Hikari (vers la lumière)

Le titre officiel français c’est “Vers la lumière” mais comme je l’expliquerai plus loin, Hikari c’est mieux. Évidemment si vous lisez ce blog régulièrement vous savez pourquoi. Il y a déjà un article intitulé Hikari sur ces pages, il est consacré à ma minette adorée qui m’a quittée en mars dernier. Hikari signifie “lumière” en japonais, je lui avais donné ce nom en raison d’une tâche claire sur un œil, comme un rai de lumière. Je l’ai adoptée en septembre 2009, et j’ai fait un séjour au Japon en octobre de cette même année. Bref. Pardon pour cette parenthèse, elle peut aussi peut-être contribuer à expliquer pourquoi ce film m’a beaucoup touchée.

hikarifilmNaomi Kawase, la réalisatrice, revient avec ce film lumineux, après les non moins brillants “Délices de Tokyo (AN)”, et nous bouleverse une fois de plus. D’ailleurs, ces deux films sont intimement liés, AN ayant donné l’idée d’Hikari à la réalisatrice alors qu’elle découvrait le travail minutieux des audiodescripteurs.

Misako est une jeune femme consciencieuse qui écrit les textes d’audiodescription pour les malvoyants. Au cours des comités d’écoute où sont conviés plusieurs malvoyants cinéphiles, elle doit recevoir leurs critiques sur ses erreurs de vocabulaire ou d’interprétation, afin d’arriver à un résultat qui soit à la fois agréable à entendre et au plus près des émotions portées par le film. L’une de ces personnes est M. Nakamori, un photographe talentueux qui est en train de perdre irrémédiablement la vue. Ses remarques sont lapidaires, cinglantes, et touchent profondément la pauvre Misako, qui est elle-même fragilisée par une situation familiale compliquée : sa mère perd la tête et nécessite une attention constante. La mémoire, ce qui reste, ce qu’on garde, est au cœur de cette histoire. La persistance rétinienne, la photosensibilité de la pellicule… essayer de ne rien perdre de vue, au sens propre.

Naomi Kawase a de nouveau fait appel à Masatoshi Nagase, des Délices de Tokyo, pour incarner ce photographe effondré. Et on découvre Ayame Misaki, dans le rôle de Misako, jeune femme d’une beauté incroyable et au visage à l’expressivité ultra-sensible. Il le fallait, tant les cadrages sont intransigeants. A l’instar de Nakamori qui doit approcher les objets au plus près de ses yeux presque hors d’usage, nous avançons nous aussi dans l’image jusqu’à discerner avec précision le grain de peau, les imperfections, les veinules dans les yeux, les larmes en formation. Naomi Kawase nous oblige à regarder, tant que nous en sommes capables, à prendre le temps de détailler. Nous sommes, jusqu’à la dernière image, des “spectaCteurs” de ce film, qui nous parle de cinéma, de regard, d’émotions, de fugacité du temps et des bonheurs simples de l’existence.

Maïko, de l’association JANA (Japon Auvergne – Nippon Auvergne) a regretté que le titre du film ait été traduit par “Vers la lumière”. Et moi aussi. Avant de finalement nuancer mon opinion ! Pourquoi rajouter ces deux mots ? “Lumière” aurait suffi, assurément. “Vers” implique un mouvement, une action délibérée. Or j’ai plutôt l’impression que les deux protagonistes la reçoivent, la lumière, elle vient vers eux spontanément, même si en effet, ils la cherchent tous les deux. Bref, elle est là, et ce depuis le début, il suffit juste d’en prendre conscience. Donc oui, ce titre français est à la limite du contresens, mais en y réfléchissant… je me suis dit que la personne qui l’avait trouvé était une Misako, que cette traduction était sans doute la conséquence d’une interprétation personnelle, un peu biaisée, subjectivement recevable. Comment lui en vouloir ? Bon… je ne suis pas totalement naïve non plus, je sais que les titres et notamment les traductions répondent avant tout à des impératifs commerciaux. Mais je préfère faire comme si ce titre était une maladresse, touchante à sa façon.

Hikari est un film profondément cinématographique, sur le fond comme sur  la forme. Jusqu’à sa dernière image, qui est une sublime mise en abyme. Parce que “lumière”, c’est aussi une référence puissante au cinéma, à la photo. Et inutile de vous dire que ce film de Naomi Kawase est un bijou de lumière, de bokeh, de cadrages comme des tableaux, de reflets de particules lumineuses jusque dans les pores de la peau de Misako et Masaya Nakamori. J’ai pris conscience de la richesse du métier d’audiodescripteur, de son importance et de sa poésie (ça embauche dans ce secteur ? c’est pour une amie…). 

Ce film est une co-production franco-japonaise et on retrouve notamment Ibrahim Maalouf pour la musique, qui livre une partition de piano extrêmement délicate et envoûtante, en parfaite harmonie avec la douceur des images. 

 

Maïko et Tetsuya de l’association JANA, Sébastien de Radio Campus et Joan, pâtissier fan de Japon, nous avaient préparé une bien belle soirée pour fêter le nouvel an. Tetsuya a réalisé un chien en papier du Moulin Richard de Bas, car c’est l’année du chien, mais ce n’est pas n’importe quel chien c’est Hachiko, le fameux chien dont la fidélité à son maître mort a tellement ému les Japonais qu’ils lui ont érigé une statue à Shibuya. Joan avait réalisé un “mochibana”, une décoration traditionnelle pour le nouvel an, ainsi que des dango mochis (brochette), pâtisserie que les Japonais dégustent en famille pour cet événement. De la farine de riz gluant, du sucre et de l’eau, rien de très technique dans la réalisation et bon… j’avoue, je ne suis pas fan de la texture, ni du goût, d’ailleurs. Bref, je préfère largement la pâte de haricot rouge^^ Jona avait réalisé de succulents dorayakis à l’occasion du film Les délices de Tokyo. Merci aux Ambiances, à Maïko et Tetsuya, à Joan et Sébastien pour l’organisation de cette belle soirée !

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