Le festival Art’Air, voilà plusieurs années que je vous en parle, car j’y participe en tant que randonneuse fan de ce concept qui mêle activité de pleine nature et culture sous toutes ses formes. En gros : on randonne environ 20 km et sur le parcours, on croise un concert, une ou plusieurs œuvres d’art, un bon repas, une mini-conférence de spécialiste du territoire… bref, on prend un grand bol d’air, on s’amuse, on s’instruit, on rêve, on se régale… que demander de plus ? Rebelote le lendemain et ainsi sur quatre jours pour les plus motivés.
(34 photos à la fin de l’article)
Devenir bénévole
Cette année, j’ai été sollicitée par l’organisation pour participer au choix des artistes plasticiens invités à exposer sur les différents parcours. Nous avons reçu plusieurs candidatures, les avons étudiées, j’ai même participé à deux repérages de randonnées au mois de mai (relire mon article) et ma contribution aurait pu s’arrêter là. Mais j’ai souhaité aller jusqu’au bout de l’aventure et me suis engagée comme bénévole du 11 au 15 juillet dernier, afin de voir se concrétiser les projets que nous avions retenus.
C’est ainsi que quelques jours avant le début du festival, j’ai reçu mon planning. J’ai été affectée à l’accompagnement de l’artiste plasticienne clermontoise Valérie Brunel dans l’installation de son œuvre sur le parcours du 14 juillet, ce qui représentait tout de même un jour et demi de boulot. Mais j’y reviendrai… dans un autre article car cette belle aventure le mérite bien. Comme j’étais disponible les autres jours, on m’a proposé de participer à l’accompagnement de la première randonnée, qui se déroulait du lac Servières à La Bourboule. Évidemment j’ai dit oui !
Accompagner une randonnée de 18 km
Pour chaque randonnée, il faut cinq accompagnateurs. En tête de cortège : Dominique. Grand marcheur, bénévole du festival depuis des années, il a participé à tous les repérages, au balisage, et connaît les parcours jusqu’au moindre caillou. En fin de cortège, en voiture balai, il y a François, lui aussi un bénévole habitué du festival, qui non content de fermer la marche et de retirer le balisage (gros boulot) s’attache à prendre de superbes photos (la plupart de celles que vous voyez dans les publications Facebook du festival). Au milieu, il y a deux accompagnateurs professionnels et cette année c’étaient Fabrice et Jean-Baptiste d’Auvergn’Attitude. Fabrice je vous en ai déjà parlé il y a quelques années car j’avais participé avec lui et sa compagne Solène à une marche Qi-qong dans le parc de Chadieu (relire mon article). Et puis il y a moi, bénévole motivée, inexpérimentée mais pourvue d’un talkie-walkie au cas où je me perde quelqu’un soit en difficulté. Ce statut prestigieux et mon beau t-shirt aux couleurs de l’édition 2018 du festival m’ont permis de lier facilement des discussions avec les randonneurs du jour. J’ai pu certes étaler ma science auvergnate mais aussi me renseigner sur ces randonneurs, surprise de constater leur diversité géographique, certains inscrits uniquement pour cette journée, d’autres embarqués pour les cinq jours du festival. On va pas se mentir, écouter des touristes (ou des locaux) vanter la beauté de l’Auvergne, les voir se réjouir du beau moment qu’ils étaient en train de vivre et partager cet émerveillement avec eux… m’a permis de recharger mes batteries de pro du tourisme quelque peu siphonnées par un abus de virtualité. Évidemment tout s’est bien passé, il n’y a pas eu d’incident donc autant dire que le “travail” n’en a pas été un, bien au contraire. Que du bonheur !
Une randonnée panoramique et pleine de surprises
Nous sommes donc partis de La Bourboule en bus (nouveauté cette année, car avant on revenait en bus) pour rejoindre le lac Servières où nous attendait le premier intervenant de la journée : Laurent Rieutort. Ce professeur-chercheur en géographie, je l’avais rencontré lors du Cheese Festival, au cours d’un atelier consacré aux fromages de Lozère (tiens tiens (j’y reviendrai bientôt, à la Lozère)) et je l’avais trouvé passionnant. J’ai soufflé son nom à Art’Air et voilà, il est venu nous parler de ces mystérieuses structures en peigne sur les flancs du lac Servières. Vus du plancher des vaches, ce sont de gros trous un peu pénibles à contourner lorsqu’on randonne. Vus du ciel, ce sont des alignements réguliers de poinçons, comme si on avait planté les dents d’un peigne. Ces trous sont les vestiges d’anciens burons datant du Moyen-Âge, pour le peu qu’on en sait car il ne reste aucun vestige archéologique, à part ces trous. Ces tras. On suppose qu’ils servaient à fabriquer, voire stocker le fromage pendant l’estive, le secteur étant l’endroit où étaient regroupés les troupeaux des gros éleveurs du coin. D’autres hypothèses ont été avancées sans grand succès. Nous reverrons un tra au cours de notre randonnée, beaucoup plus concret.
