Henry D. Thoreau – Essais

Après la lecture enthousiasmante de Walden, de Henry D. Thoreau, il y a quelques mois, j’ai voulu explorer un peu plus loin son oeuvre avec quatre courts essais.

Marcher & Une promenade en hiver

Dans Marcher, Thoreau commence par un éloge de la marche, et de la nécessité de contempler jour après jour la nature qui nous entoure. L’essai dérive lentement vers des considérations plus générales sur la vie et la société, et surtout la nature, qu’il met au centre de tout.

Dans Une promenade en hiver, rédigé à la demande de son mentor Emerson, c’est une ode à l’hiver comme j’en ai rarement (jamais ?) lu auparavant. Dans une nature recouverte de neige, Thoreau arrive à nous décrire un monde bruissant, somnolent, mais puissant et surprenant de vigueur et de beauté. La ronde des saisons, les cycles de la vie sont une source d’émerveillement permanent pour qui veut bien se donner la peine de prendre le temps pour observer, écouter, ressentir. 

Décidément, Thoreau n’imaginait pas à quel point ses idées seraient bouleversantes de modernité au XXIe siècle. 

“La mésange à tête noir et la sittelle sont d’une compagnie bien plus vivifiante que celle des hommes d’Etat ou des philosophes ; au retour, on va considérer ces derniers comme de bien piètres compagnons.”

Les pommes sauvages & La vie sans principe

Les pommes sauvages est un essai à la fois engagé et éminemment poétique. Thoreau, au cours de ses nombreuses marches dans la nature, a eu le temps de contempler les plantes, les arbres et notamment les pommiers sauvages. Les pommes sont depuis longtemps exploitées en vergers, composés de variétés créées par la main de l’homme avec des croisements divers pour arriver à un goût qui contente le plus grand nombre, un goût sucré, fade. Les variétés sauvages sont ignorées, détruites et Thoreau prophétise leur disparition totale. Rappelons que Thoreau a vécu au milieu du XIXe siècle et qu’il avait, déjà, une vision extrêmement moderne de la consommation de masse et des goûts standardisés. S’il voyait la gueule de nos fruits et légumes, de nos céréales… Bref. Dans cet essai il nous parle de la croissance des pommiers sauvages, de leur lutte contre les vaches qui broutent leurs branches, de leurs fruits aux formes et couleurs variées, de leur saveur aigre… et il nous parle de nous, de l’être humain, qui doit devant ces cadeaux de la nature observer une attitude respectueuse et bienveillante. La pomme, qui aura tant fait parler d’elle au cours de l’humanité, est un trésor “à consommer dans le vent”.  Et cette remarque (voire citation ci-dessous) me parle particulièrement parce que c’est ce que je ressens non pas avec les pommes, mais avec les mûres, d’une saveur exquise lorsque ramassées lors d’une randonnée, mais insipide une fois mangées à la maison.

“Mais, fait étonnant, la pomme sauvage dont je loue la saveur ardente et corsée quand elle est mangée dans les champes ou les bois, cette même pomme rapportée à la maison est souvent âcre et acide au goût. La “Pomme du flâneur”, le flâneur lui-même ne peut pas la manger chez lui. Là, le palais la rejette comme il rejette les cenelles et les glands, et il en exige une plus civilisée, car, dans la maison, il n’a pas l’air de novembre ; il manque donc la sauce à laquelle il convient de l’accommoder.[…] Il faudrait étiqueter ainsi certaines de ces pommes : “à consommer dans le vent””.

La vie sans principe est tiré d’une conférence, que Thoreau a beaucoup donnée lors de son retour de Walden. Il y revient sur l’aliénation au travail, sur cette course effrénée au profit, et là encore, le parallèle avec nos vies contemporaines est saisissant de vérité. Il y a même certaines phrases que je jurerais avoir lues sur LinkedIn ahah : “N’embauchez pas celui qui travaille pour de l’argent, mais celui qui aime son métier”. Attention toutefois au contresens, l’idéal de Thoreau reste une vie où l’obligation de travailler n’a pas lieu d’être, où la frugalité en toute chose doit être un précepte de vie. 

“Les différentes façons dont la plupart des hommes gagnent leur vie, c’est-à-dire, vivent, ne sont que des pis-aller, une manière de se soustraire à la véritable affaire de l’existence, essentiellement parce que leurs connaissances sont limitées, mais en partie parce que leurs objectifs sont inexistants”. 

“Vraiment, voir chaque jour le soleil se lever ou descendre à l’horizon, être ainsi relié à un fait universel, c’est préserver sa santé pour toujours”. 

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