Horizons 2017 – épisode 1/4

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Quelques mots d’introduction

Horizons, Arts nature dans le Sancy revient pour la 11e édition.

Du 24 juin au 24 septembre ce festival de land art se déploie une nouvelle fois dans les paysages merveilleux du massif du Sancy et si je devais qualifier cette sélection, je dirais qu’elle est profondément poétique et sensible. Probablement plus que les années précédentes, vraiment. Cette année, pas de prouesses mécaniques, d’installations complexes (en apparence, du moins), mais une quête de sens qui semble avoir habité chacun des artistes conviés.

J’ai eu le privilège, comme chaque année désormais, de participer au vernissage et cette fois-ci l’aventure s’est faite sur une journée et demie, Magalie – madame Horizons – ayant souhaité plus de temps de contemplation sur chaque site et elle a eu ô combien raison ! Mon récit aura lieu en quatre parties, chacune des œuvres et chacun des sites méritant une kyrielle de photos tant ils étaient somptueux. Et puis j’ai plein de trucs à dire, voilà.

***

La nature a-t-elle un prix // Jérémie Rigaudeau

Lac Chauvet 📍

Accès : facile, à proximité du parking

C’est en divaguant sur le site de l’artiste que je me suis rendu compte que j’avais déjà croisé l’une de ses œuvres ! C’était lors de la Biennale du design de Saint-Etienne en 2015, la chaise clonée (revoir ici). Jérémie Rigaudeau est un touche-à-tout qui explore toutes les formes d’expression artistique possibles. L’œuvre proposée pour Horizons est celle dont l’engagement est le plus visible, affirmé, le symbole saute aux yeux et pousse le visiteur à une inévitable réflexion. Un hêtre déraciné est ensaché dans un immense plastique où figure un code-barre ainsi qu’une étiquette avec un prix restant à fixer. Le message est clair et j’avoue qu’il rencontre une résonance particulière chez moi, moi la professionnelle du tourisme, tourisme dans une région où la nature est LE produit d’appel. On l’oublie souvent mais chaque mètre carré de nature parcouru à pied, à cheval et même en bateau à voile (coucou Prévert) est la propriété de quelqu’un. Agriculteur, particulier lambda, commune, association (coucou le CEN), État, et chacun est libre de fermer les accès, de monnayer le passage, de tomber tous les arbres pour les vendre. Non, la nature n’appartient pas à tout le monde, détrompez-vous. Si vous pensez que vous avez “le droit” de monter au sommet du puy de Côme, vous vous trompez et vous êtes des tas à le faire (je vous vois, sur Instagram, et je like PAS). Si vous pensez que vous pouvez vous baigner au lac Servières, vous vous plantez également (et franchement, vous n’avez pas peur… moi j’irais pas !). Bref, je digresse mais cette œuvre m’interpelle particulièrement. Dans le sachet on aurait pu y mettre une vache, c’est un peu pareil, car le bétail n’appartient plus à la nature mais à la longue liste des produits de consommation. Re-bref. Et cette œuvre est située en surplomb du splendide lac Chauvet, propriété privée donc. J’ai assisté, comme en écho à l’œuvre, à une petite scène entre deux visiteurs et le propriétaire de la maison au bord du lac. Les deux visiteurs ont voulu regagner le parking en enjambant la petite corde délimitant le terrain privatif de la maison, ils se sont faits éconduire vertement. Petite corde, sachet plastique, on délimite, on cloisonne, on morcelle, on exploite. (notez que le proprio a eu raison de les jeter, les gens ont décidément le vice de la transgression dans la peau)

Ce n’est pas l’œuvre la plus esthétique de la sélection (l’arbre étant condamné à se dégrader progressivement), mais c’est peut-être celle qu’il vous faudra voir en premier, avant de poursuivre votre visite, comme une mise en garde, un postulat à avoir toujours à l’esprit lorsqu’on se promène dans la nature.

http://jeremierigaudeau.fr

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Courte voie lactée // Marc Herblin

Chastreix 📍

Accès : facile, 10 mn de marche (montée)

Petit avertissement, le visuel des supports de communication n’est pas le reflet de la réalité de l’œuvre : point de pis géant. Ce n’est pas un oubli, c’était une façon pour l’artiste de mettre en scène son projet à base de… lait ! Connaissez-vous la pierre de lait ? Moi je suis tombée de l’arbre, je n’en avais jamais entendu parler auparavant. C’est un matériau naturel à base de lait donc (la caséine) et de formol, qui durcit et se prête à toutes sortes d’usages (décors, boutons, manches de couteau…). Marc Herblin a utilisé 250 litres de lait produits dans la ferme voisine pour réaliser cette pierre de lait qui recouvre une structure métallique dévalant ce lopin de terre qui surplombe Chastreix. L’œuvre fait ainsi corps avec son territoire, les habitants étant mis directement à contribution pour le festival. J’en profite pour dire que ce que j’aime dans ces vernissages, c’est de voir les artistes taper des high five (presque) avec les gens du cru, agriculteurs, élus, après plusieurs semaines à vivre et travailler à leurs côtés, à les engager largement dans le processus créatif. C’est aussi ça, Horizons Sancy, collaboration et respect entre des mondes qui n’étaient pas voués à se rencontrer et qui transpirent dans chacune des œuvres.

Difficile à photographier dans son intégralité, l’œuvre permet toutefois de s’amuser de ses formes rondes et géométriques, et de sa couleur vive.

www.trans305.org

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Tous les détails sur les œuvres et artistes sur www.horizons-sancy.com

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