Nous avons laissé Laurent Rieutort au Servières pour continuer notre route qui ne faisait que commencer, et avec une belle côte bien raide, au milieu des gentianes. Alors je risque de me répéter dans les lignes suivantes mais cette randonnée était fabuleuse en termes de panoramas, on en a vraiment pris plein les yeux. Un superbe sentier en balcon nous a amenés à une vue plongeante sur les roches Tuilière et Sanadoire et sur le lac de Guéry, notre objectif de la journée numéro 2.
Au bord du lac nous attendait Katia, l’artiste de Plume Créations, avec ses oiseaux fantastiques sculptés avec du papier, prouesses de patience et de délicatesse. Je n’ai pas passé autant de temps que j’aurais voulu à discuter avec elle car nous étions en retard sur le programme et le ravitaillement nous attendait quelques centaines de mètres plus haut. Comme d’habitude avec Art’Air, les repas sont à eux-seuls une attraction majeure des randonnées. Entrées froides, plats chauds, fromages d’Auvergne, pain artisanal, desserts de L’Armoire à Cuillères… difficile de ne pas goûter à tout, au risque de ne plus pouvoir décoller ensuite. Mais c’était une gentille balade digestive et hautement panoramique (ce troupeau de salers dans le lointain… <3) qui nous attendait, pour rejoindre le lieu du spectacle de Patrice de Bénédetti “Jean, solo pour un monument aux morts”. Ce spectacle, mi-danse mi-théâtre de rue est d’habitude joué devant les monuments aux morts car il s’agit-là d’un hommage aux soldats, aux ouvriers, à Jaurès, à tous ceux qui sont tombés à la guerre. Une offrande au chapeau a permis à ceux qui le souhaitaient de repartir avec le texte intégral, aussi tendre que poignant.
Le sentier nous a ensuite menés au pied de la banne d’Ordanche, que nous avons gravie pour contempler le panorama spectaculaire sur le Sancy avant de redescendre vers l’oeuvre Horizons Arts Nature “Les sapins”, de l’artiste français Boris Chouvellon. Guillaume Rochon, responsable du projet Horizons, nous y attendait pour nous livrer quelques explications sur ces grands arbres géométriques plantés le long de la route. En chemin vers Murat-le-Quaire, nous sommes tombés sur cette reconstitution d’un tra, dont je vous parlais plus haut. Elle est le fruit d’un travail de longue haleine mené par de nombreux bénévoles, dont Auvergn’attitude (quelques infos sur le projet sont disponibles sur leur site web). A Murat-le-Quaire, j’ai dit au revoir à un couple de Normands en séjour depuis quelques jours au camping du village et venus pour cette première journée de festival (ce qu’ils aiment en Auvergne ? La verdure, le fromage, et le sunset de la veille depuis leur camping (revenez quand vous voulez <3)). Puis nous avons entamé la descente vers La Bourboule, où nous attendait un dernier ravito pour reprendre quelques forces même si franchement, je n’ai pas senti passer ces 18 km.
J’ai profité d’une navette pour La Tour d’Auvergne, où les bénévoles étaient logés (dans l’internat du collège) pour aller prendre une douche avant de revenir déguster l’aligot et le cochon à la broche servis sur la place tandis que le groupe Pixvae se produisait sur la scène éphémère. J’avoue ne pas avoir vu la fin du concert, une nouvelle navette m’a ramenée vers mon petit matelas et mon sac de couchage. Entre cette journée pleine d’émotions et de kilomètres et celle du lendemain, non moins éprouvante, qui m’attendait… c’était plus sage. To be continued !
On vous donne rendez-vous en septembre pour la session urbaine à Royat !














