain – direction le tome 3 – pour tenter de rattraper le dirigeable qui a lamentablement échoué en raison des tensions politiques et scientifiques. De retour sur les îles d’Auvergne, Imago Sekoya est enrôlé pour une mission… sur Mars – direction le tome 4 – qui est colonisée depuis l’année… 2020 (je vous JURE que je fais pas exprès de prendre des bouquins qui rappellent la situation actuelle).
Cette histoire en quatre tomes est particulièrement insolite, entre carnet de voyage fictif et BD. Les dessins sont superbes, les bonus insérés dans chaque tome sont magnifiques : grandes cartes à déplier de chaque continent, photos de Mars panoramiques à déplier… tout est fait pour que ce soit le plus réaliste possible. Je me souviens que lors de l’expo et de la conférence de l’auteur, il était particulièrement attaché à faire comme si tout ça était vrai, rendant un peu difficile les échanges avec les fans qui voulaient creuser la piste des inspirations et des coulisses de la création. Bref, je suis vraiment fière d’avoir ces 4 tomes sur mes étagères, ce sont de superbes objets, imaginés, créés en Auvergne.
Jiro Taniguchi – Un ciel radieux
J’ai vu il y a quelques années l’adaptation en téléfilm de cette BD de Jiro Taniguchi, portée par le jeune Léo Legrand, qui s’était déjà plus que distingué dans une autre formidable adaptation ciné de Taniguchi : Quartier Lointain. J’ai enfin lu la BD et comme toujours avec Taniguchi, c’est pas la franche rigolade. Il traite ici du du deuil, de la disparition brutale et tragique, du pardon… et si la façon de traiter le sujet prend la forme du récit de science-fiction, ce choix n’altère en rien la force et la sincérité du message, bien au contraire.
Zadig – tome 4
Ce magazine trimestriel est sorti fin 2019 mais comme c’est un pavé conséquent, je ne l’avais pas terminé. J’en suis venue à bout lors du confinement et c’est là encore une expérience intéressante car ce tome 4 est consacré à la religion en France : enquêtes, interviews, chiffres… Avant le confinement, je lisais tout ça avec mon détachement habituel vis-à-vis des religions et pendant le confinement, ça m’a exaspéré. Faut dire qu’il m’en faut pas beaucoup pour vriller, dès qu’il s’agit de religion, mais là, encore plus que d’habitude. Alors attention ! Le magazine est super intéressant, comme d’habitude, mais ce sujet m’horripile particulièrement.
A suivre…