Je suis fan de Cyril Pedrosa. C’est dit. Mais vous le saviez déjà. Je l’avais découvert avec les deux tomes d’Autobio, deux albums humoristiques sur le mode de vie des écolos. J’avais ensuite découvert un tout autre univers avec Trois ombres, une fable extrêmement sombre sur la perte d’un enfant. J’ai donc évidemment craqué devant cette superbe édition que sont Les équinoxes. Bon alors juste une remarque : j’aime les livres en papier, vraiment, mais là un tel pavé c’est juste l’enfer à lire quand on est dans son canapé ou son lit. Mais ! Mais c’est un magnifique ouvrage, il faut le reconnaître.
Les équinoxes ce sont des vies parallèles qui suivent chacune leur trajectoire au fil des saisons. Nous faisons irruption dans la vie de personnages et découvrons, un peu voyeurs, leurs souffrances intimes, leurs combats quotidiens, leurs contradictions et leur part lumineuse d’humanité. Pas de lien entre eux, ou presque, ils se suivent et se ressemblent terriblement, dans leur désir de donner un sens à leur vie, de trouver les clés vers un bonheur qui semble vouloir leur échapper. Sur leur chemin ils croisent des êtres bienveillants, des amis, mais aussi beaucoup d’incompréhension et de souffrance. Chacun à leur manière, ils avancent vers une forme de délivrance.
Entre ces portraits… d’autres portraits. Au début de chaque saison (le livre est découpé en quatre saisons), un personnage, perdu dans la nature, en quête de ses semblables. Graphiquement très différent du reste, ce fil rouge au graphisme épuré nous rappelle que nous sommes souvent seuls face aux épreuves de la vie, mais qu’il ne faut jamais perdre espoir. Et entre les vies parallèles, des portraits. Photo prise sur le vif par une inconnue, et qui révèle tout à coup la vérité sombre d’un personnage, qui nous est raconté par un texte, et non des planches de dessins. Si j’adore l’univers de Pedrosa pour son graphisme, sa sensibilité, ses engagements politiques, j’ai été emportée par ces portraits « écrits », respirations profondes et introspectives, étouffantes parfois mais terriblement justes.
Et graphiquement… à chaque saison ses couleurs et son style… un véritable régal à chaque page.
“Pourquoi faut-il porter sa vie avec soi comme un spectacle éphémère et invisible aux autres ?”
Collection AIRE LIBRE / Dupuis