Bon. N’y allons pas par quatre chemins, j’ai trouvé ma BD préférée. Ceci est le premier volume des aventures de ce super-héros très très particulier, sorti de l’imagination délirante de Pascal Jousselin. J’ai découvert ce dernier grâce à la planche qu’il a réalisée dans le recueil sorti à l’occasion des 60 ans de Gaston Lagaffe (relire mon article), qui était pourtant très différente de ce qu’il propose avec Imbattable.
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“Le seul véritable super-héros de bande dessinée”, voilà ce que nous apprend la quatrième de couverture. Un peu prétentieux non ? Non. Car c’est au sens propre. Les super-pouvoirs d’Imbattable ne peuvent se déployer QUE dans l’espace contraint d’une bande-dessinée, à savoir des pages recto-verso, des planches, des strips et des cases. Je m’explique… (et c’est pas simple à expliquer) : Imbattable peut se déplacer d’une case à l’autre, tomber dans la case du dessous, s’envoyer des objets depuis la dernière case en bas à droite jusqu’en haut de la planche. Il en résulte une rupture spatio-temporelle folle, une narration totalement déstructurée, qui pourtant arrive à se lire assez classiquement dans l’ordre mais après tout, libre à vous de commencer par la fin. Chaque histoire est donc un petit bonbon d’absurdité délicieuse, de poésie malicieuse, tout en étant minutieusement et logiquement construit. C’est jubilatoire de créativité, surprenant à chaque case, drôle à pleurer, d’une fraîcheur incroyable tant dans l’audace du concept que dans le ton et le graphisme pourtant très classiques des personnages. Imbattable est un petit bonhomme qui bèche son jardin, fait son repassage, et est habillé en permanence avec son costume de super-héros, même pour faire son marché ou aller manger chez sa mémé. Il doit régulièrement régler les problèmes de ses concitoyens, et notamment combattre un vieux scientifique qui veut détruire la ville. Pour couronner le tout, Imbattable n’est pas le seul à disposer de super-pouvoirs ! Il y a ce pépé furieux qui assomme tout le monde avec ses mots, littéralement, grâce aux bulles qui représentent les conversations dans la BD, il y a aussi ce stagiaire adolescent, Two-D (2D) qui a le don de jouer avec les perspectives mais qui maîtrise encore mal son art, et il y a Le Plaisantin, un malfrat dont le pouvoir consiste à traverser les pages et dont les méfaits s’apprécient recto-verso. Pascal Jousselin casse les codes de lecture et de narration avec un nombre incroyable de contraintes de mise en page et de scénario qui sont admirablement maîtrisées, ce qui fait de cet album un véritable objet ludique, allant même jusqu’à offrir une découpe spécifique du papier sur une planche, qui sert admirablement la narration (recto-verso). C’est d’ailleurs tellement compliqué à élaborer (du moins, il me semble) qu’il paraît difficile d’envisager une longue série des aventures d’Imbattable (initialement publiées dans le journal de Spirou) mais un deuxième volume est en route et sera disponible fin avril. Je trépigne d’impatience.
Je ne peux pas m’empêcher de me dire (et vous allez me trouver monomaniaque) que ce personnage est hautement Vialattesque. A la fois débonnaire, terre à terre, mais d’une absurdité poétique incroyable. Une de mes plus belles découvertes littéraires depuis… pfiou ! Tout ça. Au moins.
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c’est mortel !
@Toutouille : oui ! :D Vivement la suite !