J’ai entendu parler de ce projet il y a quelques jours, lors du festival Art’Air, en papotant avec Eva Rollin, une illustratrice qui était conviée à suivre le festival : un projet de street art éphémère dans le foyer Clair Matin voué à destruction, par quelques pensionnaires du lieu. Bon, très bien, bonne idée. Mais j’étais loin d’imaginer à quoi ressemblerait le résultat final.
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C’est donc aujourd’hui (le 20 septembre, ça faisait longtemps que ça m’était pas arrivé de pondre un article le jour-même d’un événement dis donc) qu’avait lieu le vernissage, lançant l’exposition qui dure jusqu’au… 27 septembre (d’où mon empressement, vois-tu) [edit du 21/09 : c’est prolongé jusqu’au 4 octobre]. Car après, tout tombe, les murs et les belles œuvres avec. Et ça me fend le cœur pfff. J’avais vu passer quelques photos des “travaux” sur Facebook mais sans trop m’y attarder, pour me garder un peu de surprise, je savais que ça allait être beau, mais je n’imaginais pas que tous les espaces, tous les murs, avaient été exploités et avec autant de talent et de soin. Un boulot de malade en un temps record.
Outre les jeunes pensionnaires du foyer, ce sont des pointures locales du graff qui ont investi les lieux : Deft, Epok, Eva Rollin, Keymi, Lilooy, Maureen, Motte, Repy, Sirob, Snake2 et Waro. Ça m’a rappelé le fameux hôtel 128 à Street Art City dans l’Allier près de Moulins (relire mon article), où chaque chambre est offerte à un artiste différent pour qu’il puisse s’y exprimer en toute liberté. Pareil au Clair Matin, chaque chambre possède un univers qui lui est propre et même les couloirs et escaliers ont été décorés. Que ce soit abstrait ou figuratif, ambiance pop ou science-fiction, rêveuse ou cauchemardesque, j’adore cette façon d’exploiter les volumes, les perspectives, les meubles qui restent… Keymi a carrément fait une installation lumineuse dans un couloir, Eva a carrément meublé et décoré sa chambre avec toutes sortes d’objets seventies pop, en accord avec ses splendides femmes sur les murs (par contre, Eva, t’as hérité de la pire chambre à photographier…grrr). J’ai découvert le foyer de jour, puis de nuit, après un passage par l’apéro dans le jardin, et l’ambiance était différente, les jeux de lumières plus puissants, et j’avoue avoir eu du mal à partir, tant je craignais d’avoir loupé certains détails. Le street art est un art qui bouleverse les habitudes en la matière : une oeuvre, on la conserve, on la met sous cloche, on l’expose avec soin. Les graff, leur avenir est plus incertain. En tout cas, on sait, l’artiste sait qu’un jour, plus ou moins lointain, l’oeuvre disparaîtra, effacée, recouverte, ou son support détruit. Et dans le cas des œuvres du Clair Matin, compte tenu de leur qualité d’exécution et de l’ampleur du projet, leur destruction prochaine (très très prochaine) me fait mal au bide, vraiment. Merde quoi ! Ils viennent juste de terminer, c’est limite sec ! Ça oblige à prendre des dizaines de photos compulsivement, sous tous les angles, mais le puzzle n’égalera jamais la force des visages, des couleurs, des univers juxtaposés que l’on ressent en parcourant le lieu. Chapeau, bravo, et merci à tous ces artistes pour le temps et la passion qu’ils ont investis ici, et bravo aussi à l’équipe du Clair Matin pour avoir permis cette parenthèse poétique avant les pelleteuses.
Bref, vous l’avez compris, allez voir ça de plus près, au plus vite.
En savoir + www.endtoend.fr/site/exposition-graff-in (vidéo time-lapse du travail et reportage France 3 à voir absolument)
Foyer Clair Matin
14 Ter Avenue De Villars, 63400 Chamalières
Du 20 au 22 septembre : 10h-19h
Du 23 au 4 octobre : 17h-19h
